Amadou Sadjo Barry, professeur de philosophie au Canada : ‘’la Guinée n’a jamais connu de problèmes constitutionnels’’
Le Conseil national de la transition (CNT), sous la houlette du son président Dansa Kourouma, organise depuis mardi un symposium sur le constitutionnalisme. Objectif, permettre à ses membres d’acquérir des bases fondamentales du constitutionnalisme pour l’écriture du projet de la nouvelle constitution guinéenne.
Pour le professeur de philosophie Amadou Sadjo Barry, ‘’la Guinée n’a jamais connu de problèmes constitutionnels ayant conduit à des violences meurtrières. Les conflits et violences autour des élections en Guinée ont été liés à l’arbitraire et à l’autoritarisme du pouvoir exécutif ».
Alors que Conakry abrite depuis ce mardi 21 mars un symposium sur le constitutionnalisme, cet enseignant-chercheur assure que ‘’le problème de la Guinée, depuis Sékou Touré, est la nature du pouvoir et surtout le comportement des hommes et femmes qui ont gouverné le pays’’.
Pour illustrer ses propos, il fait remarquer que ‘’la transition du CNRD vient confirmer, malheureusement, que la nouvelle génération est aussi traversée par les logiques de l’arbitraire et de l’excès, adhère à la conception de la gouvernance comme accès aux privilèges et insertion dans les réseaux d’enrichissement’’.
Depuis l’étranger, il déclare qu’en Guinée, ‘’certains juristes et constitutionnalistes guinéens ont largement contribué à l’instrumentalisation de la constitution pour maintenir au pouvoir des régimes violents et autoritaires’’ avant d’insister sur le fait que’’c’est moins la constitution que le comportement des hommes qui pose problème’’.
A ses yeux, ‘’l’actuel CNT esquive les questions fondamentales de l’indiscipline du pouvoir exécutif et sa violence intrinsèque’’, tout en rappelant que ‘’la Charte de la transition reconduit un extraordinaire pouvoir présidentiel, et que toutes les orientations et décisions stratégiques sont données par le CNRD , où se concentre la totalité des pouvoirs. Dans ce contexte, c’est même le rôle réel du CNT qu’il faut questionner’’.
Amadou Sadjo Barry constate par ailleurs que ‘’Dansa Kourouma et la commission juridique du CNT ont visiblement fait un diagnostic de la situation politique qui va dans le sens voulu par le CNRD, à savoir que le problème a été la constitution et le fichier électoral’’.
‘’Et les questions du respect et de l’application des lois et des règles du jeu démocratique, est-ce un problème de constitution ou de l’éthique des hommes au pouvoir ?’’, cherche-t-il à savoir, ajoutant qu’aujourd’hui, ‘’notre problème n’est pas le colonel Doumbouya, mais ceux qui l’accompagnent à renforcer une culture politique autoritaire et dictatoriale, à maintenir la Guinée dans l’abîme. Chaque espoir en Guinée a été le point de départ de nouveaux malheurs’’.
Il estime qu’il est temps que la jeunesse guinéenne interroge sa ‘’volonté de changement et sa capacité à faire émerger une nouvelle conception du politique et à favoriser des pratiques démocratiques du pouvoir. Du moins, pour ne pas confondre la démocratie comme forme de gouvernance de la société et l’arbitraire des volontés humaines’’.
Basé à Montréal, Dr Amadou Sadjo Barry est auteur du livre « Rupture, essai sur la fondation politique de la Guinée ». Son second ouvrage sur l’identité, la diversité culturelle et la tolérance paraitra le 12 avril prochain au Québec.
Pathé BAH, pour VisionGuinee.Info
00224 621 77 38 52/bahpathe17@gmail.com
In. https://www.visionguinee.info/amadou-sadjo-barry-professeur-de-philosophie-au-canada-la-guinee-na-jamais-connu-de-problemes-constitutionnels/
Nouvelles de l’Université de Montréal parle du Professeur Amadou Sadjo Barry dans https://guinafnews.org/amadou-sadjo-barry-repenser-lafrique/