Amnesty international écrit au Ministre Charles Wright, en mettant en copie Mélanie Jolie du Canada
Monsieur le Ministre,
Je vous écris pour vous faire part de mes inquiétudes au sujet de trois militants, Oumar Sylla, Ibrahima Diallo et Saïkou Yaya Barry, qui font l’objet de poursuites pour avoir simplement exercé de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression et de réunion.
En dépit d’une interdiction nationale générale visant toutes les manifestations « susceptibles de troubler la paix sociale », le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) a organisé, le 28 juillet, une manifestation pour dénoncer la gestion unilatérale, par les autorités, de la transition politique qui a fait suite au coup d’État de septembre 2021. Des violences ont éclaté entre les forces de défense et de sécurité et les manifestant·e·s. Selon les autorités, cinq personnes sont mortes et plusieurs ont été arrêtées.
Le 29 juillet, une procédure juridique a été engagée à l’encontre d’Oumar Sylla et Ibrahima Diallo, dirigeants du FNDC, et de Saïkou Yaya Barry, secrétaire général de l’Union des forces républicaines, qui a contribué à l’effort de mobilisation concernant la manifestation du 28 juillet, pour « manifestation illégale, destruction de bâtiments publics et privés, incitation, agression et coups et blessures, pillage et incendie volontaire, obstruction au droit de circuler librement et complicité ». Les trois hommes ont été arrêtées le 30 juillet. Le 12 octobre, Saïkou Yaya Barry a été libéré à titre provisoire sous contrôle judiciaire car son état de santé s’était dégradé en détention ; il a été évacué vers Tunis pour y recevoir des soins médicaux. Oumar Sylla et Ibrahima Diallo, qui n’étaient pas non plus en bonne santé, ont été évacués vers l’hôpital Ignace Deen de Conakry, en août et septembre, respectivement, pour y être soignés.
Le 7 novembre, Ibrahima Diallo et Oumar Sylla ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention et réclamer que leur procès, dont la date n’a pas encore été fixée, soit équitable et rapide. Le jour même, le procureur du tribunal de Dixinn, à Conakry, a rendu une « ordonnance de rejet partiel des charges et de saisine du tribunal pénal ». Les charges retenues contre les trois militants ont ensuite été requalifiées en « participation à une manifestation illégale, complicité de destruction de biens publics et privés, complicité d’agression et coups et blessures ». Le 15 novembre, Ibrahima Diallo et Oumar Sylla ont suspendu leur grève de la faim.
Amnistie Internationale a rappelé que la population guinéenne avait le droit d’exprimer ses opinions, y compris par des manifestations pacifiques, conformément aux obligations et engagements internationaux contractés par le pays en matière de droits humains. Le 30 mai 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a déclaré que l’interdiction des manifestations imposée par les autorités constituait une violation des obligations de la Guinée au regard des droits humains.
Je vous prie instamment de faire en sorte que toutes les charges retenues soient abandonnées immédiatement, et qu’Oumar Sylla et Ibrahima Diallo soient libérés.
En attendant, je vous demande de veiller à ce que ceux-ci aient accès rapidement à des soins médicaux réguliers, selon que de besoin.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma haute considération.
APPELS À
Me Alphonse Charles Wright
Ministre de la Justice
Rue KA 003 – Almamya, Commune de Kaloum
BP 564, Conakry, Guinée
Courriel: charlesalphonsew14@gmail.com
COPIES À
Mélanie Joly
Ministre des Affaires étrangères
111, rue Wellington
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Aucun timbre requis
Courriel: melanie.joly@parl.gc.ca