« Aujourd’hui, la Guinée montre le visage d’une nation en panne, pour certains ou en faillite pour d’autres ». (A. Kemo)
Le 2 octobre 2022, la République de Guinée célèbrera les 64 ans de son accession à la souveraineté nationale. C’est un âge mûr, voire un statut de décanat dans la vie d’une nation, qui fut pionnière des indépendances en Afrique Sub-Saharienne.
La résistance armée contre la conquête coloniale menée par l’Almamy Samory Touré, l’Almamy Bokar Biro, Zegbela Togba… se réincarna plus tard dans la lutte politique, conduite par Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo, Barry Diawadou…
De braves et vaillants filles et fils de ce pays se sont donné la main, sans considérations partisane, ethnique ou tribaliste, pour mener leurs frères et sœurs sur la longue marche vers l’affranchissement du joug colonial.
Leur lutte fut laborieuse et héroïque pour aboutir, le 28 septembre 1958, à un retentissant Non à la servitude, Non à la domination et Non à l’esclavage, qui avaient transformé la terre de leurs ancêtres en territoire assujetti et dépouillé de son âme.
Le courage et l’audace du peuple uni de Guinée, face à la puissance colonisatrice resteront à jamais le signe avant-coureur, qui indiqua le chemin aux autres peuples africains, pour se défaire des menottes de l’impérialisme français à cette époque.
Ainsi, la proclamation de l’indépendance nationale Guinéenne, sonna le début de la fin des principales entités de l’empire colonial français, à savoir l’AOF et l’AEF sur le sol africain.
Alors, notre jeune Etat et son leadership forçaient l’admiration, en étant un véritable fer de lance de l’émancipation des peuples opprimés qui luttaient pour leur liberté.
Cependant, le chemin parcouru depuis le 2 octobre 1958 n’est pas reluisant et donne un constat d’échec presque global. Le cheminement tortueux de la Guinée est un cas particulier de gestion post indépendance d’un pays, présentant plusieurs stigmates du rêve brisé, d’un peuple qui aspirait grandeur, paix, prospérité, justice, unité…
Aujourd’hui, la Guinée montre le visage d’une nation en panne, pour certains ou en faillite pour d’autres.
L’instabilité caractérisée par d’incessants changements anticonstitutionnels, de coups d’Etat, de dictature, d’autocratie, de crises sociopolitiques, et de mal gouvernance a fini par faire de la Guinée, un pays qui a déçu et qui n’inspire plus.
Au lieu d’avancer en porte-flambeau, d’un espoir de renouveau Africain, la Guinée a reculé, pour tomber dans le fossé des Républiques bananières.
Une fois encore, dans la vie de la Guinée dite souveraine; l’anniversaire de son indépendance se déroulera avec une particularité devenue légendaire et habituelle aux yeux du monde.
Cette année encore, c’est un pays dépourvu de président élu, dépourvu de parlement élu, dépourvu de légitimes institutions républicaines, dépourvu de vision et d’orientation socioéconomiques viables, qui viendra exhiber une soit disant fierté d’avoir choisi « la liberté dans la pauvreté, qu’à la richesse dans l’esclavage ». Une aberration qui a façonné la mentalité et la marche à reculons, d’un peuple qui tarde a mettre fin aux échecs récurrents et aux rendez vous ratés.
En 2022, c’est un militaire, autoproclamé président, qui nous prononcera un discours à la nation, nous promettant monts et merveilles, nous présentant sa boussole sensée nous mener vers la terre promise et en nous embarquant dans son navire de la refondation. Comme toujours, nous acclamerons, nous chanterons, nous danserons…pour montrer notre « amour » à la nation, malgré les souffrances continues.
En attendant d’étaler un bilan plus qualitatif de la « souveraineté assumée », tachons, cette fois ci, d’honorer cette Guinée meurtrie, en mettant fin aux cycles chaotiques des transitions répétitives.
Relevons ensemble le défi pour faire de la Guinée, ce qu’elle mérite d’être.
Joyeux anniversaire.