Bogola Haba: «nous n’avons pas intérêt d’aller au-delà des 24 mois de transition»
Comme annoncé plus tôt dans notre rubrique « Analyse & Opinions » (1) suivant la publication signée par M. Keamou Bogola HABA, coordinateur du FNDT, nous avons jugé nécessaire de publier l’interview qu’il avait accordée en mars dernier à guinee360.com (2). Ce qui nous permettra, demain, de faire nos commentaires sur le non respect possible du chronogramme de la transition. Nous avons échangé avec l’intéressé il y a quelques heures. Il devait nous rappeler, mais…
Dans cette interview, le coordinateur du Front national pour la défense de la transition (FNDT) désapprouve les manifestations qui, selon lui, sont inopportunes. Keamou Bogola Haba accuse l’ancien président, Alpha Condé, les présidents de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, et de l’UFR, Sidya Touré de manipuler les citoyens à l’effet de déstabiliser la transition. Cet ancien membre de l’ANAD, devenu soutien “inconditionnel” du CNRD, pense que les leaders des Forces vives ne doivent pas rester à l’étranger pour narguer la justice guinéenne.
Guinee360.com : Le Premier ministre, Bernard Goumou a entamé des négociations avec les FVG pour une sortie de crise. Quel est votre regard sur cette démarche ?
Keamou Bogola Haba: La démarche du Premier ministre et les autorités religieuses, est une démarche de paix que nous avons saluée. Il faut un dialogue permanent qui veut dire que ceux qui sont frustrés, le Premier ministre doit être à leur écoute pour qu’ils participent à la réussite de la transition. Mais, cela ne doit pas être une opportunité pour prendre des engagements qui vont à l’encontre de la loi. Il ne faut pas s’interférer dans les affaires judiciaires. Ceux qui sont frustrés, il doit les écouter, prendre en compte leurs préoccupations, mais sans enfreindre à la loi.
Suite à ces négociations, le Premier ministre a obtenu le report de la manifestation initialement prévue pour aujourd’hui. Cela vous inspire quoi ?
C’est déjà une bonne chose de comprendre que la manifestation n’est pas une solution et d’y renoncer. Nous profitons de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont sensibilisé la population. Les services de sécurité doivent faire leur travail, l’État c’est la continuité, le pays ne doit pas s’arrêter parce que certains sont frustrés.
Comment vous avez assisté au rapprochement entre l’ancien président Alpha Condé et les acteurs des Forces vives ?
Nous remercions ceux qui ont levé le ton au sein de l’ANAD pour dire qu’ils ne souhaitent pas que Monsieur Alpha Condé manipule les uns et les autres pour mobiliser les Guinéens contre le libérateur. C’est-à-dire les Forces de défense et de sécurité qui, depuis le 5 septembre 2021, ont mis fin à une crise profonde qui avait pris une dimension dans notre pays. C’est une bonne chose que Monsieur Alpha Condé et ceux qui l’encouragent dans ce chemin soient isolés. Je profite pour dire que ça c’est déjà une évolution importante que la direction de l’UFDG puisse analyser de manière objective et mettre en minorité leur président pour que lui-même comprenne que les institutions ne doivent pas rouler selon ses vœux et qu’ils ne vont pas s’associer à une telle démarche.
En clair, vous voulez dire que le moment n’est pas opportun pour organiser des manifestations ?
Nous, nous réitérons notre position de trêve à observer pendant la période de la transition et que durant tout ce temps, l’autorité a l’obligation d’accélérer la refondation et les réformes qui sont déjà engagées que ça soit au niveau de la justice, à la CRIEF ainsi que pour les crimes du sang à travers le procès du massacre du 28 septembre 2009.
Comment vous comprenez aussi la position des acteurs des Forces vives qui posent des préalables pour le début de la négociation ?
Je crois que toute négociation sérieuse n’a pas besoin des préalables. Le Premier ministre a dit que nous n’avons pas besoin des préalables pour se parler entre Guinéens. C’est pourquoi, nous avons dit que s’il doit y avoir des préalables, c’est le retour de nos trois frères leaders, c’est-à-dire Alpha Condé, Cellou Dalein et Sidya Touré, qui sont en train de se coaliser contre la junte parce qu’ils ont, non seulement des antécédents à régler avec la justice pour montrer que la justice est au-dessus de tout le monde. Leur présence va permettre qu’ils donnent leurs contributions pour la réussite de la transition. Ils ne peuvent pas rester à l’étranger, vouloir décider tout seul, narguer la justice guinéenne et aussi manipuler les enfants d’autrui.
Qu’est-ce que vous proposez pour mettre fin à cette crise ?
La solution est simple. Nous avons 24 mois de transition, il faut qu’on l’observe et que nous mettions la justice au-dessus de tous. Pour toute réclamation, référons nous à la justice, faisons confiance en elle. Peu importe ce que les gens pensent, la justice guinéenne est une référence aujourd’hui et elle est la boussole. C’est important qu’ensemble, nous privilégions le respect de la loi pour permettre aux autorités d’exécuter les tâches nécessaires pour un retour à l’ordre constitutionnel. A défaut, nous risquons de les mettre dans une zone de confort où ils vont profiter de cette crise pour justifier le retard et dire pourquoi ils n’ont pas exécuter telle ou telle activité, ils n’ont pas eu de moyens financiers parce qu’il y avait les manifestations de rue. Pourtant, nous n’avons pas intérêt d’aller au-delà des 24 mois.
(1) In. https://guinafnews.org/nest-il-pas-preferable-davoir-une-longue-transition-consensuelle-quune-transition-baclee/
(2) In. https://www.guinee360.com/20/03/2023/bogola-haba-nous-navons-pas-interet-daller-au-dela-des-24-mois-de-transition/