Si le Maroc est entré dans l’histoire en 2022 en devenant la première équipe africaine à atteindre les demi-finales de la Coupe du monde de la FIFA, la force dominante du continent en matière de football se trouve plus loin sur la côte, au Sénégal.
Les Lions de la Teranga défendent leur titre de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Côte d’Ivoire ce mois-ci, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Le Sénégal est également champion continental en titre des moins de 17 ans et des moins de 20 ans, et a même remporté le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), la compétition réservée aux joueurs nationaux, pour la première fois l’année dernière.
Les hommes d’Aliou Cissé entament leur campagne dans le Groupe C par un derby contre la Gambie lundi (14h00 GMT). Ils tenteront de devenir la première équipe à remporter la CAN deux fois de suite depuis que l’Égypte a remporté sa troisième victoire consécutive en 2010.
« Nous n’avons qu’une seule étoile« , a déclaré l’homme de 47 ans, faisant référence au fait qu’il n’a soulevé le trophée qu’une seule fois.
« Nous avons envie de gagner à nouveau, de continuer à gagner« .
Cissé lui-même faisait partie de la génération dorée du Sénégal, qui a terminé vice-championne d’Afrique en 2002 avant d’atteindre les quarts de final de la Coupe du monde la même année, lors de la première participation du pays à la phase finale.
El Hadji Diouf, ancien coéquipier international, estime que les récents succès du Sénégal sont le résultat d’un partenariat solide entre le gouvernement et la Fédération sénégalaise de football (FSF), ainsi que d’investissements importants dans les installations.
« Partout où vous allez au Sénégal, toutes les villes ont des académies« , a déclaré Diouf à BBC Sport Africa.
« Elles commencent très tôt, dès les moins de 10 ans, et organisent des tournois chaque année. Nous voulons améliorer cela et avoir la même organisation qu’en Angleterre et en France.
« Je dois féliciter et remercier notre gouvernement parce que c’est une politique et qu’il donne l’argent. Et le président de la FSF, Augustin Senghor, travaille très bien« .
L’emprise du Sénégal sur le football africain s’étend même au beach soccer, le pays ayant remporté les quatre derniers titres continentaux et terminé quatrième lors de la dernière Coupe du monde de Beach soccer en Russie en 2021.
Stabilité des parcours et de l’encadrement
Outre la création d’académies et d’infrastructures locales, Souleymane Diallo, entraîneur à temps partiel des groupes d’âge nationaux et enseignat-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, affirme qu’une filière a été créée pour faire passer les talents du niveau international des jeunes à l’équipe senior.
« Le Sénégal dispose d’un potentiel extraordinaire de joueurs et nous sommes patients avec les générations« , a déclaré Diallo à BBC Sport Africa.
« Au niveau local, nous avons une base très large et nous créons des canaux qui permettent à ces joueurs d’atteindre l’équipe première.
« La fédération nous demande de mettre en avant les joueurs qui ont joué dans les catégories inférieures, afin que chaque génération puisse passer d’un niveau inférieur à un niveau supérieur.
« S’ils terminent leur catégorie en U17, ils vont en U20. S’ils terminent en U20, ils passent aux U23, à l’équipe du CHAN et à l’équipe première.
Un autre facteur important de la stratégie à long terme du Sénégal a été d’assurer la stabilité sur le banc de touche. Cissé est à la tête des Lions de la Teranga depuis mars 2015, et a lentement progressé vers le succès.
L’élimination en quart de finale de l’édition 2017 (aux tirs au but) a été suivie d’une défaite en finale de l’édition 2019, avant que le Sénégal ne revienne triompher au Cameroun en février 2022.
Pendant cette période, les Africains de l’Ouest ont été la meilleure équipe du continent pendant plus de quatre ans, avant d’être remplacés par le Maroc à la suite de son parcours historique en Coupe du monde.
Le Sénégal est sorti en huitièmes de finale au Qatar, battu 3-0 par l’Angleterre, mais l’avenir de Cissé n’est pas remis en question.
« La politique du Sénégal est d’insister pour que les entraîneurs restent sur le banc national le plus longtemps possible« , a déclaré Diallo.
« Une feuille de route a été mise en place pour s’assurer que tous les entraîneurs nationaux ont les mêmes exigences en termes de contenu de formation et d’information, et pour créer des canaux de liaison« .
La participation plus fréquente aux tournois continentaux et mondiaux au niveau des jeunes a contribué à améliorer la situation de la nation.
« Le processus d’accession au plus haut niveau est progressif« , a déclaré Diallo.
« Dans le passé, nous ne gagnions pas en Afrique parce que nous ne participions pas régulièrement aux compétitions africaines.
« Si l’on veut gagner, il faut d’abord être présent. La première étape est de résoudre le problème de la présence à ces compétitions, et c’est ce que le Sénégal a fait« .
« Nous devons être présents tout le temps et c’est maintenant que nous allons poser les bases pour gagner la Coupe du monde à l’avenir« .
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