Charles Wright prévient : ‘’La politique ne doit pas être la boussole de la justice’’
S’achemine-t-on vers un bras de fer entre le Premier ministre et son ministre de la Justice? Cette question a tout son pesant d’or et mérite bien d’être posée, quand on sait que ces deux membres du gouvernement ne s’entendent pas autour de la question de libération des détenus politiques.
Tout serait parti d’une rencontre que Dr Bernard Goumou a eue avec le procureur spécial Aly Touré, le président de la CRIEF et le procureur près la Cour d’appel de Conakry, sans prendre attache auprès du ministre de la justice.
A en croire le garde des sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme qui s’est exprimé sur le sujet ce vendredi 14 avril 2023, au cours de cette rencontre, le Premier ministre aurait demandé à ces magistrats de lui faire le point sur l’état d’avancement de certains dossiers pendants devant les juridictions. Chose qui a suscité la colère d’Alphonse Charles Wright qui trouve que la démarche s’apparente à une sorte d’immixtion de l’exécutif dans les affaires judiciaire.
‘’Qu’est-ce qui s’est passé? Lorsque les magistrats du Ministère public tel que M. Aly Touré, M. le président de la CRIEF, M. le procureur près la Cour d’appel de Conakry ont été appelés par M. le Chef de cabinet pour dire que le Premier Ministre a besoin de vous. Mais dans l’entendement de ces magistrats, le Premier ministre avait déjà pris attache avec moi en tant que ministre de la Justice. C’est à ça ils avaient pensé, alors que tel n’était pas le cas, ils sont partis rencontrer le Premier Ministre. Ce qui a été leur premier constat, c’était de leur demander les dossiers judiciaires, où en est-on? C’est ce qui n’est pas du tout normal. Donc ceux-ci leur dit par respect à votre autorité on est venus répondre mais on souhaiterait désormais que vraiment que ces questions soient posées au niveau de notre Ministre. C’est tout à fait normal parce que c’est moi qui suis responsable devant le Premier ministre. Ce ne sont pas des magistrats parce que ça serait très mal vu qu’un magistrat qui traite un dossier judiciaire, parce que la loi l’interdit d’aller donner son avis sur une procédure judiciaire. On a dit que la justice est la boussole, on ne peut pas trahir ça. Moi-même je ne m’intéresse pas aux procédures judiciaires. Mais les magistrats ont eu l’amabilité de dire qu’il serait mieux que désormais, ces questions là soient discutées avec le garde des sceaux. Mais quand ils m’ont remonté cette information j’ai partagé ça avec certains membres du gouvernement parce que je ne pouvais pas directement aller vers le Premier ministre pour dire ceci. Je suis passé par certains membres du gouvernement pour leur dire vraiment de dire au Premier ministre, sa démarche là n’était pas une très bonne démarche. S’il y avait des choses à en parler avec quelqu’un, c’est moi qui ai bien indiqué’’, a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Charles Wright a tenu à faire des précisions sur des tendances qui veulent faire croire à l’opinion que c’est lui qui s’oppose à la réussite du dialogue en cours entre le Premier Ministre, les religieux et les forces vives de Guinée. Ainsi, le garde des sceaux a souligné qu’en tant que membre du gouvernement, il soutient avec sa dernière énergie, toute idée allant dans le sens de l’apaisement du climat social et politique de notre pays. Mais, ajoute-t-il, cela ne devrait pas se faire à n’importe quel prix.
‘’La politique ne doit pas être la boussole de la justice, c’est la justice qui doit être la boussole de tout. Je veux que je sois compris dans mon rôle de Ministre de la justice, garde des sceaux et des droits de l’homme. Jusqu’à preuve du contraire, c’est cette mission que le Président de la transition m’a confiée, c’est ce qui est contenu dans ma lettre de mission. Si je suis descendu de mon lit de malade, c’est pour éviter ce que les gens sont en train d’utiliser, c’est de dire que le Premier Ministre est en train de négocier avec des forces vives, de l’autre côté, c’est le Ministre de la justice qui ne veut pas que ces négociations aboutissent. C’est cette tendance qu’on veut faire passer au sein de l’opinion. C’est ce que je veux clarifier. Moi en tant que membre du gouvernement, je soutiens avec ma dernière énergie, toute idée allant dans le sens de l’apaisement du climat social et politique de notre pays. En tant que membre du gouvernement, je suis solidaire vis-à-vis de M. le Premier Ministre, de toutes ses démarches allant dans le sens d’aboutir au dialogue qu’il a tant souhaité et que le président de la République a tant souhaité. Je suis unanimement convaincu que le dialogue est le seul instrument par lequel, les guinéens peuvent se regarder et se parler. Mais attention, ce n’est pas à tout prix. Lorsqu’on me dit qu’il y a eu des préalables qui ont été demandées, si vous regardez l’ensemble de ces préalables ne touchent pas le domaine politique, ça touche le domaine judiciaire. Les préalables sont du domaine de la justice. Si c’est le domaine de la justice, la question qu’on doit se poser : est-ce que monsieur le Premier Ministre et moi en tant membres du gouvernement, avions le pouvoir de dire à la justice n’importe quel dossier qui avait été évoqué au niveau des préalables, on dicte les conduites aux magistrats ? Je dis ni le Premier Ministre ni moi, n’avions le pouvoir d’insuffler cette politique d’ingérence vis-à-vis du judiciaire‘’, martèle le garde des sceaux chez nos confrères de Djoma média, dans ‘’ORLM’’.
Facinet CAMARA
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