Pendant que la question du respect du chronogramme de 24 mois la transition conclu avec la CEDEAO suscite encore des interrogations, des voix se lèvent pour dénoncer le retard orchestré par le CNRD pour un éventuel glissement de calendrier.
Le refus des autorités de transition de recevoir une mission conjointe CEDEAO/Union Africaine, en juin dernier, le manque de dialogue politique avec l’ensemble des acteurs de la vie nationale, le retard dans la mise en place des dix points du chronogramme de la transition, amènent l’opinion publique à s’interroger sur les vraies intentions du Colonel Mamadi Doumbouya et son équipe.
Cette situation inquiète les acteurs socio politiques et la communauté internationale. D’abord, le Président de l’Union Africaine, a haussé le ton la semaine dernière pour lancer un avertissement aux trois juntes de la Guinée, du Mali et du Burkina Faso.
De passage à Paris, Moussa Faki, qui a accordé une interview à nos confrères de Jeune Afrique prévient que: « Les militaires qui assurent les transitions ne doivent pas se présenter aux élections ».
Avant lui, le Président en exercice de la CEDEAO, s’est montré intransigeant face coups d’Etats militaires dans la sous région.
Le nouveau président nigérian, Bola Tinubu, qui prend la tête de l’institution régionale a fait de la défense de la démocratie une de ses priorités. Il promet notamment d’être inflexible sur le respect des calendriers électoraux au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.
Interrogé sur le sujet par nos confrères de RFI, notamment sur la promesse du colonel Doumbouya de ne pas être candidat à la future présidentielle, encore moins un membre du CNRD ou du Gouvernement, le Coordinateur national du FNDC a déclaré ouvertement que les militaires n’ont pas l’intention de quitter le pouvoir
« Ça ne me rassure pas trop, parce qu’en réalité, les militaires ne veulent pas quitter le pouvoir. Cela s’explique par le fait que tous ceux qui sont opposés à cette conduite unilatérale de la transition soient, certains en prison, d’autres en exil. Personne ne peut aujourd’hui donner son point de vue, un point de vue qui est contraire à la volonté du CNRD. En le faisant, la personne peut se retrouver facilement en prison. », regrette Foniké Mengué.
Et le pire, fait remarquer un observateur de la scène politique guinéenne, ‘’Depuis un certain temps, les ministres et les journalistes de la RTG (média d’Etat) n’appellent plus le Colonel Mamadi Doumbouya Président de la transition, mais plutôt Président de la République. Alors qu’on sait qu’un Président de la République est quelqu’un qui est issu d’une élection. Ça parait banal, mais c’est important d’en tenir compte, parce que plus on avance dans le temps, plus on se rend compte que le CNRD a un agenda caché », a laissé entendre notre interlocuteur qui a préféré garder l’anonymat.
Pendant ce temps le gouvernement guinéen déclare être même en avance par rapport à l’exécution des différents points du chronogramme, tout en tendant la main à la communauté internationale pour la mobilisation des ressources devant permettre d’avancer.
« Nous avons rappelé à ces partenaires-là d’aller très vite pour concrétiser leurs engagements afin que les dossiers d’appels d’offres qui sont en train d’être lancés, que lorsque le processus arrive à terme, qu’on puisse passer rapidement à l’acquisition de ces matériels pour ne pas ajouter un jour de plus au chronogramme établi entre la Guinée et la CEDEAO… », a déclaré Mory Condé en guise de réponse à la CEDEAO qui déplore le retard et la gestion solitaire de la transition par le CNRD.
Abdoul Wahab BARRY
(*) http://www.kababachir.com/conduite-de-la-transition-et-si-le-cnrd-avait-un-agenda-cache/