Contre La sansure

Coup d’Etat au Niger : trois scénarios pour la suite (*)

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Faisant fi des appels au rétablissement du président Mohamed Bazoum, la junte a annoncé jeudi matin, à l’aube, lors d’une allocution télévisée, les nominations de son gouvernement.

Le nouveau gouvernement est composé de 21 ministres et est dirigé par le Premier ministre intérimaire Lamine Zeine Ali Mahamane, qui sera également ministre de l’économie et des finances.

Alors que l’ultimatum de sept jours donné par les dirigeants ouest-africains à l’armée nigérienne pour réintégrer le président Mohamed Bazoum est déjà passé, les deux parties ont des décisions cruciales à prendre.

Des sanctions contre les putschistes ont déjà été imposées et la fourniture en électricité à partir du Nigeria a été coupée, ainsi que les frontières, ce qui signifie que les marchandises n’arrivent plus et que le pays enclavé a perdu l’accès aux ports.

Photo de famille des chefs d’État au sommet d’Abuja du 10 août 2023.

Mais alors que les tensions politiques, diplomatiques et militaires augmentent, que pourrait-il se passer une fois maintenant que l’échéance est passée et que les dirigeants des pays de la Cedeao se réunissent aujourd’hui ?

1) Le délai est prolongé

Une option consiste pour les dirigeants de la CEDEAO à prolonger le délai.

Cela risque d’être perçu comme une reculade mais les chefs d’Etat pourraient sauver la face en disant que les efforts diplomatiques ont progressé et qu’ils veulent leur donner plus de temps.

Le problème à l’heure actuelle est que les efforts de médiation de la CEDEAO n’ont pas porté leurs fruits. Une délégation envoyée au Niger jeudi est revenue en quelques heures avec apparemment peu de résultats.

Pendant ce temps, la junte a intensifié sa rhétorique contre l’Occident et la CEDEAO. Elle a annoncé qu’il rompait les liens diplomatiques avec le Nigeria, le Togo, les États-Unis et la France, et qu’elle annulait les accords militaires avec la France qui permettent à l’ancienne puissance coloniale d’y baser quelque 1 500 soldats.

Et le président Bazoum, qui est détenu par l’armée, a utilisé un langage très dur dans un article du Washington Post. Il s’est décrit comme un « otage » et a appelé les États-Unis et l’ensemble de la communauté internationale à aider à rétablir l’ordre constitutionnel.

Vendredi, les États-Unis ont déclaré qu’ils suspendraient une partie de leur aide au gouvernement nigérien, mais qu’ils continueraient à fournir une aide humanitaire et alimentaire.

1) Le délai est prolongé

Une option consiste pour les dirigeants de la CEDEAO à prolonger le délai.

Cela risque d’être perçu comme une reculade mais les chefs d’Etat pourraient sauver la face en disant que les efforts diplomatiques ont progressé et qu’ils veulent leur donner plus de temps.

Le problème à l’heure actuelle est que les efforts de médiation de la CEDEAO n’ont pas porté leurs fruits. Une délégation envoyée au Niger jeudi est revenue en quelques heures avec apparemment peu de résultats.

Pendant ce temps, la junte a intensifié sa rhétorique contre l’Occident et la CEDEAO. Elle a annoncé qu’il rompait les liens diplomatiques avec le Nigeria, le Togo, les États-Unis et la France, et qu’elle annulait les accords militaires avec la France qui permettent à l’ancienne puissance coloniale d’y baser quelque 1 500 soldats.

Et le président Bazoum, qui est détenu par l’armée, a utilisé un langage très dur dans un article du Washington Post. Il s’est décrit comme un « otage » et a appelé les États-Unis et l’ensemble de la communauté internationale à aider à rétablir l’ordre constitutionnel.

Vendredi, les États-Unis ont déclaré qu’ils suspendraient une partie de leur aide au gouvernement nigérien, mais qu’ils continueraient à fournir une aide humanitaire et alimentaire.

2) Ils s’accordent sur un calendrier de transition

Pour tenter de calmer le jeu et de trouver un terrain d’entente, la junte et la Cedeao pourraient se mettre d’accord sur un calendrier de retour à la à un régime démocratique.

Cela pourrait inclure la libération du président Bazoum, ainsi que d’autres détenus politiques, afin de poursuivre les pourparlers et éventuellement de gagner du temps. Cela a été une exigence clé de ceux qui ont condamné le coup d’État en Afrique et ailleurs.

Le bloc ouest-africain a déjà approuvé des transitions démocratiques chez les voisins du Niger dans la région du Sahel, le Mali et le Burkina Faso, qui ont tous deux été pris en main par l’armée ces dernières années.

Mais les négociations ont été semées d’embûches, avec des dates limites pour les élections repoussées sans cesse, et il n’est toujours pas garanti que les passations de pouvoir auront effectivement lieu.

Le Soudan, qui a créé en 2019 un gouvernement mixte civilo-militaire censé ouvrir la voie à la démocratie après un coup d’État, offre un autre modèle. Mais l’effondrement de ce pays dans un conflit acharné entre chefs militaires rivaux est un exemple édifiant.

3) Intervention militaire

Les dirigeants ouest-africains n’ont pas dit que la force serait définitivement utilisée si le président Bazoum n’était pas réintégré, mais l’ont laissée ouverte comme une possibilité.

Les responsables nigérians l’ont décrit comme un « dernier recours ». Le président Tinubu a déclaré qu’il pourrait y avoir une intervention militaire si la junte au Niger « reste récalcitrante ».

La CEDEAO a utilisé la force militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans le passé, par exemple en Gambie en 2017 lorsque Yahya Jammeh a refusé de quitter lepouvoir après avoir perdu une élection.

Mais le calcul pour savoir s’il faut aller de l’avant cette fois serait beaucoup plus difficile.

Premièrement, le Niger est géographiquement le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest, tandis que la Gambie est un petit bout de terre entouré par le Sénégal et l’océan Atlantique, donc y envoyer des troupes serait une perspective tout à fait diferente.

Deuxièmement, le Nigéria, la puissance régionale qui mène la charge pour restaurer le président Bazoum est confrontée à une multitude de problèmes de sécurité dans son pays, donc envoyer une partie importante de l’armée au Niger serait un véritable pari.

Troisièmement, le Mali et le Burkina Faso ont déclaré qu’une intervention militaire au Niger serait considérée comme une « déclaration de guerre » et qu’ils iraient défendre leurs collègues putschistes.

La situation risque donc de dégénérer en une guerre régionale à grande échelle, surtout si la population nigérienne s’oppose à l’intervention étrangère. Bien qu’il soit impossible de savoir comment ils réagiraient.

Le Nigeria et le Niger partagent de nombreux liens historiques et ethniques, avec des populations des deux côtés parlant la même langue, ce qui pourrait rendre certaines troupes nigérianes réticentes à se battre si cela devait arriver.

Des pays comme l’Algérie, voisin du Niger au nord, la Chine et la Russie ont appelé à la retenue et à la poursuite du dialogue pour apaiser les tensions.

Cependant, à l’issue de trois jours de réunion dans la capitale nigériane, Abuja, les chefs de la défense de la CEDEAO ont déclaré avoir élaboré un plan détaillé d’intervention militaire à soumettre aux dirigeants de la région pour examen.

Le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Bénin ont tous déclaré qu’ils étaient prêts à envoyer des troupes au Niger si la CEDEAO décidait de le faire.

Selon l’indice Global Fire Power, le Nigéria compte à lui seul environ 135 000 soldats actifs, tandis que le Niger en compte environ 10 000, mais cela ne signifie certainement pas qu’une invasion serait facile.

Une solution pacifique est sans aucun doute préférable pour toutes les parties, mais la CEDEAO tient à montrer sa détermination car elle n’a pas réussi à empêcher une série de coups d’État dans la région au cours des trois dernières années.

Par Yusuf AKINPELU 

(*) https://www.bbc.com/afrique/region-66451460

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