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Crise électorale au Sénégal : « Nous nous sentons trahis par le président Macky Sall »

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Le Sénégal semble traverser une crise d’identité : ses citoyens sont fiers d’être considérés comme l’une des démocraties les plus stables d’Afrique de l’Ouest, et nombreux sont ceux qui s’indignent que cette réputation soit aujourd’hui remise en question.

« Nous nous sentons trahis par Macky Sall », déclarent un groupe d’imams réunis dans une mosquée de la capitale, Dakar, à propos de la crise politique qui a frappé le pays il y a une semaine, lorsque les députés ont soutenu la décision du président Sall de reporter l’élection présidentielle de ce mois-ci à décembre.

« Le président doit revenir sur sa décision. C’est inacceptable », explique Ismaël Ndiaye, secrétaire général de la Ligue des imams du Sénégal.

« Cela ne s’est jamais produit auparavant. Le Sénégal n’a jamais connu de report d’élection présidentielle. Nous nous sentons trahis. Nous nous sentons incompris.

L’islam étant la religion prédominante au Sénégal, les commentaires de dirigeants musulmans influents, qui ont servi de médiateurs pour résoudre des crises politiques antérieures, ont un poids considérable.

Leurs propos sans détour reflètent la vague de colère qui s’empare du pays alors que les manifestants descendent dans la rue.

Des manifestants passent devant une mosquée à Dakar alors que les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes
CRÉDIT PHOTO,AFP Des manifestants passent devant une mosquée à Dakar alors que les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes.

Le président Sall a justifié sa décision en déclarant qu’il avait besoin de temps pour résoudre un différend concernant l’éligibilité des candidats à la présidence, après que plusieurs candidats de l’opposition ont été exclus.

Mais la rue voit dans ce report un moyen pour M. Sall de s’accrocher au pouvoir au-delà de la fin de son second mandat, le 2 avril.

Dans sa première interview depuis l’annonce, le président Sall a nié que telle était son intention.

« Je ne cherche absolument rien d’autre que de laisser un pays en paix et en stabilité », a-t-il déclaré à l’Associated Press au cours du week-end.

« Je ne veux pas laisser derrière moi un pays qui va immédiatement plonger dans des difficultés majeures« .

Ces mots sonnent creux pour ses détracteurs étant donné sa position avant son élection en 2012, lorsqu’il s’était fermement opposé à ce que le président de l’époque, Abdoulaye Wade, brigue un troisième mandat.

« Un président ne peut pas prolonger son mandat. Ce n’est pas possible« , avait déclaré M. Sall, qui avait été Premier ministre de M. Wade, lors de la campagne électorale de 2011.

« Il ne peut pas prolonger son mandat ne serait-ce que d’un jour, sinon le pays sera plongé dans le chaos parce que le peuple ne reconnaîtra pas sa légitimité et qu’il n’y aura plus d’autorité dans le pays ».

Macky Sall
CRÉDIT PHOTO,SEAN GALLUP/GETTY IMAGES

De violentes manifestations ont eu lieu au Sénégal au cours de la semaine écoulée, faisant apparemment trois morts.

L’une d’entre elles, un étudiant en licence de géographie, est décédée lors d’affrontements avec la police sur un campus universitaire de la ville de Saint-Louis, dans le nord du pays.

À Dakar, des débris jonchent les rues après des affrontements avec les forces de sécurité, qui ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.

Parmi les quatre millions d’habitants de la ville, nombreux sont ceux qui sont bouleversés par la tournure des événements.

Lire la suite … https://www.bbc.com/afrique/articles/cpe093yp9pdo

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