Contre La sansure

Dadis envahi par des témoignages de femmes violées : ‘’C’est lorsque le militaire m’a vu saigner qu’il m’a abandonnée’’

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Ce mardi, dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre, des extraits de témoignages de femmes victimes de viols au stade de Conakry ont été lus lors de la comparution du capitaine Moussa Dadis Camara. La lecture de ces récits pathétiques a été faite par l’avocat de la partie civile Me Bernard Millimono.

« Nous avons rencontré un groupe de militaires qui tiraient. Je me suis retournée pour aller vers la piscine Marocana. Sur mon trajet, j’ai vu plusieurs corps par terre. J’ai eu peur. De là, j’ai couru vers le mur, du côté des rails, où un vieux aux cheveux blancs faisait passer les femmes à l’aide d’une échelle. Malheureusement pour nous, il a été atteint mortellement par une balle tirée par un militaire. Nous avons tous fuit pour aller vers le terrain de handball. C’est à ce niveau qu’un militaire de la garde présidentielle m’a pourchassée’’, raconte une victime dont le témoignage a été lue par un avocat de la partie de civile.

Avant de poursuivre : ‘’Lorsqu’il m’a interpellée, il m’a administré trois coups de matraque et m’a balayée. Je l’ai longtemps supplié mais il continuait toujours à me frapper. Entre-temps, il a fait tomber mon pagne. En tentant de me déposer dans une des salles du stade, il a déchiré ma culotte. Quand j’ai compris qu’il voulait me faire du mal, je me suis approchée d’un frère au seuil de la porte. Comme il était plus fort que moi, il a déchiré mon caleçon tout en me disant : ‘Bordel, vous êtes venue chercher des garçons, vous en aurez suffisamment aujourd’hui’’’.

Après la lecture de cet extrait, l’avocat a demandé à Dadis si les viols commis au stade du 28 septembre sur des femmes n’étaient pas planifiés à l’avance. ‘’Je ne peux pas répondre à cette question Maitre’’, esquive l’ancien chef de la junte.

‘’Est-ce que c’est vous qui avez planifié ces viols ?’’, relance l’homme de droit. ‘’Non’’, répond le capitaine Dadis Camara.

‘’Comment votre propre garde, qui était censée être à vos côtés, peut vous laisser au camp Alpya Yaya Diallo pour venir au stade et poser de tels actes ? Comme est-ce possible ?’’, cherche à savoir la robe noire.

Face à cette question, l’ancien numéro 1 du CNRD répond : ‘’Oui, c’est possible. C’est pour cette raison que j’ai longtemps parlé de complot. Sinon, la garde présidentielle, des bérets rouges dans un stade, c’est quasiment impossible. C’est la police et la gendarmerie qui doivent y être. Ceux qui sont partis avaient un objectif. Ce que j’avais dévoilé ici’’.

‘’Pourquoi, c’est seulement votre garde qui était au stade ?’’, enchaine l’avocat. ‘’Ne confondez pas. Un ministre a une garde, si c’est deux à trois personnes, on peut s’en rendre compte. Mais une garde présidentielle, vous imaginez. On ne peut pas être avec toute la garde, d’autres sont dehors’’, réagit l’accusé.

L’avocat de la partie civile évoque par la suite le témoignage d’une autre victime de viol au stade du 28 septembre. ‘’Deux bérets rouges sont venus me prendre dans une cachette. L’un deux m’a administré une paire de gifle avant de soustraire mon téléphone dans la poche de mon pantalon. Le second s’est jeté violemment sur moi et a déchiré mon body, mon pantalon et mon caleçon avant de me terrasser. Je l’ai prié de m’épargner tout en l’indiquant que j’étais en grossesse. Il m’a giflée et m’a même blessée au bras gauche. Entre-temps, son compagnon nous a abandonnés pour suivre une autre fille qui était de passage. Malgré mes prières, ce militaire de la garde présidentielle m’a violée avec brutalité. C’est lorsqu’il m’a vu saigner qu’il m’a abandonnée. Ne pouvant me relever à cause des douleurs, je suis restée couchée au même lieu des heures durant. Dieu aidant, un jeune inconnu est venu m’y trouver. Il m’a prêté sa chemise qui m’a servi de pagne et m’a aidé à me lever. C’est là que les agents de la Croix-Rouge sont venus me prendre pour me mettre dans leur véhicule’’.

Un troisième récit a été lu devant Dadis pour lui faire comprendre davantage la gravité des faits commis au stade du 28 septembre. ‘’Nous avions pris les escaliers pour descendre dans les vestiaires. Nous avons vu des hommes qui parlaient une langue que je ne comprenais. Brusquement, quelqu’un m’a prise par derrière en déchirant mes habits, me terrasser. Il a déchiré ma culotte avant de me violer. C’est qui a occasionné mon avortement. Car, j’étais en grossesse de 3 mois. Après cet acte, je suis sorti nue du stade’’.

‘’Autant de femmes ont subi des horreurs. Mêmes des femmes enceintes, votre garde n’a pas épargné. Comment pouvez-vous expliquer qu’une garde présidentielle qui vient de se séparer du président peut-elle venir commettre tel acte ?’’, demande Me Bernard Millimono.  ‘’Ce que vous venez de dire, si c’est vrai c’est un comportement inhumain’’, confesse l’ex-chef de la junte, la voix basse.

Abdoulaye Bella DIALLO, pour VisionGuinee.Info

00224 628 52 64 04/abdoulbela224@gmail.com

In. https://www.visionguinee.info/dadis-envahi-par-des-temoignages-de-femmes-violees-cest-lorsque-le-militaire-ma-vu-saigner-quil-ma-abandonnee/

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