Contre La sansure

Demain, le 05 septembre, n’est pas le O3 avril 1984 ni le 24 décembre 2009

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Le 05 septembre 2021 n’est pas le O3 avril 1984 ni le 24 décembre 2009, le Général Mamadi DOUMBOUYA fait son Coup-Etat, dans la lassitude des populations devant les échecs répétés des partis et considérant la misère matérielle et morale profonde des Guinéens, dans ce grand drame de la Guinée, tu as pris le risque d’être impopulaire pour enfin réaliser le Coup d’Etat. Nous ne subissons que la manipulation douce, c’est une grande chance.

Les peuples de l’AES ont connu la manipulation dure : celle qui ajoute le poids de la contrainte à l’imposture du discours ; au lendemain du Coup-Etat, ces pays se sont retrouvés face au désastre et aux illusions.

La Guinée-Conakry est un pays en lambeaux, abîmé par le manque d’entretien. Conakry, la capitale, jadis prospère, fleurie, gaie et hospitalière, a tout d’une ville fantôme. Capitale du château d’eau de l’Afrique occidentale par la naissance des fleuves Niger, Sénégal, Gambie, Mano, Tinkisso, elle n’offre ni eau potable au robinet, ni électricité aux habitants. Sans adduction d’eau, il ne peut y avoir d’égouts.

Les installations datent depuis la colonisation et n’ont été ni entretenues, ni remplacées. A leur place, les populations ont creusé des puits collectifs où l’on puise l’eau non traitée. Les épidémies de choléra, de l’Ebola, la Covid-19 et les maladies infectieuses s’en donnent à cœur joie. Rien n’a bougé, rien n’a changé ; aucune maison neuve, pas de quartiers neufs, pas d’écoles neuves, pas d’hôpitaux neufs, même pas de cimetières neufs.

Véritablement pas de route, on peut remarquer des taxis bondés de passagers et surchargés de marchandises, rouler la nuit sans phares. Les chauffeurs conduisent alors qu’un passager éclairait la route avec une lampe torche. Inutile de souligner le nombre d’accidents provoqués par la témérité de ces chauffeurs qui roulaient au mépris des règles élémentaires de sécurité et du confort de leurs passagers. Sans oublier de nombreuses carcasses de voitures jonchent les bas-côtés des routes nationales, souvent impraticables pendant la saison des pluies. L’avion national Air Guinée a été vendu par l’insouciance des Guinéens et il n’y a plus de voler d’avion à l’intérieur du pays, Boké, Kankan, Labé, Koundara et Nzérékoré.

En revanche, le centre-ville de Kaloum, autrefois avec ces espaces verts, sont occupés par des populations rurales, accourues de leurs villages à la recherche d’un peu de bien-être matériel en ville. Cet exode rural a provoqué une occupation anarchique des sols où les gens ont construit des cabanes insalubres. Les inondations dues aux célèbres pluies des mois de juillet et août à Conakry emportent de nombreuses maisons. Dans ce décor de misère, de pauvreté et de désolation, seul l’homme a changé grâce à la technologie d’internet.

Les opposants sont paradoxalement en exil, muets ou discrets sur cette gestion personnalisée des biens publics. Les enquêtes sérieuses sur l’enrichissement illicite des anciens gouvernants, faites par des hommes de terrain, non affiliés aux partis politiques, ne parviennent pas à mobiliser ceux-ci pour contraindre les anciens à un dialogue.

Le Général Mamadi DOUMBOUYA voici les obstacles à vaincre pour la transition.

Tout d’abord, nous vous proposons de faire le bilan de la gestion du pays (pour les régimes PDG, PUP et RPG), garantir la transparence des nouvelles élections, l’impartialité de l’Etat, la crédibilité de la justice, et la remise de tous les Guinéens au travail surtout cette jeunesse Guinéennes qu’on a voulu sacrifier dans les Océans. Nos propositions ne doivent pas être sabotées pour des questions d’ethnie ou personne.

En effet, il faut éviter la dispersion et l’absence de concertation avec les organisations de la société civile et les syndicats ; et éviter qu’on confisque le pouvoir uniquement par le CNRD. L’histoire de la Guinée, nous enseigne que depuis 1960, tous les paramètre de développement économique, social, professionnel et culturel régressent de façon vertigineuse. Les gouvernants successifs répètent les mêmes fautes : détournements impunis des derniers publics, rançonnement des populations. Les déclarations mensongères des démagogues concernant le barrage électrique de GARAFIRI rappellent, comme un écho, et le lancement du premier plan triennal en 1960.

Certains d’entre nous se souviennent des proclamations des activistes du RPG s’engageant à réaliser le plan avant terme, tuant ainsi dans l’œuf le projet de KALETA. Il faut dire et montrer où est l’argent du peuple de Guinée et l’utiliser pour construire les infrastructures nécessaires pour satisfaire les besoins énergétiques et routiers collectifs. Le CNRD doit éviter les errements digressifs qui peuvent causer deux (2) causes majeures et avec des effets : La reconduction aux postes de responsabilités des anciens agents du RPG et autres inconditionnels de l’ancien régime qui risquent réhabiliter les seules méthodes de gouvernements qu’ils connaissent. « Artisans du ghetto dans lequel ils ont enfermé la Guinée depuis l’indépendance, ils sont prisonniers de leur désertion de la scène internationale ». La civilisation et les progrès scientifiques et techniques, nous laissent sur les quais de la gare délabrée de Conakry-KALOUM.

L’alternance est la clé de voûte de cette transition. La prise en compte du seul volet politique, c’est-à-dire la conquête du pouvoir, est un obstacle majeur à notre entente nationale. Faute d’une entente, il est probable que nos projets restent des vœux pieux au profit du statu quo : la confiscation des richesses nationales au profit des dirigeants ethniques, condamnation de la majorité silencieuse à la pauvreté, au chômage et à la misère.

A cela, force est de reconnaître la dislocation de nos familles, et notre société (les événements du 28 septembre 2009), la généralisation de l’individualisme, la montée des égoïsmes ; on constitue et mesure les facteurs qui élargissent le fossé qui sépare les ethnies, les générations et les couches socioprofessionnelles. Il faut imager les efforts nécessaires pour rapprocher les habitants (Par ex : l’axe Bambeto-Cosa) et réconcilier la société Guinéenne avec elle-même. La seule stratégie pour briser cet étau qui nous étouffe est d’isoler les forces de décadence. Enfin, comme disait Helmuth Kohl : « un peuple sans mémoire perd toute dignité et n’est pas porteur d’avenir ».

En conclusion, c’est dans ce climat morose de frustrations et de mécontentement diffus que le CNRD du Général MAMADI DOUMBOUYA se trouve dans le processus de transition de rétablissement de la légitimité et de la légalité. La Guinée peut-elle se relever de ses ruines si nous n’examinons pas les causes de son déclin ?

Dr BAH ALIOU                                                                                                                Inspecteur Principal des Impôts.

source : https://www.lerevelateur224.com/2024/09/02/demain-le-05-septembre-nest-pas-le-o3-avril-1984-ni-le-24-decembre-2009/

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