Contre La sansure

Doumbouya sur les traces de Dadis ? Un Pari risqué pour le Chef de la junte….

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Alors que la transition perdure, le Général Mamadi Doumbouya veut emprunter le même chemin que le Capitaine Moussa Dadis Camara, dont l’annonce de sa candidature à l’élection présidentielle de 2010 a été la tâche d’huile qui a fait déborder la vase et qui avait occasionné le massacre du stade du 28 septembre 2009 à Conakry.

Cette tragédie qui avait coûté la vie à plus 156 opposants à la candidature de l’ex-Chef de la junte militaire, plus d’un millier de blessés et des dizaines de femmes violées, selon un bilan fournit par les Nations-Unies, avait été menée par des éléments de la garde présidentielle d’alors et des agents de forces de sécurité.

Pour rappel, tout est parti de l’annonce de la candidature de Dadis à la présidentielle qui avait poussé les acteurs politiques guinéens à se constituer en forces vives pour barrer la route à l’ex-Chef de la junte.

On se souvient, au cours d’un meeting tenu à Kaloum, centre administratif de la capitale Conakry, Dadis avait annoncé sa candidature en ces termes » Si je veux je serai candidat, je ne veux je ne serai pas candidat. Je ne suis pas né militaire. Personne n’est né militaire. Si les leaders politiques, si les partis politiques ne respectent pas le #CNDD et le Capitaine Dadis , j’ôte ma tenue et je me présente avec eux aux élections si les leaders politiques ne mettent de l’eau dans leur vin . « .

Cette sortie de l’ex-Chef de la junte a été à l’origine d’un combat politique sans merci qui a poussé Dadis à commettre l’erreur en massacrant ses compatriotes dans un stade fermé devant des civils non armés.

Alors que le procès vient à peine de se terminer avec la condamnation du Capitaine Dadis et ses co-accusés à des lourdes peines, le Général Mamadi Doumbouya veut emprunter le même chemin, en voulant faire le forcing pour s’accrocher au pouvoir et tenter de se porter candidat aux futures élections présidentielles dont la date n’est pas encore connue.

Ces deux Chefs militaires ont accédé au pouvoir à la suite des coups d’Etat militaires, qui avaient été salué au départ, mais ils ont fini par trahir le serment en violant tous les engagements pris au départ.

Alors qu’il avait juré que : ‘’ni lui, ni aucun membre du CNRD et du gouvernement ne seront candidats aux élections’’, le Général Mamadi Doumbouya veut reprendre les erreurs du passé en se lançant dans un projet suicidaire.

Les membres du CNRD, la junte militaire, et du gouvernement commencent déjà à faires des annonces pour sonder la population.

Lors d’une conférence de presse animée conjointement animée par le Général Amara Camara, Secrétaire général à la président et porte parole de la Présidence et Ousmane Gaoual Diallo, ministre des Transports et porte parole du gouvernement, des annonces ont été faites.

Alors que la tension politique est perceptible dans le pays, le Général Amara Camara a levé un coin du voile.

« Encore une fois, si le Président Doumbouya souhaitait être candidat, je l’encouragerais vivement pour la refondation de notre pays. La Constitution qui sera votée par le peuple de Guinée, s’il n’y pas de limitation à ce qu’il aille aux élections, ça serait une très bonne chose pour l’avenir du pays », a déclaré le Secrétaire Général à la Présidence.

De son côté, Bah Oury a également fait des annonces voilées sur ce projet risqué de la junte militaire, qui avait renversé le régime d’Alpha Condé le 5 septembre 2021.

Lors d’une interview accordée à nos confrères de West Africa TV, dans l’émission ‘’Droit de savoir’’, le Premier ministre n’exclut pas la candidature du Général Mamadi Doumbouya.

Répondant aux questions de nos confrères, Bah Oury a déclaré ouvertement  que personne ne sera exclue, y compris le Général Mamadi Doumbouya.

« Il faut savoir discerner ce qui est essentiel et ce qui accessoire. Une Constitution doit être impersonnelle et par conséquent, le moment venu chaque citoyen remplissant les critères pourra faire acte de candidature. » Y compris le Général ? précise le journaliste : « Pourquoi pas ? Et en ce moment-là, le peuple souverain décidera de l’homme et de la femme qui présidera à ses destins.», a déclaré le locataire de la primature.

Des sorties médiatiques qui ne laissent pas indifférent les acteurs politiques guinéens en ordre de bataille.

Lors l’assemblée générale hebdomadaire de sa formation politique, Kalémodou Yansané estime que « Si le Général Mamadi Doumbouya choisit de se porter candidat, l’organisation d’élections serait inutile. Il est inconcevable de nommer les chefs de quartiers, maires, gouverneurs et sous-préfets, puis de permettre à ces mêmes responsables d’organiser le processus électoral. Quel sous-préfet oserait contester les résultats dans sa circonscription si le président de la transition était candidat ? Ce serait un gaspillage de nos maigres ressources que d’organiser des élections… » a laissé entendre le Vice-Président de l’UFDG, la principale force politique du pays.

Ce proche de Cellou Dalein Diallo, lance un appel au Chef de la junte : « Nous demandons humblement au président Mamadi Doumbouya d’avoir le courage, comme il l’a souvent affirmé, de ne pas hésiter à déclarer clairement s’il entend se présenter ou non à l’élection présidentielle », précise cet acteur politique.

Même son de cloche du côté du RPG Arc en Ciel, l’ancien parti au pouvoir, qui a réagit ce samedi au cours de l’assemblée général hebdomadaire du parti.

« Nous avons confiance en Mamadi Doumbouya et en sa capacité à respecter sa parole. Il est essentiel de ne pas céder face aux sirènes révisionnistes« , a laissé entendre Marc Yombouno du RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir.

Pour cet ancien ministre du régime d’Alpha Condé, la sortie médiatique du porte parole de la Présidence et celui du gouvernement n’est qu’un ballon d’essai pour voir la réaction des guinéens :

« Nous nous disons au RPG Arc-en-ciel que jusqu’à preuve du contraire, que le président de la transition va respecter sa parole donnée. Il ne va pas violer sa parole d’honneur. Il ne va pas violer le contenu de la charte sur laquelle il a prêté serment et il ne pas violer son engagement de départ ni les promesses, des messages qui ont fait qu’une partie de la population est sortie dans la rue pour l’applaudir. Nous pensons que ce principe en tant qu’officier de l’armée il ne va pas violer sa parole. Donc ce que les gens disent peut-être que ça vient d’eux-mêmes. Ils sont en train de lancer des ballons d’essai et pour convaincre qui?L’on ne le sait pas. C’est à eux-mêmes de répondre. Nous nous ne faisons pas de commentaires pour le moment. Nous ferons des commentaires lorsque le président de la transition lui-même se déclarera », a dit l’ancien ministre Marc Yombouno

Alors que la transition devrait prendre fin le 31 décembre 2024, des manœuvres de confiscation de pouvoir sont en cours pour imposer une nouvelle dictature en Guinée.

Mamadi Doumbouya réussira-t-il là où Dadis avait en échoué en 2009 ?

L’avenir nous le dira.

Abdoul Wahab Barry

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