Dr. Morissanda Kouyaté, sachez dire la vérité ou vous taire.
Dans des propos recueillis par visionguinee (*), invité à l’émission «Dossier de la semaine », vous avez indiqué : « nous devons tout faire pour découpler la justice des ambitions politiques. Il faut les découpler. Parce que ce à quoi on assiste souvent dans notre pays, c’est le blanchiment politique des crimes économiques. C’est-à-dire, on prend le chapeau politique, la carapace politique pour résister aux flèches judiciaires. Ça ne marche pas comme ça (…) Nous sommes avec des ambassadeurs. Quand la justice commence dans leurs pays, aucun gouvernement n’a le droit de s’interposer. C’est la justice. Pourquoi la Guinée va faire des exceptions ? Pourquoi va-t-on mélanger la justice à la politique ? Pourquoi va-t-on dire : ‘Je ne viens pas parce que je suis poursuivi ‘ ?’’.
En vous écoutant, on ne peut s’empêcher de deviner que vous parlez de Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre guinéen, mais plus connu pour sa ‘carapace’ d’homme politique, appelé à diriger l’UFDG, première force politique en Guinée depuis qu’il en a pris les commandes en 2007, après avoir avoir été victime de ses adversaires, qui l’ont fait limoger pour ‘fautes lourdes’ et poussé à sortir des rangs du PUP, alors parti/État. Il venait à peine de renouer les relations entre la Guinée et les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI).
Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré n’ont pas fui la Justice guinéenne. De mon point de vue, c’est le système sociopolitique du CNRD, dont vous êtes le porte-drapeau à l’étranger, qui les a poussés à l’exil involontaire. Ne les avez-vous pas dépossédés de leurs résidences principales, acquises légalement. la Justice guinéenne a-t-elle eu le courage d’examiner professionnellement ces affaires ? Dans le cas particulier du président de l’UFDG et de l’ANAD, cette propriété acquise légalement, n’a-t-elle pas été rasée en plein jour alors qu’elle fait objet d’un dossier devant les tribunaux ? Où est cette Justice M. Morissanda Kouyaté ?
Dans l’autre affaire impliquant le leader de l’UFDG, Air Guinée, où en est-on après l’audition de Mamadou Sylla, acheteur de la compagnie aérienne en faillite, et les avis juridiques publiés par les Conseillers de Cellou Dalein Diallo ? Pourquoi cette Justice retient-elle toujours certains des principaux leaders du RPG AEC pour, selon leurs avocats, des faits non établis ? Rappelez-vous que l’un d’entre, Loucény Camara, ancien député et ministre sous le régime déchu d’Alpha Condé est décédé en détention arbitraire pour des raisons politiciennes.
Médiation de la CEDEAO
Vous avez également soutenu que : « en ce qui concerne les décisions pour changer la Guinée vers le bien et dans le bon sens du développement, personne d’autre ne viendra nous aider autrement que sur ce que nous pouvons. Alors, ce n’est pas à une organisation de nous dire d’aller à gauche ou à droite. Nous disons là où nous allons et nous proposons à la communauté internationale. Tout le monde est fixé sur la durée de la transition, personne ne parle du contenu. Le gouvernement a dix points de la transition qui commence par le recensement général de la population ».
Ces dix points peuvent être réglés en douze (12) mois ou, tout au plus en quinze mois (15) mois. Vous venez de nous faire perdre une année au cours de laquelle votre gestion a favorisé le retour des pratiques du régime renversé : répression et tueries dans des quartiers et villes où sont majoritairement concentrées une des principales composantes ethnique du pays, soupçonnée à tort ou à raison d’être les alliés de Cellou Dalein, népotisme.
La communauté internationale accompagne les pays dans leurs choix, mais en tenant compte de la légitimité de leurs dirigeants. Vous du CNRD et de son gouvernement n’avez pas cette légitimité. Et vous refusez à vos compatriotes guinéens, qui ne se reconnaissent pas en vous, et au nom desquels vous aimez parler, le droit de choisir leurs dirigeants. Vous leur refusez même d’écrire leur loi fondamentale. C’est l’ayant compris que le Premier ministre Mohamed Béavogui a préféré rendre le tablier, non sans avoir tout essayé pour montrer la bonne voie à suivre.
Et quand vous affirmez que : « nous avons récusé la première personne désignée par la CEDEAO pour jouer la médiation en Guinée. Quand vous dites que le président Dr Yayi Boni a été choisi par la CEDEAO, il faut bien ajouter qu’il a été accepté par la Guinée. Nous sommes très heureux d’avoir un ancien président qui a quitté démocratiquement au pouvoir au terme de deux mandats. Donc son expérience et sa sagesse nous intéressent (…) », sachez que d’autres, comme guinafnews.org, avaient souhaité la nomination d’un autre médiateur, car Mohamed Ibn Chambass, impliqué dans les crises guinéennes depuis 2007, n’était pas le bon choix. Nous avions suggéré l’ancien président de la transition militaire du Niger, le Général Salou Djibo.
Alors, Dr. Morissanda Kouyaté, sachez dire la vérité ou vous taire. Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré n’ont pas fui la Justice guinéenne. C’est votre régime, qui veut confisquer le pouvoir qui les a poussés à l’exil involontaire. La médiation de la CEDEAO, si elle réussit, permettra leur retour au pays très prochainement.
L’échec du CNRD, mal conseillé par le gouvernement dont vous êtes membre et de certains acteurs politiques et sociaux sans base populaire a favorisé la classe politique qui mobilise au moins 95 pour cent des guinéens. Cet échec a favorisé le rapprochement de l’UFDG et du RPG AEC, avec la CORED et le FNDC-Politique, pour la recherche des meilleures voies pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.
En passant, vous et d’autres devriez retenir que je n’ai jamais été militant de l’UFDG ou de l’UFR. Et si l’occasion vous est donnée, demandez à l’ex président Alpha Condé pourquoi, à la fin des années 80, il voulait que je sois membre du comité directeur de son parti et fondateur du RPG. J’ai accepté d’être membre du Comité central, que j’ai quitté quand j’ai constaté que l’ethnostratégie était une ligne politique…
Ibrahima Sory BALDÉ
(*) https://www.visionguinee.info/le-ministre-morissanda-conseille-a-dalein-et-cie-deviter-dutiliser-la-carapace-politique-pour-resister-aux-fleches-judiciaires/