Emmanuel Macron : « la France est aux cotés de la Cédéao pour l’aider à libérer Bazoum et à rétablir l’ordre constitutionnel » (*)
Le Président français a réagi, depuis New Delhi où il a pris part au Sommet du G20, aux accusations des nouvelles autorités nigériennes qui, la veille, ont indiqué que la France préparait une intervention militaire au Niger en coordination avec certains pays membres de la Cédéao tout en dénonçant « les manœuvres sournoises et dilatoires » de Paris sur le retrait total de ses troupes stationnées dans le pays.
Après avoir rappelé que la France a condamné le coup d’état et qu’elle ne reconnaît aucune légitimité au nouveau pouvoir de Niamey, Emmanuel Macron a déclaré que la France continue de se coordonner « pleinement » avec les chefs d’Etat de la Cédéao pour faire libérer le président Bazoum et restaurer l’ordre constitutionnel au Niger. Il a également martelé que les discussions relatives au départ ou redéploiement des forces françaises stationnées au Niger, se feront uniquement avec les autorités légitimes du pays c’est-à-dire avec le président Bazoum, « qui n’a pas renoncé à son pouvoir », selon les mots de Macron.
C’est depuis New Delhi, en Inde, où il venait d’assister au Sommet du G20 que le Président français a évoqué la situation au Niger, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée ce dimanche. En réponse à la question d’un journaliste sur les faites la veille par les autorités nigériennes de transition qui, la veille dans un communiqué, ont accusé la France de préparer une intervention militaire contre le Niger d’une part, et d’autre part de savoir où en sont les discussions, côté français sur un redéploiement des troupes françaises dont le CNSP et une bonne partie de la population exige le départ, Emmanuel Macron a, d’abord, rappelé que « les forces françaises sont au Niger à la demande des autorités du pays ».
« Nous sommes au Niger pour lutter contre le terrorisme à la demande du Niger et de ses institutions démocratiquement élues, à savoir le président Bazoum, son gouvernement et son Parlement. Nous avons d’ailleurs eu une action efficace qui a drastiquement réduit des attaques terroristes sur le sol du Niger et nous l’avons fait aux prix de la vie de plusieurs soldats français. (…) Si nous devons redéployer quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui ».
Emmanuel Macron a ensuite souligné que depuis le coup d’État intervenu fin juillet dernier, la France à une position simple : « Nous le condamnons et nous demandons la libération du président Bazoum et la restauration de l’ordre constitutionnel. Et nous ne reconnaissons aucune légitimité aux déclarations des putschistes, puisque le président Bazoum n’a pas renoncé à son pouvoir ». Selon le président français, ce n’est que seulement avec et en coordination avec le président Bazoum que la France va discuter des modalités de redéploiement ou de toute autre question relative à la situation des soldats français au Niger. « Je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui et non pas avec des responsables qui aujourd’hui prennent en otage un président », a poursuivi le chef d’Etat français.
Dans sa réponse, le président Macron a également indiqué que depuis le premier jour, c’est-à-dire au lendemain de la prise du pouvoir par les militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la France « se coordonne » avec l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement de la région. « Nous soutenons pleinement les positions de la Cédéao qui a aussi condamné ce putsch. Elle a pris des sanctions, tout comme l’UEMOA et la CEDEAO continue le travail pour libérer le président Bazoum et permettre de résoudre cette crise. La France est à ses côtés et la soutien », a enfin déclaré Emmanuel Macron avant de conclure que sur le reste, « je n’ai pas d’intention tant que la situation est celle-ci, elle gèle en quelque sorte tout puisque la seule personne avec qui nous avons légitimement parlé, c’est le président Bazoum».
Dialogue de sourds
L’escalade diplomatique par le biais de joutes épistolaires se poursuit donc entre Niamey et Paris. La veille, dans un communiqué lu samedi dans la soirée sur la télévision et la radio nationales, le porte-parole du CNSP et du gouvernement de la transition a accusé la France de continuer de déployer ses forces dans plusieurs pays de la CEDEAO dans le cadre des préparatifs d’une « agression contre le Niger » qu’elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire. C’est ainsi que, selon le colonel Abdourahmane Amadou, à partir du 1er septembre 2023, deux aéronefs de transport militaire de type A400 M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d’Ivoire ainsi que deux autres hélicoptères multi rôles de type super PUMA, une quarantaine de véhicules blindés à Kandi et Malanville au Bénin. Le 7 septembre 2023, a-t-il ajouté, un navire militaire français a accosté à Cotonou avec à son bord du personnel et des moyens militaires alors que parallèlement, une centaine de rotations d’avions militaires cargo a permis de débarquer d’importante quantité de matériels et équipements de guerre au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Bénin.
Dans le même communiqué, le CNSP et le gouvernement de transition ont également dénoncé et fustigé « le manque de sincérité ainsi que les manœuvres sournoises et dilatoires des autorités françaises » sur le retrait total de ses troupes du Niger, des manœuvres qui selon les autorités nigériennes, visent à « émousser, dans la durée, l’ardeur patriotique du peuple nigérien dans sa lutte pour le retrait total des troupes françaises du Niger pour ensuite mieux réussir une intervention militaire contre notre pays ».
A.Y.Barma
(*) https://actuniger.com/politique/19508-emmanuel-macron-la-france-est-aux-cotes-de-la-cedeao-pour-l-aider-a-liberer-bazoum-et-a-retablir-l-ordre-constitutionnel.html