Contre La sansure

La Guinée a un problème de gouvernance et de patriotisme.

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En Droit constitutionnel et en Droit international public, on nous enseigne que la définition de l’État repose sur quatre (4) éléments ontologiques. C’est-à-dire sur des éléments matériels (le territoire, la population) et immatériels (le pouvoir politique et la souveraineté).

Ainsi en paraphrasant René Carré de MALBERG cité par le Pr Abdoulaye SOMA, « L’État est une communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possèdent une organisation d’où résulte pour le groupe envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance suprême d’action, de commandement et de coercition ». Le Pr SOMA va dans le même sens en estimant que « l’État est une population humaine souveraine établie sur un territoire propre administrée par un pouvoir politique institutionnalisé ».

Il est à la fois un corps juridique et politique. C’est un corps juridique par ce que c’est un être de droit qui représente abstraitement l’individu (titulaire du pouvoir politique d’État, des décisions sont imputables et propriétaires des biens. Quant à son corps politique, il est bâti sur le politique, par le politique et pour la politique (voir A. SOMA, Traités de Droit constitutionnel, pp89-92).

Voilà l’État, voici ce qu’on entend par État juridiquement.

Dire ainsi que l’État guinéen n’existait pas avant l’avènement du CNRD est une aberration et un mensonge fallacieux au vu de ces éléments ontologiques de l’État. Depuis son accession à l’indépendance, la Guinée a toujours existé en tant qu’être juridique et politique. Un État unitaire et laïc. Ils auraient plutôt évoqué de la faillite de l’État c’est-à-dire dans le cadre de son fonctionnement normal et non de son existence physique ; De la déliquescence de ses institutions politiques et de la mauvaise gouvernance.

Le problème guinéen est un problème de Nation objective.

La Guinée en tant que Nation objective n’existe pas. C’est la mise en place de cette collectivité humaine dans un projet étatique commun qui est inexistant. Le vouloir-vivre ensemble, un projet social et un sort commun qui demeurent difficile à concrétiser. Donc il ne s’agit pas de la conception subjective (ethnie, religion, race…) mais plutôt celle objective de la Nation qui devrait animer nos dirigeants. C’est-à-dire ce corps social homogène, mise par le sentiment nécessaire d’une vie commune.

Dans le contexte actuel guinéen, c’est ce sentiment d’appartenir à une vie, à un projet social et à un sentiment commun qui a été ébranlé, piétiné, déchiqueté depuis le premier régime jusqu’à nos jours. La société guinéenne est une société divisée. C’est une réalité. Même l’aveugle ne saurait le démentir. Il existe un sentiment de méfiance entre les groupes. Ceci a été exacerbé par nos gouvernants et nos politiques. La discrimination est érigée en norme suprême. Le patriotisme a disparu, c’est l’intérêt personnel et égoïste qui prédomine.

À nos dirigeants de chercher plutôt à créer une Nation guinéenne objective où chaque Guinéen, quels que soient sa religion, son ethnie, ses compétences et son bord politique se sentirait associé à la vie de la Nation, à un projet commun qui est indispensable à la construction d’un État démocratique inclusif et respectueux des droits de l’Homme.

La Guinée a un problème de gouvernance et de patriotisme.

Dr Sadou Diallo

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