Contre La sansure

En larmes, Bah Oury raconte les atrocités du 28 septembre : ‘’Des femmes violées ont essayé de se perdre dans la nature’’

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Devant la barre dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre, l’ancien ministre de la réconciliation nationale est revenu sur les raisons de l’organisation de cette manifestation. Pour Bah Oury, les forces vives voulaient prouver à la junte la position de la majorité des guinéens contre une éventuelle candidature de Dadis Camara à l’élection présidentielle.

A la question de l’avocate Halimatou Camara de la partie civile de savoir si vouloir exprimer une opinion politique constitue une infraction, Bah Oury répond  : ‘’Le CNDD a organisé maints meetings pour exprimer leur volonté politique. Par conséquent, l’équité suppose qu’ils devraient accorder le même droit à d’autres citoyens de le faire’’.

Et Maître Camara de poursuivre : ‘’Certaines questions vous ont été posées soi-disant que vous voulez transformer cette date du 28 septembre en un référendum. On dit aussi que vous n’avez pas suffisamment de légitimité pour aller au stade. Quand vous vous réfèrerez à l’histoire de la place Tahir, en Egypte, assiégée par des citoyens pendant 18 jours pour revendiquer une certaine légitimité, démocratie, parce qu’ils avaient soif du changement, quel sentiment avez-vous en tant que démocrate lorsque dans cette salle d’audience, on veut dénier aux forces vives la légitimité d’aller au stade pour dénoncer un système politique ?’’.

L’ancien ministre de la réconciliation nationale répond : ‘’Le 28 septembre 1958, c’était la volonté du peuple de Guinée d’opter pour le Non en réclamant l’indépendance. Donc, le fait que cette date est devenue symbolique pour la Guinée, c’est parce que la très grande majorité de guinéens ont dit Non à la France. Nous, nous n’avions pas les moyens d’organiser un référendum avec des bulletins de vote ; mais l’organisation d’un vaste rassemblement était une autre forme de référendum pour dire que nous sommes contre la dictature et nous voulons la démocratie’’.

Bah Oury affirme aussi que ‘’c’est tout à fait normal. En mars 1960, de simples citoyens sud-africains ont marché contre l’Apartheid. Ils ont été abattus et jusqu’à présent, cette date est commémorative de la lutte du peuple sud-africain. Et les autorités post-apartheid consacrent à cette journée toute son importance. Et nous aussi, ceux qui sont tombés le 28 septembre 2009, ce sont des martyrs qui ont donné leurs vies pour la démocratie et la liberté. Nous avons redonné une autre dimension historique à la date du 28 septembre 1958 et une autre forme de continuité (…). Cette date est devenue pour l’immense majorité des guinéens un rendez-vous de la Guinée avec son histoire et son avenir’’.

La défense des victimes cherche à savoir : »Vous avez eu droit à des menaces de mort au moment où vous devez accéder au droit à la santé à l’hôpital Ambroise Paré, est-ce qu’à la suite de ces menaces un seul geste a été fait à l’endroit des leaders qui étaient là ? ».

Et Bah Oury d’expliquer : ‘’La seule chose que nous savons, c’est l’intervention de la communauté internationale et surtout le dynamisme et la réactivité du président Wade pour essayer de faire évacuer les responsables politiques pour des soins à l’étranger (…). Toute autre action judiciaire en ma connaissance, on l’a sentie avec l’arrivée à Conakry de Mme Fatou Ben Souda de la CPI’’.

Pourtant, lui demande l’avocate, ‘’le président de la transition d’alors a dit qu’il ne savait pas que les gens étaient agressés dans les hôpitaux alors qu’on mettait en place un système de répression systématique. Est-ce que dans vos souvenirs, il y avait une communication ardue du fait que les citoyens étaient en danger ?’’

‘’Je ne me souviens pas de cela. Et il y avait une méfiance exacerbée vis-à-vis de tous ceux qui étaient les représentants de l’Etat en ce moment.  Même dans les hôpitaux, les gens avaient peur de s’y rendre. Il y a des blessés qui ont préféré utiliser d’autres systèmes pour accéder à des soins. Des femmes violées ont essayé de se perdre dans la nature’’, déplore-t-il.

Abdoulaye Bella Diallo, pour VisionGuinee.Info

In. https://www.visionguinee.info/en-larmes-bah-oury-raconte-les-atrocites-du-28-septembre-des-femmes-violees-ont-essaye-de-se-perdre-dans-la-nature/

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