Contre La sansure

Enjeux, candidats, scrutin… Ce qu’il faut savoir des législatives au Sénégal

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Les Sénégalais sont appelés aux urnes dimanche pour élire leurs députés, huit mois après la large victoire à la présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, sur une promesse de rupture avec son prédécesseur Macky Sall. 

Le Sénégal élira, dimanche 17 novembre, son prochain Parlement, les nouveaux dirigeants espérant obtenir une majorité nette pour tenir la promesse de rupture qui leur a permis de remporter la présidentielle il y a huit mois.

Le président Bassirou Diomaye Faye, largement élu en mars, a dissous l’Assemblée en septembre, dès que la Constitution le lui permettait, provoquant ces législatives anticipées. Quels sont les grands enjeux du scrutin ? Le Pastef peut-il rafler la mise ? France 24 fait le point.

Inverser le rapport de force

Les 7,3 millions d’inscrits peuvent confirmer leur choix de mars en donnant une majorité parlementaire au président Bassirou Diomaye Faye et à son Premier ministre Ousmane Sonko.

Ils passeront à nouveau par les urnes, suivant une longue tradition démocratique alors qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest, des militaires ont imposé par la force des agendas qu’eux aussi disent souverainistes et panafricanistes.

La cohabitation forcée avec une majorité parlementaire hostile a montré pendant quelques mois que, sans le soutien du législatif, l’exécutif aurait du mal à tenir la promesse de transformer l’État, instaurer la justice sociale, combattre la corruption et rétablir l’indépendance d’un pays aux partenariats politiques et économiques diversifiés, mais qui aurait, selon eux, bradé ses intérêts à l’étranger.

L’ampleur de la victoire est aussi en jeu. L’exécutif a besoin d’une majorité des trois cinquièmes pour réviser la Constitution, comme promis, sans passer par le référendum. Idem pour mettre en accusation l’ancien président Macky Sall.

L’opposition met en garde contre le danger de confier un pouvoir hégémonique à un pouvoir, selon eux, extrémiste ou incompétent. « Nous faisons face à un système qui n’est pas encore mort », a dit Ousmane Sonko en meeting mercredi soir.

Conserver la confiance des électeurs

« La présidentielle, c’était pour ou contre Macky Sall ; ici ça va être pour ou contre Ousmane Sonko », analyse l’enseignant chercheur El Hadji Mamadou Mbaye. Or « Ousmane Sonko continue de surfer sur sa popularité de la présidentielle, et les gens ont compris qu’il est nécessaire de leur donner la majorité pour pouvoir mettre en œuvre les politiques publiques ».

Les nouveaux dirigeants semblent en passe de réussir leur pari car les Sénégalais confirment historiquement aux législatives leur vote de la présidentielle, rappellent les analystes. En face, l’opposition est dispersée, bien qu’une partie a réussi à constituer des coalitions, note Maurice Soudieck Dione, professeur de science politique.

De son côté, l’opposition claironne qu’en huit mois Ousmane Sonko a beaucoup parlé et peu agi.

Le chômage est à plus de 20 %, la vie est chère. Des centaines de Sénégalais continuent à tenter de rallier l’Europe en pirogues. Les comptes publics sont dans le rouge et le Fonds monétaire international vient de suspendre un programme d’aide. Différents projets sont bloqués et le privé attend le paiement des créances de l’État.

« Il peut y avoir un avertissement de la part des électeurs », envisage Maurice Soudieck Dione.

France : la diaspora sénégalaise fait campagne
France : la diaspora sénégalaise fait campagne © Laura Mousset Diallo

 

Forces en présence

 

Pour le camp présidentiel, le Premier ministre, Ousmane Sonko, est tête de liste du Pastef, son parti. Il aurait pu être président si sa candidature n’avait été invalidée au terme de trois années de confrontation avec le pouvoir. Il a fait élire Bassirou Diomaye Faye. Dans un système historiquement hyper-présidentiel, il est un super vice-président en puissance. Il continue à souffler sur les braises comme quand il appelle en pleine campagne à venger ses militants agressés, avant de rétropédaler.

Face à lui, Macky Sall, ancien président (2012-2024) a rompu avec la coutume de réserve post-présidentielle en acceptant la tête de la coalition Takku Wallu Sénégal. Parti sans gloire en avril à destination du Maroc, il fait campagne à distance. Son retour in extremis, malgré le risque d’être inquiété par ses successeurs, aurait un retentissement considérable.

Candidat malheureux à la présidentielle, Amadou Ba, dernier Premier ministre de Macky Sall, est lui aussi dans la course, à la tête de la coalition Jamm Ak Njariñ. Il s’est éloigné de Macky Sall et d’un camp dans lequel certains lui ont savonné la planche à la présidentielle et d’autres l’ont suivi dans cette campagne.

Enfin, Barthélémy Dias, maire de Dakar, est tête de liste de la coalition Samm Sa Kaddu. Ancien allié de Ousmane Sonko, il est devenu son adversaire et a participé à électriser la campagne en échangeant les invectives avec le Premier ministre. Il revendique d’avoir un permis de port d’arme et a été condamné en 2022 à de la prison ferme dans une affaire d’homicide.

Mode d’emploi 

Les Sénégalais sont appelés à élire 165 députés pour cinq ans. Cent-douze le sont au scrutin majoritaire à un tour dans les départements et à l’étranger (pour 15 d’entre eux) et 53 autres au scrutin proportionnel sur une liste nationale.

Il y a 41 listes. Toutes doivent respecter la parité homme-femme. Aucune femme n’est tête de liste.

Lire la suite…https://www.france24.com/fr/afrique/20241114-enjeux-candidats-scrutin-ce-qu-il-faut-savoir-des-legislatives-au-senegal

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