Fin de la transition au 31 décembre 2024 : Concessions et compromis pour une paix durable en Guinée !
Le spectre de la date butoir du 31 décembre 2024, marquant officiellement la fin de la transition en Guinée, suscite autant d’appréhensions que de tensions.
Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), redoutant une possible escalade de la violence, a déjà consenti à d’importantes dépenses pour renforcer l’équipement des forces de sécurité chargées du maintien de l’ordre public. Pendant ce temps, certains partis politiques mobilisent leurs militants pour prévenir toute tentative de dépassement de cette date fatidique.
Mais, alors que les craintes d’une recrudescence de violences planent, un consensus émerge : la paix est une nécessité impérieuse. Pourtant, cette paix dépend largement de quatre figures clés de la scène guinéenne : le Général d’armée Mamadi Doumbouya, le professeur Alpha Condé, Elhadj Cellou Dalein Diallo et Monsieur Sidya Touré. À eux s’ajoute la responsabilité collective des institutions et des citoyens guinéens.
Les 19 jours restants ne suffiront pas à garantir des élections crédibles et apaisées. Il est donc impératif de redéfinir un cap basé sur des concessions réciproques et des compromis courageux pour éviter que le pays ne sombre dans l’instabilité. Voici une analyse des enjeux et des solutions envisageables pour préserver la paix.
1. L’urgence d’un réaménagement du calendrier électoral
Dans les faits, tenir des élections dans les délais impartis est irréaliste. L’état d’avancement du RAVEC (Recensement administratif à vocation d’état-civil) est à peine évoqué, et un fichier électoral qui devrait en être tiré reste un mirage. Dès lors, il est impératif de convenir d’un nouveau calendrier pour les consultations référendaire, communale, législative et présidentielle.
Les autorités de la transition, à travers le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, ont déjà reconnu l’impossibilité de mettre fin à la transition le 31 décembre prochain. Cependant, toute prolongation doit être le fruit d’un dialogue inclusif et non d’une décision unilatérale, afin d’éviter les tensions politiques et sociales.
2. Pour un véritable dialogue inclusif
Un dialogue inclusif ne saurait être un simulacre où certains acteurs majeurs sont exclus. Il serait illusoire de vouloir tenir un dialogue sans la participation des partis des trois leaders politiques évoqués plus haut. Ces trois principaux partis politiques — RPG/Arc-en-ciel, UFDG et UFR — représentent réunis plus de 90% de l’électorat si l’on se fie aux données des dernières élections. Les ignorer reviendrait à perpétuer une crise latente.
Cependant, l’inclusivité implique des concessions majeures de la part du CNRD, notamment :
– La libération des détenus dits politiques et l’arrêt des poursuites judiciaires contre les exilés, volontaires ou non ;
– L’intégration de tous les partis politiques et les organisations de la sociéte civile légalement reconnus par le ministère en charge des libertés publiques, qu’ils soient jugés représentatifs ou non ;
– La suspension temporaire de certaines décisions judiciaires sensibles, le temps que des institutions démocratiquement élues puissent s’en charger.
Ces mesures, bien que contraignantes, sont essentielles pour rétablir la confiance et éviter des affrontements inutiles.
3. Des compromis nécessaires pour les partis politiques
Les partis politiques, de leur côté, doivent également faire preuve de pragmatisme et de lucidité face aux réalités. Exiger la non-participation d’un membre du CNRD, en particulier du Général Mamadi Doumbouya, ne devrait pas être une condition inflexible ou sine qua non. Cette question pourrait être débattue lors du dialogue inclusif et arbitrée par un consensus national.
Pour garantir la transparence des élections et apaiser les tensions, il pourrait par exemple être proposé que :
? La CENI à mettre en place soit placée sous la gestion directe des Nations Unies, avec une supervision minimale des confessions religieuses guinéennes ;
– Les partis politiques participent uniquement aux organes décentralisés de la CENI pour éviter des suspicions de partialité ;
? Un mécanisme de suivi indépendant soit instauré pour prévenir toute tentative de fraude.
Ces mesures visent à garantir des résultats incontestables, acceptés par toutes les parties. De plus, si une éventuelle candidature du Général Mamadi Doumbouya était entérinée, il devrait obligatoirement ôter l’uniforme pour concourir à chances égales avec les autres candidats. Ces derniers, qui se disent sûrs de leur assise nationale, ne devraient avoir aucune crainte de l’affronter lors d’un scrutin bénéficiant de toutes les garanties de transparence.
4. Tirer les leçons du passé : un esprit de consensus
L’histoire récente de la Guinée montre que des compromis ont déjà été trouvés dans des contextes similaires. Sous la transition du Général Sékouba Konaté, le CNT dirigé alors par feue Hadja Rabiatou Serah Diallo avait renoncé à introduire une limite d’âge qui aurait empêché le candidat Alpha Condé et d’autres de se présenter. Aujourd’hui, un esprit similaire de consensus doit guider le CNRD et les partis politiques, pour mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation.
Construire une paix durable
Les pistes évoquées ici ne prétendent pas épuiser les solutions, mais elles posent les bases d’un dialogue constructif et d’un apaisement durable. La Guinée, riche de son histoire et de sa diversité, ne peut se permettre de replonger dans des conflits destructeurs. Le chaos et les situations déplorables constatés dans certains pays devraient servir de leçon, même s’il est incontestable que des pyromanes irréductibles de service existeront toujours.
Si les acteurs politiques et les autorités de la transition font preuve de lucidité, de responsabilité et surtout de courage, alors le 1er janvier 2025 pourra marquer un nouveau départ pour ce pays aux potentialités immenses. La paix n’est pas une option ; c’est une nécessité impérieuse pour le peuple guinéen et tous ceux qui ont choisi d’y vivre et d’y croire.
Si ces quatre figures majeures de la scène guinéenne le désirent véritablement, la Guinée pourra demeurer un havre de paix au matin du 1er janvier 2025, et les Guinéens échangeront des accolades en se souhaitant les traditionnels vœux de nouvel an.
Par Abou Maco
Source: https://www.nouvelledeguinee.com