Trente (30) mois se sont déjà écoulés depuis l’accession au pouvoir du Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD), la junte militaire qui avait renversé le régime d’Alpha Condé le 5 septembre 2021.
Après avoir entretenu le flou sur ses intentions, le CNRD a traîné les pas pendant plus d’un an avant de conclure un accord dynamique avec la CEDEAO sur la conduite de la transition pour une durée de 24 mois, allant du 1er janvier 2023 au 31 décembre 2024.
Alors qu’à ce jour, il n’y a aucune visibilité sur la conduite de la transition, il y a encore des interrogations sur les vraies intentions des putschistes. Jusqu’où ira le CNRD après la dissolution du gouvernement, suivie de la nomination d’un nouveau Premier ministre ?
Cette question préoccupe aujourd’hui la majorité des guinéens qui rêvent de voir le retour à l’ordre constitutionnel à la date indiquée.
De l’avis de nombreux observateurs, la nomination de Bah Oury à la primature, un vétéran de l’échiquier politique guinéen, devenu allié de la junte, n’est autre qu’une manœuvre du CNRD de redonner un nouveau souffle après l’échec avéré du gouvernement dissout, afin de pouvoir prolonger la durée de la transition au delà du délai imparti.
A sa prise de fonction, Bah Oury, reconnait que les défis sont grands et les attentes sont immenses. Mais, poursuit-il, ‘’Je suis persuadé que nous sommes collectivement capables de faire renaître l’espoir et la confiance en un avenir proche radieux pour la Guinée.’’.
Dans l’attente de la formation du nouveau gouvernement, les acteurs politiques qui espèrent que le nouveau Premier ministre va s’investir activement pour permettre au retour à l’ordre constitutionnel, ne veulent pas se laisser distraire par la junte militaire, dirigée par le Général Mamadi Doumbouya, qui peine à respecter les engagements pris le 5 septembre 2021.
L’ANAD de Cellou Dalein Diallo, souhaite vivement qu’avec l’arrivée de Bah Oury à ce poste et grâce à ses initiatives, ‘’la crise multiforme que notre pays traverse soit résorbée, la confiance entre les acteurs politiques restaurée, la Charte de la transition et les libertés publiques respectées, et le retour à l’ordre constitutionnel assuré par l’organisation diligente d’élections inclusives et crédibles dans le respect des engagements pris à cet égard »
De son côté, l’UFR de Sidya Touré soutient l’idée de ‘’requalification de la transition sur le fondement de la poursuite des actions urgentes pour le retour à l’ordre constitutionnel et ce, conformément aux engagements pris auprès de la CEDEAO.’’ et invite tous les militants pro démocratie à ‘’rester mobilisés et résilients pour le retour à l’ordre constitutionnel.’’.
Pendant qu’aucun des dix points du chronogramme de la transition n’a encore été réalisé après 30 mois de gestion, il y a encore des interrogations quant à la volonté de la junte militaire de rendre le pouvoir aux civils dans les délais impartis.
Dans l’attente de la formation du nouveau gouvernement, les guinéens s’interrogent sur les vraies intentions des militaires qui avaient renversé le régime d’Alpha Condé.
Ce troisième Premier ministre réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? , Jusqu’où ira le CNRD pendant cette deuxième phase de la transition ?
Attendons de voir.
Abdoul Wahab Barry