Contre La sansure

GUINEE : Comment rectifier la transition ?

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A quand la fin de la transition en Guinée ? Cette question préoccupe bon nombre de guinéens dont l’espoir de voir le pays revenir à l’ordre constitutionnel devient de plus en plus maigre.

L’accession au pouvoir du CNRD (la junte militaire) par effraction, le 5 septembre 2021 a pourtant suscité un  grand espoir chez les guinéens dont la majorité étaient opposés à la reforme constitutionnelle qui avait permis à Alpha Condé de briguer un 3ème mandat contre la volonté populaire.

Près de 3 ans après le coup d’Etat, la junte militaire n’a menée aucune action allant dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel.

La gestion solitaire de la transition par le Général Mamadi Doumbouya  et son clan a mis le pays dans une situation d’incertitude et de désespoir totale.

Les arrestations arbitraires, le harcèlement judiciaire et fantaisiste des acteurs politiques, le musèlement de la presse qui a conduit à la fermeture des principaux médias privés,  et les multiples violations des droits de l’homme ont poussé de nombreux acteurs politiques et de la Société civile à s’exiler, laissant ainsi les militaires à dicter leurs lois contre la volonté populaire.

Alors que l’accord dynamique conclu avec la CEDEAO pour rendre le pouvoir aux civils à l’issue des élections libres et transparentes doit prendre fin le 31 décembre 2024, il n’y a eu aucune avancée. A date, un glissement du calendrier électoral est inévitable parce que la junte est dans une logique de confiscation du pouvoir.

Affaiblies par les juntes malienne, burkinabé et nigérienne, qui ont quitté l’organisation sous régionale pour former une confédération des Etats du Sahel, la CEDEAO et la communauté internationale peinent à accentuer la pression sur la junte guinéenne.

Les conclusions du dernier sommet de la CEDEAO tenu récemment à Abuja (Nigéria) laisse planer un doute quant à la capacité de l’organisation sous-régionale à faire plier la junte guinéenne et  l’exiger à organiser les élections afin de rendre le pouvoir aux civils comme promus par les putschistes au lendemain de la chute du régime d’Alpha Condé.

Pendant que les principaux leaders politiques, en l’occurrence Cellou Dalein Diallo de l’UFDG et Sidya Touré de l’UFR sont en exil à l’étranger, on assisté à des arrestations arbitraires des leaders du FNDC (Foniké Mengué et Billo Bah) qui projetaient une manifestation courant Août pour exiger le respect du chronogramme électoral.

Du côté du RPG, l’ancien parti au pouvoir, qui malgré tout assure sa survie politique en raison de la chute de popularité de la junte militaire, on s’étonne du silence coupable de la communauté internationale.

Marc Yombouno, qui a pris la parole récemment pour recadrer la CEDEAO, déplore les manœuvres du CNRD pour se maintenir au pouvoir contre la volonté du peuple de Guinée.

« Où est la constitution jusqu’à présent ? », s’interroge l’homme politique.

« On nous présente des séances de sport au palais là-bas pour dire que ce sont des actions patriotiques en lieu et place du projet de constitution. C’est grave. On planifie le référendum pour cette année. À quelle date ? On ne le connaît pas », regrette l’ancien ministre du Commerce  qui tacle la CEDEAO.

« Ce qui nous étonne, depuis que la CEDEAO a ficelé le chronogramme dit dynamique avec les autorités guinéennes sans la participation de la société civile, sans la participation des partis politiques, même sa représentation qui est à Conakry n’a pas rencontré les partis politiques pour analyser ce qui s’est fait, ce qui n’est pas fait, et comment rectifier le tir. Aucune action n’a été faite à son niveau. Comment au sommet des chefs d’État, cette CEDEAO peut dire que la transition guinéenne se porte bien ? Sur la base de quoi ? Même un élève de l’école primaire, dans une analyse, tient compte des positifs et des négatifs », ajoute-t-il.

Comment rectifier cette transition et permettre aux guinéens de choisir librement leurs dirigeants ?

Cette question mérite d’attirer l’attention de la communauté nationale et internationale afin d’éviter que le pays bascule dans une situation chaotique après le 31 décembre, car les acteurs politiques et la Société civile ne comptent pas reconnaitre la junte au pouvoir après cette date.

Abdoul Wahab Barry

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