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GUINÉE : LA CAPITALE CONAKRY CROUPI SOUS LES EFFETS DES DÉCHETS PLASTIQUES

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Des emballages plastiques, des bols en plastiques, des bidons et sachets d’eau, ainsi que des Pneus sont abandonnés çà et là dans chaque coin des rues de Conakry. Des déchets plastiques, il y en a en quantité dans tous les marchés de la capitale.  Dans les caniveaux, sur les plages comme dans la mer et dans les cours d’eaux cela crève les yeux.

Les guinéens utilisent les emballages plastiques pour divers services :  la nourriture, les habits, les médicaments et bien d’autres choses sont transportés à travers les sachets plastiques.  Ces sacs en plastique   ont remplacé les paniers de plusieurs femmes à Conakry et à l’intérieur du pays. Les statistiques du rapport de professionnalisation des déchets de 2018 indiquent que la capitale Conakry produit plus de 1000 tonnes de déchets par jour et plus de 300 tonnes de déchets plastiques sont potentiellement produits dans le Grand Conakry et ses périphéries. Selon une autre étude réalisée en 2017 sur l’ensemble du territoire national, la quantité du déchet plastiques produite est de 0,603 Kg par jour et par habitant, soit environ 485.291 tonnes de déchets plastiques produites annuellement en Guinée. Une véritable bagatelle pour la gestion des déchets plastiques.

Sur les traces d’une jeune femme ménagère

Plusieurs personnes ne sont pas conscientes des conséquences néfastes de la pollution causée par les déchets dont celles venant des plastiques. C’est le cas de Mafoudia Traoré une jeune mère à Hafia 3 dans la commune de Dixinn.  Avec Deux sacs plastiques en mains, contenant des condiments pour la cuisine, Mafoudia Traoré sort du marché de concasseur dans la commune de Ratoma.  La jeune femme de 28 ans emprunte le chemin qui la mène à sa maison. Sur ses traces dans cette rue inconnue de la capitale guinéenne, nous suivons cette jeune mère jusque dans sa maison. En cours de route elle   achète deux sachets d’eaux à 1000 GNFpour assouvir sa soif, mais quelques minutes plus tard, ces sachets en plastique se retrouvent dans le caniveau non loin du marché. Interrogée sur les causes de ce geste elle nous explique « C’est le marché, tous ces endroits sont sales il n’y a pas de poubelles, tu vois ces femmes vendeuses elles mettent tout dans les caniveaux avant de rentrer, même quand elles nettoient, c’est pour mettre tous les déchets dans le caniveau » se justifie-t-elle.

Tout prêt d’elle une autre dame avec un enfant au dos abandonne un bidon d’eau vide et le reste de ces galettes dans la rue.  Ce qui a d’ailleurs fait sourire la jeune femme. Un acte qui vient de confirmer ses dits. Depuis près de 15 ans plusieurs entreprises d’eau minérales se sont installées en Guinée. Ces entreprises ont certes amélioré la santé publique en diminuant le tôt de maladie hydrique, mais elles, en ont créé une autre problématique : la production des déchets. Ces entreprises produisent plus déchets plastique non biodégradables. Malheureusement les industries d’eau minérale et de produits plastiques ne prennent pas en charge les déchets post-consommation générés par leur produit.

Dès son arrivée à la maison, Mafoudia renverse tous ses condiments dans un grand panier et se met au travail.  Avant la fin de la cuisine elle balaie sa cour et ramasse tous les déchets qu’elle emballe dans les plastiques achetés au marché « Habituellement je garde les plastiques pour faire le feu, comme je prépare avec du charbon c’est très facile de faire le feu avec les plastiques mais ceux-ci sont mouillés donc je préfère les jeter » affirme la jeune dame.

Dans les mêmes sacs, elle ajoute des bols en plastique usés qu’elle vient de remplacer ainsi que d’autres sachets d’eau et des bidons percés. Toutes ces ordures sont jetées le soir dans la grande poubelle que l’État a installée auprès des grands carrefours ou dans des poubelles sauvages crées par les citoyens eux même. La jeune mère nous raconte qu’elle ne fait plus confiance au PME pour ramasser ses ordures « Nous ne sommes   plus abonnés au PME, les PME qui passent dans le quartier sont chères parfois tu payes mais ils ne respectent pas leur engagement, ils promettent de passer 2 ou 3 fois dans le quartier mais ils viennent une fois par semaine ou une fois chaque 2 semaines.   Avant on incinérait nos ordures, mais en période de pluie certains déversent dans les caniveaux, nous on va les verser dans la poubelle de l’État, d’autres par contre attendent tard la nuit pour déposer les ordures devant les concessions ou dans la rue, voir tu nettoie chez toi et tu viens salir chez ton voisin » regrette Mafoudia Traoré.

A Conakry, le ramassage des ordures est assuré par le Secteur Public de Transfert des Déchets SPTD ou par les services privés appelé PME d’assainissement. Généralement la pré collecte est faite par ces PME qui déposent les ordures ménagères au niveau des points de regroupement et l’évacuation secondaire est assurée par le SPTD. Selon Mafoudia « Les PME ne sont pas nombreux, il peut avoir une seule personne pour tout un quartier.  En plus, ce sont des motocyclistes ils envoient pour ramasser nos ordures, ça se remplie très vite, les camions de ramassage des ordures de l’État   passent rarement, ça fait plus de 2 ans je n’ai pas vu ces camions dans le quartier » explique Mme. Traoré

Les déchets plastiques envahissent les rues et autres places publiques de la capitale Conakry. Le pays n’interdit ni la production, ni l’importation et ni   la commercialisation de cette matière par les habitants. Pour l’instant on ignore l’existence des textes règlementaires ou leur application sur la gestion des déchets plastiques.

Situation des déchets plastiques à Conakry

Les statistiques du rapport de professionnalisation des déchets de 2018 indique que la capitale Conakry produit plus de 1000 tonnes de déchets par jour dont 20% sont des déchets plastiques, 40% des déchets organiques 4% pour les vers, les métaux 5%, les papiers cartons 8%,  et 15% de déchets  non qualifiés . Les défis sont énormes dans ce secteur de gestion des déchets. Le manque d’infrastructures adéquates est l’un des obstacles majeurs de cette gestion. Les décharges contrôlées sont rares et la plupart des déchets sont simplement jetés dans des zones non autorisées. Ce qui entraîne une grave pollution environnementale.

La Guinée a une forte production des déchets plastiques, soit 30% dans la production globale des déchets ménagers solides et assimilés, plus de 300 tonnes de ces déchets plastiques sont potentiellement produits dans le Grand Conakry et ses périphéries, selon Sory Camara président de la Fédération des Gestionnaires des Déchets de Guinée FEGEDEG.

Plus de 485 000 tonnes de déchets plastiques non biodégradables et hautement polluants sont donc produits chaque année dans le pays indiquent les statistiques disponibles au ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts « Aujourd’hui, nous assistons à l’incinération incontrôlée des plastiques, ce qui peut provoquer plusieurs maladies qui menacent la santé publique.

Les plastiques abandonnés dans l’environnement sont des menaces pour le développement durable, car ils provoquent la dégradation environnementale sous plusieurs formes, ce qui entraîne des risques de catastrophes et Urgences Environnementales, la migration climatique etc. » déplore Sory Camra président de FEGEDEG.

Un autre défi majeur dans la gestion des déchets à Conakry est le manque de financement pour les initiatives de gestion des déchets. Les ressources limitées du gouvernement rendent difficile l’investissement dans des infrastructures modernes de gestion des déchets. Cela reste la source d’une dépendance excessive à l’égard des méthodes traditionnelles de gestion des déchets, qui sont souvent inefficaces et nuisibles à l’environnement, et la gestion durable des déchets plastiques. Et   constitue un des problèmes importants pour la préservation de la qualité de l’environnement, la santé des populations et des animaux « Après les sensibilisations, certains citoyens commencent à faire des recyclages. Mais à la fin lorsque les PME de collecte viennent enlever les déchets dans leurs ménages il n’y a pas plusieurs séries de collecte qui doivent se faire. Il n’y a qu’une seule collecte dont ces PME font. Dans ce sens que les ménagers ne sont pas impliqués pour avoir une vision globale de la gestion des déchets. C’est-à-dire comment faire le tri, quel type de déchets, savoir quelle est l’importance des poubelles vertes dans la rue. Normalement, elles ne sont faites que pour les déchets ménagers, les déchets ménagers sont sensés d’être récupéré par les PME de collecte d’ordure. Et donc, il faut dire que ce cycle est vraiment mitigé. » Décrit Fatoumata Chérif, activiste de l’environnement.

Conséquences des déchets plastiques sur l’environnement

Deux grandes catégories de plastiques peuvent être distinguées en Guinée. Selon la norme DIN 6120, il y a les thermoplastiques les thermodurcissables. Les thermoplastiques   sont le polyéthylène haute densité (PEHD), le polyéthylène basse densité (PEBD), le polyéthylène téréphtalate (PET), polypropylène (PP), le polychlorure de vinyle (PVC) et le polystyrène. Ces déchets, qui représentent 80 % du tonnage des plastiques produits, fondent sous l’effet de la chaleur et reprennent leur rigidité en refroidissant. Ces matières plastiques peuvent être recyclées et régénérées.

Les thermodurcissables quant à eux sont le polyuréthane et les polyesters insaturés. Leur transformation est irréversible. La prolifération des déchets plastiques inquiète chercheurs et défenseurs de l’environnement. Le président de la fédération de gestions des déchets est convaincu que les plastiques menacent le développement durable dans un pays. « Les plastiques abandonnés dans l’environnement sont des menaces pour le développement durable, car ils provoquent la dégradation environnementale sous plusieurs formes, ce qui entraîne des risques de catastrophes et Urgences Environnementales, la migration climatique etc…Aujourd’hui le plastiques pollue l’environnement dans son ensemble, notamment le milieu marin, le sol et émettent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui fait de lui un polluant très nuisible pour notre environnement » a indiqué M. Camara président de FEGEDEG.

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