Guinée : le quatuor qui se fracasse au premier pas, confirme ainsi le doute d’une unité impossible de la classe politique (Mognouma)
Dans les souvenirs des Guinéens, quel est l’événement de la semaine qui résistera-t-il au temps ? Question difficile, tellement qu’il y en a eus des plus retentissants.
Probablement, il y a le limogeage du ministre Yaya Sow et tout son cabinet, pour des faits présumés de corruption, dans une affaire qui sera désormais, et pour toujours, estampillée audiogäte. Du nom d’un enregistrement audio, à des fins inavouées, d’une réunion professionnelle, dans lequel on entend des cadres, hilares, entériner un partage de lots de marchés, dans le cadre des travaux de curage des caniveaux, comme cela est de coutume dans ce département, pour des contrats de cette nature.
Quoiqu’empreinte d’émotion et d’excitation et non plus insoupçonnée d’être dictée par la clameur publique, le grand péché de la gouvernance des militaires, cette décision qui est sans précédent, dans un pays dont la gestion est minée par le laxisme, fera date. Elle peut être aussi perçue, malgré tout, comme étant l’expression de la volonté farouche du Président de la transition, de lutter contre la corruption.
Par ailleurs, cet autre évènement n’est pas passé inaperçu. La classe politique qui s’offre en spectacle. Elle confirme le doute d’une unité d’action impossible en leur sein, en tout lieu et en toute circonstance.
Le groupe des quatre coalitions composées des partis politiques les plus significatifs du pays, se fracasse au premier pas d’un chemin pourtant très long et jonché d’embuches. Cela à cause de petits détails liés au titre de coordinateur, dénié au Président de la CORED, El Hadj Mamadou Sylla, qui en fait d’ailleurs un combat d’honneur.
Dans une touffe d’acteurs politiques aux égos surdimensionnés et qui ont les objectifs insidieux, il fallait s’y attendre.
Encore une fois, ce sont des petits détails qui ne méritaient pas ces réactions spectaculaires, surtout quand on est engagé dans un combat où chacun doit sauver sa peau contre des militaires qui n’ont pas l’air d’hésiter d’écrabouiller des voix trop critiques.
Dans ce groupe, on a bien l’impression, qu’il y en a, qui n’en sont pas convaincus.
El Hadj Mamadou Sylla l’a fait savoir sur FIM FM, qu’il court moins de risque et que lui, les cadres de son parti et ses biens, sont très peu menacés, par les actions judiciaires en cours, qui constituent d’ailleurs un des préalables non négociables du quatuor.
Mieux, il ajoute qu’il ne faut être statique, au point de ne pas bouger de sa ligne de crête lors d’une négociation. Ce qui laisse transparaitre une volonté de ne plus s’encombrer avec un quatuor dont le combat ne lui garantit pas grand-chose.
Un prétexte bien trouvé, mais trop banal, pour aller dialoguer avec le pouvoir. En suivant une telle logique, d’autres dans ce quatuor qui ne courent pas eux-aussi de gros risques d’extinction, pourrait avoir la même tentation.
L’avenir nous le dira et il n’est pas confortable pour l’unité souhaitée.
Il est cependant certain que Cellou Dalein Diallo n’ira nulle part.
Par prémonition pour lui, il prépare sa monture. Ce qui pourrait se justifier par sa volonté de renouer avec son ennemi d’hier, le Professeur d’Alpha Condé.
‘’Jeune Afrique’’ nous apprend, à travers le sherpa de l’ancien Président Guinéen, Directeur de rédaction de ce magazine, que celui-ci a parlé plus d’une fois avec son ancien plus grand adversaire, celui-là même, dans les temps, qui a vivement sollicité son éviction du pouvoir par la grande muette, comme cela s’est ainsi produit plus tard.
C’est un instinct de sauvetage pour deux personnes qui auront du mal, c’est évident, à convaincre leurs soutiens irréductibles, de la justesse de cette action révélatrice de l’incurie des politiques Guinéens.
Alpha Condé qui avait l’habitude de tirer les ficelles de la division au sein de la classe politique, sait qu’avec le pouvoir de l’argent et du décret, ainsi que celui d’utiliser la justice à ses fins, qu’en Guinée, rien n’est impossible. Cela se signale déjà !
In DjomaMedia