Guinée : les intellectuels ont laissé le pays dans les mains des moins méritants
Un double standard. Aimé Césaire, célèbre homme politique, écrivain et poète martiniquais et grand ami de la Guinée indépendante disait ceci : ‘’Un intellectuel ne vaut rien s’il ne se pas voue à la cause de son peuple’’.
Or, en Guinée, il est triste de remarquer que de grands intellectuels ont préféré croiser les bras et laisser le peuple sombrer dans la pauvreté, l’injustice et la violence. Ils ont laissé le pays dans les mains des moins méritants. Dans notre pays, cette assertion de Césaire n’a pas sa place. Elle n’a aucun sens aux yeux de nos intellos. Ils nous ont abandonnés ! Ici, c’est chacun pour soi, Dieu pour tous.
Le bas peuple auquel j’appartiens n’a point de recours. Il est difficile de convaincre un pauvre que la richesse ne fait pas le bonheur, soit. Ce citoyen Lambda souhaite avoir une vie meilleure. Il souhaite se loger décemment, se nourrir convenablement, se soigner quand cela est nécessaire. Il veut s’instruire, aspirer et s’émanciper bref, il veut vivre dignement, comme tous les citoyens des pays nanti de ce monde.
Cependant, pour créer un environnement et les conditions nécessaires à l’atteinte de tels objectifs, il est indispensable qu’il y’ait un minimum de confiance entre les acteurs, plus précisément entre les gouvernants et le peuple. Le constat est sans appel. La crise de confiance qui existe entre gouvernants et gouvernés a atteint des proportions inquiétantes. Personne ne fait plus confiance à personne.
Pourtant, les gouvernants ont besoin de la confiance des gouvernés pour pouvoir réaliser des projets d’intérêt commun. Ils ont besoin de leur adhésion et même de leur collaboration pour qu’un travail sérieux et utile puisse être accompli et vice versa. Mais la confiance a foutu le camp de ce pays depuis très longtemps, et cela pour plusieurs raisons :
Les citoyens ont l’amère expérience d’être maltraités, brutalisés et humiliés toutes les fois ou presque, qu’ils entrent en contact avec les représentants du pouvoir public. Le citoyen lamda n’a aucun respect de la part des représentants de l’Etat dans ce pays. Les mairies, les hôpitaux, les bureaux de l’administration publique, les commissariats et j’en passe. Ils paient de l’argent, font ce qu’ils peuvent mais n’ont ni respect, ni service de qualité.
Lorsqu’un citoyen est victime d’incendie ou de cambriolage par exemple, les dits services de secours ne viennent souvent que pour constater les dégâts. Sinon, ils viennent tendre la main à ces mêmes victimes pour des frais. Comment voulez-vous qu’il y’ait de la confiance et de la collaboration dans ces conditions ?
La vérité de nos intellectuels dépend de leurs positions respectives. Le dicton dit qu’on ne voit pas le monde comme il est, mais comme nous sommes.
Nombreux parmi les acteurs politiques et sociaux qui aspirent aux postes de commandement et de gestion de la chose publique ne font pas mieux que les premiers. Quand ils se battent au sein du bas peuple, ils défendent ensemble les mêmes vérités, ils font semblant d’incarner tous les mêmes valeurs et les mêmes convictions. Tous dénoncent et apprécient les mêmes choses. Une fois qu’ils ont accès à un poste électif ou nominatif, les voilà qui se transforment de manière souvent spectaculaire.
La plupart de nos nouveaux maitres deviennent très vite méconnaissables. Ce sont les mêmes qui essaient de justifier ce qu’ils pourfendaient hier et diaboliser les valeurs qu’ils défendaient. Le citoyen peut-il continuer à avoir du respect et de la considération à l’égard de ces derniers ?
Nos dirigeants au haut niveau doivent apprendre à rassurer leurs collaborateurs en les encourageant à être plus justes, plus véridiques et plus utiles à leurs compatriotes. Les agents publics doivent se rappeler qu’ils sont payés par ces mêmes citoyens qu’ils maltraitent souvent. Il ne sert à rien pour un responsable de s’entourer des courtisans qui chantent les louanges du chef tout en maltraitant ou en mentant aux contribuables sans l’adhésion et le soutien desquels aucun progrès n’est possible.
Il est plus qu’urgent pour nous de rectifier le tir en créant les conditions requises pour le rétablissement de la confiance entre le peuple et les gouvernants. Cela y va de l’intérêt de tous. Des efforts sont en cours dans ce sens mais doivent être répercutés et encouragés à tous les niveaux. Pourquoi pas récompenser les meilleurs comportements par exemple ?
Boubacar DIENG