Guinée: quel bilan possible pour une transition qui n’en est plus une?
La junte guinéenne est devenue un poids difficile à supporter.
Elle est non seulement depuis le 1er janvier illégal et illégitime, mais ne cesse de surprendre les Guinéens à travers sa face hideuse et ignominieuse.
La nébuleuse junte qui a fait le choix du parjure s’est depuis trois ans refusée à honorer ses engagements pour une transition vers un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Une insécurité incessante, des Kidnappings d’opposants politiques, des arrestations arbitraires d’opposants politiques, exaction de plus de 30 jeunes manifestants, des scandales financiers sans fin, corruption, pillage systématique des ressources minières du pays, destruction de l’environnement, propagation de la bassesse politique, des coûts économiques grandissants en sont, pour les citoyens, le résultat.
C’est en décidant de confisquer illégalement le pouvoir, ce 01er janvier 2025, en décidant de reporter indéfiniment avec l’avale de la Cédéao, la communauté internationale les élections sensées faciliter une transition politique apaisée que la junte militaire guinéenne a marqué sa troisième année depuis son putsch militaire de 2021.
La junte a donc bafoué l’un de ses engagements pris lors du discours du putschiste françafricain Mamadi Doumbouya le 05 septembre 2021, devenu l’oppresseur, le prédateur et le fossoyeur en même temps.
Mamady Doumbouya prouve tous les jours qu’il ne veut plus transiter. La transition, ce provisoire doit selon lui devenir permanent, et s’éterniser.
Or « la transition démocratique est un processus politique caracterisé par un passage progressif d’un régime non-démocratique par exemple une dictature à une démocratie.»
Mais là nous vivons en Guinée une situation diffuse, dans le temps, avec la mise en place de l’autoritarisme fondé sur le nationalisme ethnique.
Ceci dit le changement politique en terme de transitologie ne correspond à aucun de transition connu jusque là.
Car elle n’a même pas pu aboutir à la décompression autoritaire..
La junte l’a plutôt renforcé en décidant tout simplement d’effacer les partis politiques de la sphère politique guinéenne pour être le seul maître de jeu et imposer aux Guinéens un parti unique, hégémonique, ethniciste, clientelaire dominant.
Elle veut donc étouffer toute forme de rapport de force selon qu’il soit situé dans le pouvoir, à l’extérieur du pouvoir, qu’ils appartiennent aux élites et ou aux masses.
La transition guinéenne ne correspond à aucune typologie des transitions jusque là connues.
C’est juste un alibi sur la forme, une transition politique trompe l’œil.
Le clan despotique de Mamady Doumbouya est animé par une idéologie du nationalisme ethnique assumé.
Cette idéologie est pourtant incompatible à la démocratie puisque fondée sur l’exclusion, la marginalisation, la haine de l’autre et qui se traduit par un rapport de force inégalé, sans aucune place pour les compromis, pour les revendications démocratiques, pour le consensus, le dialogue et l’ouverture.
Le non respect des engagements est incompatible à la transition
Et le fait que cette junte militaire n’a pas tenu à respecter ses engagements liés à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, prouve qu’elle ne veut plus parler de transition en Guinée.
Ces attitudes vont à l’encontre de la définition même d’une transition démocratique.
Elles démontre aussi la faiblesse du pouvoir militaire qui est incapable d’être le maître d’œuvre des dispositions transitoires pour la mise en place de nouvelles institutions, et faisant du gouvernement le maître d’œuvre du processus électoral, en ne misant que sur l’exclusion des grands partis politiques guinéens.
Et cette situation met surtout en avant l’incapacité du gouvernement de transition à maîtriser la temporalité de la transition.
Ce gouvernement de transition faussement appelé ainsi n’a ni la maîtrise de l’agenda, ni du temps dans le processus de la transition.
Dans une transition alibi, rien n’est acquis
Certes, la transition est un passage obligé pour faire passer un changement brutal de régime, pour sortir d’un conflit armé ou simplement d’une crise post électorale (comme ce fut le cas en Guinée), qui assure une ouverture inclusive aux diverses composantes politiques de la société afin de permettre le changement.
Mais la transition c’est aussi un moment fluide, où tout se négocie, où tout reste possible.
Donc faire durer le “statut” officiel de transition politique, peut avoir de lourdes conséquences imprévisibles.
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