Remplacement de Me Traoré au CNT: le Barreau face à un choix cornélien?

La décision de Me Mohamed Traoré de se retirer du Conseil national de la transition (CNT) pour expiration du délai de la transition le 31 décembre dernier, en rappelant: « le 11 mai 2022, dans une très large majorité, un chronogramme de la transition d’une durée de trente six (36) mois.« , interpelle les membres de l’institution parlementaire de transition guinéenne, quasi totalement choisis par le CNRD.
Nombre de commentateurs se demandent si le Barreau n’est pas face à un choix cornélien. Le Bâtonnier a déjà indiqué chez un de nos confrères (*) : « La lettre est adressée à une institution, Me Traoré appartient à une corporation. Quand le CNT me saisira pour me demander de désigner le remplaçant du démissionnaire, je réunirai le Barreau pour prendre une décision. Il reviendra au conseil de l’ordre de trancher la question du remplacement ou non de Me Traoré. »
Pour l’un de ces commentateur, « si le Barreau fait remplacer Me Traoré, il deviendrait complice d’une transition à durée indéterminée où les lois seront violées, où la Justice continuera d’être bafouée. C’est-à-dire cautionner la gestion actuelle, dont les résultats se font sentir tous les jours chez pratiquement tous les guinéens. Donc, le barreau gagnerait à faire des suggestions aux autorités du CNRD pour la tenue un dialogue avec la classe politique pour convenir d’un chronogramme et la composition d’un nouveau CNT…, mais un CNT réellement représentatif »
Pour un autre commentateur, « du fait que Me Traoré a motivé sa décision par la fin du mandat que lui et ses collègue du CNT avaient est expirée le 31 décembre 2024 est un argument de taille pour démontrer l’illégalité des institutions de la transition en Guinée. Normalement, pour activer le glissement, il aurait fallu que le CNRD le fasse dans le cadre d’un autre accord avec la Cedeao, vu que le chronogramme ne donnait le pouvoir au gouvernement du CNRD que jusqu’en décembre 2024. Donc, tout ce CNT devrait être démissionner comme l’a fait Me Traoré… Un gouvernement d’union nationale mis en place pour conduire le pays vers des élections inclusives, libres, pacifiques, gages d’une élection transparentes. »
De l’avis d’un autre, « notre problème, c’est qu’au lieu de le dire à la Cedeao, au G5 Guinée, dans lequel la présence des Russes et Chinois est exigée par le pouvoir, la classe politique représentative et des organisations de la société civile ne font qu’appeler des manifestations… Ces manifestations n’ont pas empêché le coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020, et n’ont pas empêché le hold up de la présidentielle du 18 octobre. Il faut qu’ils changent cette stratégie improductive. Dans les quartiers chauds, pour contenir la manifestation du lundi 6 janvier, le pouvoir investi les lieux dès vendredi 3 janvier. »
Poursuivant, ce commentateur dit être » certain qu’il faudrait que les forces vives présentent un plan de sortie de crise qui permettra l’organisation d’élections inclusives sous supervision internationale avant ou au plus tard en octobre 2025. Que dans les pays de la Cedeao le recensement se fasse avec la collaboration des gouvernements en place, qui ont des données sur les populations guinéennes vivants chez eux. Qu’ils proposent une méthode permettant l’organisation d’une élection générale (Présidentielle, Assemblée nationale, au niveau des conseils régionaux, communaux, ruraux de quartiers et secteurs) le même jour. Cela est possible en procédant par des listes au niveau de la base, c’est-à-dire qu’au niveau de chaque quartier et/ou secteur, on sache qui est le candidat pour la présidence, la députation, la région, la commune et le quartier et secteur. Mais en tout cas, il faudrait éviter de commencer par la présidentielle… »
Un dernier commentateur, pour sa part, estime que « tout dépendra du montant que le CNRD mettra sur la table. Nous sommes en Guinée… on l’a vu de nombreuses fois comment certains ont la conscience élastique. À la Ceni, Alpha Condé débloquait des milliards comme il le faisait pour la Cour constitutionnelle. Donc, il n’y aura pas de choix cornélien, l’argent va faire décider le Barreau. C’est aux forces vives de faire des propositions plutôt que de chercher à faire des manifestations… C’est ce que la communauté internationale souhaiterait. Rappelons-nous du chronogramme de la transition qu’avait affiché l’Ambassade des USA, rappelez-vous du communiqué qu’elle a publié en début d’année. Maintenant, si le Barreau décidait, vu les raisons du retrait de Me Traoré, de ne pas nommer un remplaçant, c’est le pouvoir qui pourrait en pâtir. »
Mamadou Alpha BAH collaboration Khady THIAM
(*) https://lelynx.net/2025/01/cnrt-le-barreau-designera-t-il-un-remplacant-au-demissionnaire-me-traore/