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Guinée : quelle marge de manœuvre pour le nouveau Premier ministre, Bah Oury ?

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Nommé Premier ministre mardi 27 février 2024, Amadou Oury Bah connu sous le nom Bah Oury est l’un des soutiens de la junte. Toutefois, la cohabitation entre le Président de la Transition, son entourage notamment le ministre secrétaire général de la présidence et l’homme politique s’annonce pleine d’incertitudes. Analyse

Calmer les syndicats, répondre à l’urgence économique et la flambée des prix des denrées de première nécessité, lutter efficacement contre la corruption et l’enrichissement illicite, restaurer la confiance entre le CNRD et les acteurs politiques et sociaux, restaurer les libertés fondamentales, accélérer le processus de retour à l’ordre constitutionnel… Bah Oury risque d’avoir autant de cheveux blancs.

Mais le premier défi qu’il devra d’abord relever est la liberté dans la proposition des membres de son gouvernement conformément à l’article 53 de la Charte de la Transition. Réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ? Pas évident ! Avant même l’officialisation de sa nomination jusqu’à maintenant, des tractations sont ouvertes au niveau des collaborateurs civils et militaires du Président Doumbouya pour le choix des hommes et femmes qui composeront la nouvelle équipe gouvernementale.

Comme Mohamed Béavogui et Bernard Goumou, Bah Oury pourrait aussi cohabiter avec des ministres qui ne seront pas en réalité sous son contrôle. Il devra peut-être user de son expérience de gestionnaire de l’administration publique (un avantage par rapport à ses prédécesseurs) pour passer ce cap. Faut-il rappeler qu’il a été ministre de la réconciliation nationale, de la solidarité et des relations avec les institutions entre mai et décembre 2008.

Marge de manœuvre étroite face à un tout-puissant Président de Transition

En Guinée, l’examen des dispositions de la Charte de la Transition qui fait office de Loi fondamentale révèle la domination du Président de la Transition de tout le pouvoir exécutif face à un Premier ministre assimilé en pratique à un super ministre plus qu’un partenaire dans la gestion du pouvoir.

Son statut est tellement limité au point de le mettre sur un même pied d’égalité avec les ministres dans la délégation de certains des pouvoirs du président. Cela est clairement indiqué dans l’article 45 de la Charte qui stipule que : « Le Président de la Transition peut déléguer certaines de ses prérogatives au Premier ministre ou à un ministre ».

En réalité, le Premier ministre ne préside que le conseil interministériel qui est une réunion préparatoire du conseil des ministres. Pendant ce temps, le président est le chef suprême des armées, le chef de l’administration et c’est lui qui détermine la politique de la nation, assure le bon fonctionnement des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat et nomme aux fonctions civils et militaires. Il est également le président du Conseil National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), l’organe central de définition et d’orientation stratégique de la politique économique, sociale, culturelle et de développement du pays. Ce qui signifie que le Premier ministre reste également subordonné aux orientations des membres du CNRD.

Le secrétaire général de la présidence, véritable Premier ministre ?

A côté d’un tout-puissant président de la Transition, le Premier ministre doit également faire face au ministre secrétaire général de la présidence de la République. Ses attributions ressemblent à celui d’un vice-président ou d’un hyper Premier ministre.

En effet, conformément à l’article 5 du décret portant organisation et fonctionnement de la présidence de la République de Guinée, il assure la coordination des décisions présidentielles avec les actions du gouvernement, des institutions républicaines et de l’ensemble de l’administration publique.

Il assiste en outre le Président de la Transition dans la formulation des choix politiques et techniques correspondant à sa vision de la nation. En plus, il assure la coordination entre la Présidence et la Primature. En clair, il est le pont entre le Président de la Transition et le Premier ministre. Pourtant, ce dernier selon l’article 51 de la Charte, est responsable devant le Président de la Transition.

Au-delà d’être l’ordonnateur délégué du budget de la Présidence de la République, le ministre secrétaire général de la présidence de la République peut même recevoir délégation de signature du Président de la Transition sur des matières déterminées par celui-ci.

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