Guinée: une transition avec les mêmes traits habituels de la physionomie de l’Etat guinéen

Le retour à l’ordre constitutionnel n’est plus à l’ordre du jour. Et nous faisons face à une transition politique trompe l’œil qui s’inscrit dans la durée.
L’envie de la junte militaire guinéenne pilotée par Mamadi Doumbouya de confisquer le pouvoir et torpiller la transition politique enclenchée le 05 septembre 2021 ne fait plus aucun doute.
Les militants du CNRD composés des fonctionnaires de l’État, des militaires, d’anciens opposants politiques, de droit-de-l’hommistes sont depuis décembre 2024 en campagne électorale à l’intérieur du pays.
Un État qui ne cesse de surprendre dans ses travers
On a tout simplement renoué avec les traits habituels de la physionomie de l’Etat guinéen.
Cet État guinéen ne cesse de surprendre dans ses travers :un pays qui se proclame démocratique jusqu’à envisager de passer par un référendum pour entendre la voix du Peuple, mais publie des résultats autres que ceux approuvés ; des opposants qui se coalisent longtemps pour contester toute atteinte à la Constitution et qui, finalement acceptent de se présenter à l’élection présidentielle avec le candidat sortant à qui, on dénie pourtant cette prérogative; un ancien droit-de-l’hommiste devenu Premier ministre qui pour des intérêts partisans et individuels des ambitions personnelles reste indifférent aux violations graves des droits de l’homme, un putschiste qui prétend être messie mais utilise artifices et magouilles pour pouvoir s’arc-bouter sous les oripeaux d’une Constitution bientôt forcée et adaptée à sa posture.
Tels sont les grands traits de la physionomie de l’Etat guinéen.
C’est un pays à équations multiples
En effet, c’est un pays à équations multiples qui pratique une démocratie de l’imposture, celle qui défigure le sens des mots et qui installe les maux de toute nature : injustice constitutionnelle, déni de justice constitutionnelle, contentieux sans juge impartial et indépendant, accaparement des biens publics, népotisme, détournement de pouvoir et de fonction, transhumance politique, compromissions. Et cette litanie est simplement indicative.
C’est la déliquescence de l’Etat qui constitue la marque de fabrique et le signe distinctif de la situation qui prévaut en Guinée.
Il est à cet égard ahurissant et suspect que certains, y compris la communauté internationale, continuent de croire, ou de faire semblant , que ce qui se passe en Guinée n’est que le reflet des turbulences que l’on retrouve partout ailleurs dans nos « démocraties de transition, encore bien fragiles ».
Et pourtant la réalité est toute autre en Guinée: c’est un pays sans Etat ; tout se confond avec la personne du Président de la République qui est à la fois l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, et comme Janus, selon les circonstances et ses intérêts privés, le pays est orienté dans le sens de ses préférences.
C’est pourquoi on était parti en 2020 vers des élections qui n’en étaient pas : les résultats étant déjà connus par la grâce d’acteurs sans foi ni loi ; la fraude institutionnalisée est en amont, la CENI en aval, la Cour constitutionnelle en ratissage et l’opposition y avait participé. La société civile s’est tue, les religieux consentants, les partis politiques sans bases électorales se bousculaient au près du président Alpha Condé pour aussi avoir une part du gâteau. Et le résultat fut le coup d’État militaire du 05 septembre 2021.
Depuis, on a comme l’impression que la République est à terre
C’est toute la République qui est à terre, couchée, et qui n’est pas prête de se relever de sitôt.
Lorsque dans un pays on se targue de se situer sous l’empire d’une loi fondamentale abrogée, que le symbole de la République use et abuse de méthodes falsificatrices, telle que la délégation de rapatriement de en Allemagne, ou la demesure du pouvoir prend le dessus chez certains, les scandales financiers avec des milliards de FG se multiplient, que la justice se couvre d’un fétichisme juridique de mauvais aloi, c’est admettre et reconnaître que l’ Etat n’est plus ; on s’en sert à titre d’adjuvent; on l’invoque pour donner une bonne fausse conscience à autrui qui assiste passivement avec une complicité effarante au chant du cygne.
Alors qu’on ne se trompe pas. L’Etat guinéen n’existe plus ; a-t-il d’ailleurs jamais existé au regard de toutes les souffrances qu’il a fait subir au peuple depuis le fameux NON qui a apporté tant de désillusions ensanglantées ? Non et non !
Car s’il existait,, il n’allait pas faire tant de victimes, tolérer tant d’injustice, de corruption, de pillage systématique des ressources minières du pays et de l’appauvrissement de la population guinéenne.
L’État n’est pas, mais il le sera
Il faut espérer et croire qu’il est encore possible de se relever : la conscience citoyenne ne peut être statique; elle constitue un souffle intemporel et universel qui finit toujours par s’incruster après avoir emporté ,bien souvent par rafales, ceux qui n’ont jamais cessé de se croire éternels.
L’Etat, certainement, n’est plus en Guinée ; mais il sera, irréversiblement, car demain il fera jour pour les despotes, faux opposants et autocrates qui ne pourront échapper d’être engloutis par les flots de la marée montante qu’ils n’ont cessé de narguer ad nauseam.
Pour nous autres, conscients et patriotes de la République, le soleil se lèvera et ce sourire, mon sourire, le vôtre, cette clé du sol, du cœur, du corps, pour un accord parfait éclaircira ainsi les ténèbres.
Alors sourions devant cette difficulté, cette tyrannie, cette victoire au goût amer pour les guinéens de partout dans le monde et surtout les migrants guinéens de l’Allemagne, car le faire ce n’est pas de la bêtise ou l’ignorance, c’est plutôt une force du mental, une grandeur du coeur.
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