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La CEDEAO en crise : Pourquoi le bloc de l’Afrique de l’Ouest est divisé

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Alors que les ministres d’Afrique de l’Ouest se réunissaient dans la capitale du Nigeria pour une nouvelle réunion d’urgence, ils ont dû se demander quels nouveaux chocs pourraient frapper leur région, dont la stabilité et la cohésion politique ont déjà été mises à rude épreuve.

La session du conseil de médiation et de sécurité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait été initialement convoquée pour discuter de l’annonce faite le mois dernier par les juntes militaires à la tête du Burkina Faso, du Mali et du Niger de leur intention de se retirer « sans délai » de l’organisation à 15 membres.

Mais à leur arrivée à Abuja, les ministres se sont trouvés confrontés à une toute nouvelle crise ajoutée à leur agenda : la décision du chef de l’État sénégalais, Macky Sall, de reporter l’élection présidentielle du 25 février.

Lundi, alors que les gendarmes éjectaient les membres de l’opposition de l’Assemblée nationale, ses partisans au Parlement ont voté pour repousser le scrutin au 15 décembre.

Cela a déclenché une tempête de protestations de la part de l’opposition et de la société civile, avec même le propre candidat du parti au pouvoir, le Premier ministre Amadou Ba, opposé à une décision qui ébranle jusqu’à ses fondations un pays qui était jusqu’à présent considéré comme l’une des démocraties les plus résilientes et institutionnellement enracinées d’Afrique de l’Ouest.

Au moment où les États membres de la CEDEAO, dirigés par des civils, ont le plus besoin de maintenir un front uni pour défendre les règles constitutionnelles face aux régimes militaires qui ont balayé l’Afrique de l’Ouest depuis 2020, l’un des présidents démocratiquement élus les plus en vue de la région a unilatéralement changé les règles.

M. Sall a l’intention de prolonger son séjour au pouvoir de neuf mois au-delà de la date officielle du 2 avril, dans l’espoir peut-être vain de renforcer les espoirs de son camp de remporter les élections lorsqu’il finira par quitter le pouvoir.

Nombreux sont ceux qui se demandent si son objectif ultime n’est pas de faire volte-face, de renoncer à sa promesse de se retirer du pouvoir et de briguer un nouveau mandat.

Des manifestants déploient une banderole sur laquelle on peut lire "Macky, putschiste, dégage" lors d'une manifestation à Dakar, Sénégal - 9 février 2024.
CRÉDIT PHOTO,EPA. La décision du président Macky Sall de retarder les élections au Sénégal a suscité des protestations.

La CEDEAO a déjà du mal à maintenir une pression sérieuse sur les chefs militaires de la région du Sahel, qui ont renforcé leur soutien interne en dépeignant le bloc régional comme des voisins tyranniques sous l’emprise de la France, l’ancienne puissance coloniale dans une grande partie de la région.

Les lourdes sanctions économiques imposées précédemment au Mali et maintenant au Niger ont nui à leurs populations en faisant grimper les prix à mesure que les importations essentielles étaient réduites, en affectant les finances publiques et en mettant en péril le paiement des salaires.

Mais cela n’a fait qu’engendrer un ressentiment populaire qui a renforcé le soutien aux régimes militaires, du moins à court terme.

La diplomatie douce – la médiation du Togo, qui a gardé des relations amicales avec les régimes militaires bien qu’il soit un État de la CEDEAO- semblait pouvoir apporter une percée, avec des rumeurs d’un projet d’accord sur un calendrier pour la restauration d’un régime civil au Niger, mais le pays a ensuite soudainement annoncé son départ de l’ensemble du bloc.

Le chef d’État de transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, n’a même pas pris la peine de proposer un nouveau calendrier électoral après avoir abandonné sa promesse d’organiser des élections ce mois-ci.

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