Contre La sansure

La démocratie à l’épreuve en Afrique de l’Ouest

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Pour le dictionnaire, la démocratie désigne à l’origine un régime politique dans lequel tous les citoyens participent aux décisions publiques et à la vie politique de la cité. Ce dispositif s’effectuait soit de manière directe en soumettant des décisions au vote à tous les citoyens, soit de manière indirecte par des représentants qui étaient préalablement désignés, de façon aléatoire ou par élection, pour faire des propositions de lois ou prendre des décisions urgentes.

Ce terme désigne aujourd’hui tout système politique dans lequel le peuple est souverain. Par extension, la démocratie peut aussi qualifier une forme de société, la manière de se gouverner qu’adopte une organisation ou encore un système de valeurs. La démocratie peut donner lieu à des interprétations différentes mais non contradictoires dans l’essence.

La démocratie a été pratiquée à travers l’espace et le temps par divers peuples sous d’autres appellations. A titre d’exemple, le Fouta théocratique a exercé une démocratie sans pour autant l’appeler comme tel. Il y avait un vote, une souveraineté populaire, un transfert démocratique du pouvoir, un partage des responsabilités dans un Etat bien structuré.

En Afrique de l’Ouest de nos jours, la démocratie est rejetée par une partie des populations de cette région, non pas puisqu’elle pose de véritables problèmes dans son exercice mais puisque certains ne trouvent pas leur compte dans ce système de gouvernement qui donne le pouvoir à travers un vote de la majorité.

Culturellement parlant, certaines communautés plus conservatrices et moins perméables aux concepts nouveaux, se marient à plusieurs épouses et font beaucoup d’enfants. Ils se marient généralement tôt et se procréent vite. Tout naturellement, ces peuples se multiplient très vite et constituent une écrasante majorité, donc un fort potentiel électoral. Dans ces pays où le vote reste communautaire en raison de la gestion clanique du pouvoir, les candidats issus de ces communautés ont plus de chance de remporter des élections.

Dans  la même région, il y a des communautés qui se multiplient mais lentement puisque  pratiquant rarement ou pas de polygamie. Les hommes se contentent d’une seule épouse et se marient généralement après la trentaine, ce qui leur donne moins de chance de faire beaucoup d’enfants comme le premier groupe.

Ces communautés ont du mal à mobiliser des militants capables de leur assurer une victoire dans une compétition démocratique sérieuse. Conscients de cet état de fait et menacés de disparition politique, ils jouent à tout pour pouvoir s’assurer une survie, quitte à renier un système qui, pratiqué avec justesse et en fonction des réalités locales, peut bien assurer la survie et le développement des pays concernés.

Dans cette course au nombre, certaines communautés ont pris le devant avec une avance remarquable sur les autres et de facto, deviennent plus fortes dans les urnes. Le véritable problème de la démocratie que certains africains soulèvent se trouve à ce niveau au lieu de l’applicabilité du système ou de son efficacité.

La majorité de ces pays n’ont jamais accepté d’exercer la démocratie à proprement parler. Il n’y a eu d’alternances politiques démocratiques que dans de rares pays. Ce qui saute aux yeux du monde. Peut-on évaluer véritablement un remède qu’on a jamais essayé ou mal appliqué ?

Face à l’impossibilité de peser dans les urnes et de pouvoir remporter des élections démocratiques, ces africains ont trouvé un refuge dans un pseudo panafricanisme qui, en vérité n’est qu’une imposture. Le fait de chercher le pouvoir et l’exercer à travers des compétitions électorales sérieuses est une avancée notable dans la quête de la paix, de la stabilité des états et du bonheur des peuples. La nouvelle donne, s’il elle prospérait mettrait tous ces efforts dans l’eau en revenant aux pratiques barbares et rétrogrades qui consistent à la quête et au contrôle du pouvoir par le plus fort.

Le danger que nous courrons avec cette pratique est que désormais, tous prendront les armes et l’affrontement devient de plus en plus inévitable dans le contrôle du pouvoir politique. La situation actuelle dans le sahel en est une parfaite illustration. Malgré la conjugaison des efforts des armées nationales de ces différents pays, l’envoi des forces étrangères hétérogènes et les budgets colossaux, ils n’ont pas pu arriver à bout des groupes armés qui y font la loi. Que va-t-il se passer lorsque ces mêmes groupes ou des groupes similaires prendront le contrôle de tous les pays de la région ?

Dans une époque ou des grands ensembles politico-économiques se forment pour la défense des intérêts communs face aux grandes puissances, il est risqué pour des petits pays riches en ressources du sous-sol, de jouer aux souverainistes. Les risques de se voir déchirer par ces puissances assoiffées de pétrole, de mines et autres matières premières recherchés pour alimenter leurs industries sont incalculables.

Le moment est venu de se lever comme un seul homme pour non seulement sauver nos pays de l’invasion des militaires à travers des coups d’Etat, mais d’exiger la mise en application et le respect du jeu démocratique pour lequel beaucoup de sacrifices humains et matériel ont été consentis pendant des décennies.

Une véritable lutte s’engage entre ces deux camps à une période de grands changements dans la géopolitique mondiale. Qui va remporter ? Attendons de voir !

Boubacar DIENG

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