Contre La sansure

SÉNÉGAL : « La justice est rendue dans des conditions qui assurent l’indépendance des juges (…) » (Me Amadou Sall)

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Il a rejoint et participé au combat démocratique avec l’ancien président Abdoulaye Wade depuis 1974 au sein du PDS. Il fut, en 2006, ministre conseiller et porte-parole du président de la première alternance avant de devenir ministre de la justice, garde des sceaux dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye en décembre 2009.

Me Amadou Sall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est également un avocat qui a fondé d’ailleurs, la première société civile professionnelle d’avocats au niveau du barreau du Sénégal. En août 2019, Me El Hadj Amadou Sall qui n’avait pas apprécié les changements apportés par Me Wade au Secrétariat national du Parti Démocratique Sénégalais qui le nomme Secrétaire National, chargé des Affaires Juridiques et des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Secrétaire général national, Amadou Sall avait décliné et a demandé au pape du Sopi de le remplacer. La distance entre Me Wade et son ancien ministre de la justice a finalement été consommée car, ce dernier a finalement créé avec Oumar Sarr, le PLD/Suqalli. Aujourd’hui, Me Amadou Sall est dans la mouvance présidentielle avec Macky Sall. Dans cet entretien qu’il a accordé à Dakaractu, Me Amadou Sall revient sur l’actualité et la vie de son parti qui compte bien être au rendez-vous de 2024.

Dakaractu – Comment interprétez-vous les heurts qui ont eu lieu ces derniers jours ?

Il ne faut pas oublier qu’il s’est agi d’une affaire opposant deux citoyens, dont l’un a estimé avoir été diffamé par l’autre. C’est tout à fait habituel de saisir les tribunaux des cas de diffamation. Cependant Ousmane Sonko, qui est cité à comparaître devant les tribunaux a cru devoir lancer un appel aux sénégalais pour leur demander de lui apporter leur soutien. D’autre part, alors que l’audience avait déjà commencé, il a choisi d’y aller le plus lentement possible en empruntant un chemin le menant à l’université pour ensuite passer par les marchés Tilène et Sandaga en espérant mobiliser le maximum de personnes pour se faire accompagner au tribunal.

Naturellement, pour éviter d’éventuels attroupements et troubles à l’ordre public, les forces de défense et de sécurité lui ont demandé d’emprunter un autre chemin pour éviter de porter atteinte à la tranquillité des citoyens. Les forces de défense et de sécurité ont l’autorité, dans le cadre de la réglementation de la circulation, d’imposer aux automobilistes et aux citoyens, d’emprunter les voies et chemins qu’elles leur auront imposés de prendre. Ousmane Sonko a refusé d’obtempérer, s’est rebellé et évidemment a été contraint par la force. C’est la première cause directe des heurts.

La deuxième cause est tout aussi connue. Il s’agit de casseurs organisés en bandes qui ont décidé, à la suite de l’appel à une prétendue résistance, de s’en prendre aux personnes et aux biens, causant des dommages importants.

Dakaractu : Que vous inspire la tournure des événements qui ont découlé de l’affaire Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang ?

C’est vrai qu’il y a eu une véritable tentative d’organiser des manifestations dont le but assumé était de troubler gravement l’ordre public. Dans un système démocratique comme le nôtre, il est évident qu’une pareille agression à la tranquillité des citoyens, à leurs personnes et à leurs biens est absolument intolérable. C’est d’autant plus intolérable que les institutions démocratiques et républicaines fonctionnent et permettent à une Assemblée nationale dont les forces en présence sont équilibrées, de jouer pleinement son rôle en permettant à l’opposition de s’opposer et d’exposer publiquement ses opinions.

Aujourd’hui, avec les évènements que vous évoquez, il est possible d’affirmer que tout est fait pour remettre en cause notre système démocratique et notre modèle républicain. C’est en cela que la situation doit interpeller tous ceux qui se préoccupent de la pérennité de notre système et de la volonté de notre peuple de se hisser au niveau des grandes nations tenant à approfondir leur démocratie, à élargir les espaces de liberté en se tournant résolument vers de nouvelles perspectives d’émergence, en utilisant avantageusement les ressources dont la nature a dotées notre pays.

Dakaractu – L’avis de Me Amadou Sall sur le débat politique de nos jours.

Le débat politique est vicié par l’irruption sur le champ politique de nouvelles forces et de nouvelles personnalités qui n’ont pas eu le temps de mûrir et de se donner un parcours leur permettant de mesurer les enjeux de l’action politique et les vertus du militantisme. Ils ont érigé la manipulation, les mises en scène, l’utilisation des fake news et autres vices en règles de conduite. Rien ni personne, à leurs yeux, ne mérite respect et considération. Ils n’ont aucun respect pour nos règles morales ou nos traditions.

Leurs invectives et manque de respect n’épargnent ni nos chefs religieux et traditionnels, ni nos hommes publics, ni nos fonctionnaires, ni nos magistrats, ni nos policiers ou gendarmes, ni nos journalistes, ni nos imams et prêtres, ni personne d’autre. Et à travers les différents réseaux et applications sur le net, ils s’en donnent à cœur joie sans aucune mesure. Dans ces conditions, il est de la responsabilité de tous ceux qui tiennent à la pérennité de notre système démocratique et à la vertu de se regrouper en défenseurs de notre république.

Dakaractu – le leader du Pastef a récemment accusé le régime et dit être victime de tentative d’assassinat. Comment analysez-vous ses propos ?

Les images que les internautes ont publiées et analysées ont révélé qu’en fait d’empoisonnement ce n’était que du vinaigre qu’un de ses partisans a versé sur une écharpe pensant pouvoir le prémunir contre les effets des gaz lacrymogènes. Une observation stricte des images que le leader du Pastef a lui-même fait diffuser dans sa déclaration nocturne révèle également une formidable mise en scène pour susciter la pitié et la sympathie. La vigilance des journalistes, des internautes et des observateurs a ramené tout cela à sa véritable dimension et à un scénario digne de Bollywood. Ce n’est certainement pas de cette façon si grotesque que l’on parviendra à convaincre les Sénégalais de la pertinence d’une offre politique aussi pauvre.

Dakaractu – En tant que libéral, êtes-vous pour des retrouvailles de la famille de Wade ?

Les libéraux, de Wade à Macky, en passant par Oumar, Fada, Idrissa, Baldé et tous les autres ont chacun exprimé leur désir de se retrouver. Je crois savoir que certains y travaillent. Je rappelle que l’appel aux retrouvailles avait déjà été lancé par le président Wade qui, au demeurant, m’avait fait l’honneur de me désigner en qualité de responsable de cet appel qui est toujours d’actualité. Mais au-delà des retrouvailles de la famille libérale, il y a une nouvelle exigence plus urgente autour de retrouvailles des démocrates pour la défense de la République et la sauvegarde de notre modèle démocratique.

Dakaractu – Qui selon-vous devrait conduire ces retrouvailles pour sa réalisation concrète ?

Le président Macky Sall et l’ancien ministre de la Justice Amadou Sall

 

Les libéraux sont par principe des gens attachés aux règles de la démocratie et de la liberté, de sorte que la question du noyau autour duquel les retrouvailles de la famille se feront n’est pas et ne sera pas d’actualité. Nous avons les ressources propres qui nous permettent de dépasser ces questions de personnes pour nous focaliser sur l’essentiel.

Dakaractu – Le PLD/ Suqalli aura-t-il son candidat en 2024 ? Le parti est-il suffisamment animé pour participer au rendez-vous de février 2024 ?

Nous avons déjà tenu une conférence nationale qui a réglé cette question. Nous sommes pour une candidature unique au sein de la majorité. Maintenant, qui sera ce candidat ? Laissons du temps au temps et on verra bien.

Dakaractu – Si le président Macky Sall décide d’être candidat, seriez-vous d’accord de son choix ?

Attendons d’abord qu’il se déclare et on verra. Mais retenons au moins que du strict point de vue technique, la question du mandat a été réglée par le Conseil constitutionnel qui a exclu le premier mandat de sept ans du champ d’application de la limitation, de sorte que rien ne semble s’opposer à un troisième mandat. Maintenant, s’agissant de la candidature qui est une question politique, nous attendons qu’il se prononce et notre parti décidera.

Dakaractu – Vous avez été ministre de la Justice sous Wade, quel regard jetez-vous sur le système judiciaire globalement ?

Il est vrai qu’il y a une forme de défiance que beaucoup ont réussi à instaurer en réussissant à jeter un certain discrédit sur la Justice. Je rappelle, pour ce qui me concerne, que la justice est rendue dans des conditions qui assurent l’indépendance et la neutralité des juges. Nos juges, procureurs, avocats, greffiers et tous autres personnels de justice sont des femmes et des hommes de qualité qui exercent leur métier dans des conditions très difficiles pour assurer la sécurité des transactions juridiques et veiller à la liberté des citoyens justiciables. Ils méritent le respect et la considération de la Nation. Les dures et difficiles conditions dans lesquelles la justice est rendue font de notre personnel de justice des personnes qui méritent la reconnaissance et la confiance de la nation.

In. https://www.dakaractu.com/EntretienMe-Amadou-Sall-sans-detour-La-justice-est-rendue-dans-des-conditions-qui-assurent-l-independance-des-juges-Il_a231307.html
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