Contre La sansure

La presse se rebiffe en Guinée

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Des mains qui écartent des barreaux sur un fond rouge, jaune, vert, les couleurs de la Guinée et ce slogan, « journée sans presse en Guinée » : cette page protestataire est à la Une du site GuinéeNews  ce matin.

« Les associations professionnelles de la presse guinéenne avaient promis de réserver une réponse appropriée aux menaces qui planent depuis quelques jours sur les médias, explique Ledjelyautre site guinéen. Eh bien, réunies en assemblée générale extraordinaire hier lundi, les associations de presse ont en effet décidé d’un certain nombre d’actions, dont une journée sans presse pour ce mardi. Par ailleurs, les associations de la presse privée déclarent Ousmane Gaoual Diallo, ministre-parole du gouvernement, « ennemi de la presse ». De même, elles décident du boycott de l’ensemble des activités des autorités de la Transition. »

Cette action, précise encore Ledjely, fait suite « au démantèlement par effraction des émetteurs du Groupe de presse AfricVision, au brouillage des ondes des radios FIM FM et Djoma FM, aux restrictions des sites d’informations guinéens et des réseaux sociaux, et fait suite aussi aux menaces proférées contre la presse par le ministre porte-parole du gouvernement Ousmane Gaoual Diallo. »

Restrictions d’accès, coupures et démontage d’émetteurs…

« Les associations de presse se disent prêtes à faire front contre la censure à laquelle les médias du pays sont actuellement confrontés », renchérit le site Aminata.

En effet, ces derniers jours, pointe Guinée 7, « l’accès aux réseaux sociaux relevait d’un parcours du combattant. Pour y arriver, les plus futés utilisent le VPN, cette fameuse connexion qui permet à l’utilisateur de se jouer des restrictions imposées sur un territoire. Cette restriction de l’accès aux réseaux sociaux s’ajoute à celle déjà en vigueur contre des sites d’information jugés critiques à l’égard de la junte au pouvoir. L’accès à ces sites d’information, dont Guinée 7, depuis l’annonce des manifestations de l’opposition réunie au sein des Forces vives de Guinée est plus qu’un casse-tête chinois. Pire, le groupe de presse Africvision rapporte qu’hier des gendarmes au service de l’ARPT -Autorité de Régulation des Postes et Télécommunication-, ont démonté les émetteurs des radios Sabari FM et Love FM avant de les emporter. Et depuis, ces radios n’émettent plus. Et cela intervient quelques jours après la nomination à la tête de l’ARPT d’un proche du président de la junte. Autant de faits qui démontrent que la liberté d’expression est menacée par les temps qui courent en Guinée. »

Les Guinéens privés du droit de s’exprimer…

Pour WakatSéra , au Burkina Faso voisin, il est clair que les militaires au pouvoir en Guinée veulent étouffer toute contestation… « Le ton des organisations professionnelles de presse est sans équivoque, affirme le site burkinabè, et traduit bien le sentiment d’injustice et d’inquiétude qui anime les médias guinéens qui traversent l’un des pires moments de leur existence. »

Mais au-delà de la presse, « c’est le peuple entier qui est privé du droit de s’exprimer, relève encore WakatSéra. Les opposants guinéens, pour ceux qui ont encore la témérité de dire non au pouvoir de fer du colonel et de ses sbires, sont contraints à l’exil. La société civile, étouffée par les forces de l’ordre appuyées à l’occasion par l’armée, ne sait plus à quel saint se vouer. Dès qu’ils osent investir la rue pour dénoncer cette transition d’une opacité totale, les cadres du Front national pour la défense de la Constitution sont acculés dans leurs derniers retranchements et embastillés sans procès. (…) La Guinée est passée du purgatoire (…) au brasier de l’enfer, conclut WakatSéra, allumé et entretenu par le colonel Doumbouya et ses hommes. L’objectif final de ces ennemis acharnés de la liberté d’expression est de taire pour de bon toute voix qui contrarierait leur plan de se maintenir au pouvoir dans une transition sans fin ! »

Par Frédéric COUTEAU

In. https://www.rfi.fr/fr/podcasts/revue-de-presse-afrique/20230523-a-la-une-la-presse-se-rebiffe-en-guinee

Image de la UNE : Les deux porte-paroles, le colonel Camara pour la présidence et Ousmane Gaoual Diallo, très attendus par la presse guinéenne pour revenir sur la première année de gestion des militaires du CNRD, le 6 septembre 2022 à Conakry (illustration). © Guillaume Thibault / RFI

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