Contre La sansure

L’adresse à la nation est plus dramatique que le drame enregistré… (Par Marouane)

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Il était attendu mais il a déçu.  Le discours du Colonel révèle l’état de décrépitude de la République. Au lieu de toucher, de fouetter notre orgueil patriotique et provoquer une onde de solidarité à travers les mots, le ton, le style et le décor, le Colonel a été plutôt mal vendu à son peuple, qui le réclamait et qui voulait le vouloir, sentir, après l’incendie ravageur survenu, dimanche dernier, au dépôt des hydrocarbures de Conakry. Malheureusement, notre soif ne s’est pas désaltérée.

L’âme du soldat a disparu, l’esprit révolutionnaire s’est effondré et le regard charmeur a laissé la place au désespoir. Le Mamadi de ce soir, n’est pas celui qui était attendu. Son physique renvoie à un homme impuissant, abattu, abandonné à lui-même au milieu d’une tempête.
La médiocrité contagieuse a fini par affecter l’intrépide soldat, le sauveur du peuple et des libertés, un 05 septembre 2021 qui a été, malheureusement, l’espoir d’une courte durée. Bientôt les Guinéens vont lancer un avis de recherche de leur héros du 05 septembre.

L’adresse à la nation de ce soir n’avait ni corps, ni âme qui viole les règles les plus basiques dans la pratique discursive d’un discours situationnel de cette nature et envergure.
Après 72h du drame, le discours devait être d’une forte tonalité, de grandes annonces,  d’informations nouvelles et de perspectives.

Le rendez-vous de ce soir, de l’homme avec son peuple a été manqué. C’est pendant ces temps de grandes détresses et de désillusions que chaque nation ou chef affirme son identité, impose son autorité et assure sa notoriété. Les discours marquent plus le temps et les époques que les événements et actes. Contrairement à L’édito de la DCI qui priorise l’acte avant les mots.

De Martin Luther King « I have a dream » à Nelson Mandela  » La nation arc-en-ciel » en passant par le Général De Gaulle « L’appel à la nation » ou Mahatma Gandhi c’est d’abord et avant tout: les mots, les discours puis les actes.

Le Colonel doit renvoyer tous ceux qui ont pris part à la rédaction paresseuse de ce charabia. Je propose, sans imposer au Colonel, de reprendre autrement l’exercice pour corriger la catastrophe de ce soir.

C’est de se déplacer en personne pour être au chevet des victimes et s’enquérir de l’état de déflagration du dépôt cramé par le très ivre brasier du dimanche.

Rien n’est encore perdu pour vous car le peuple est tolérant, patient et solidaire.
Le temps presse !

Habib Marouane Camara

Journaliste-éditorialiste.

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