Laissez les faits être éloquents, Monsieur le Premier ministre !
Le Premier ministre Amadou Oury Bah devrait éviter certaines annonces aux relents populistes dans la situation particulière que vit le pays en ce moment, au risque d’être contredit voire humilié devant les populations.
En effet, en annonçant aux médias, après la prière de l’Eid al-Fitr à la Grande Mosquée Fayçal de Conakry, que son ministre de l’Énergie fera une communication « dans les prochains jours » annonçant « une solution acceptable le plus rapidement possible » dans la crise de l’électricité, Bah Oury a agi précipitamment.
Que ferait-il ou dirait-il si son ministre de l’Énergie le contredisait, comme l’a déjà fait son porte-parole de gouvernement au sujet du bateau turc qu’il avait annoncé ?
Il existe des sujets sensibles qu’un dirigeant doit aborder avec prudence, en s’assurant d’avoir toutes les cartes en main. La crédibilité d’un gouvernement se mesure à l’aune des promesses tenues… ou non tenues, surtout lorsqu’il n’est ni tenu ni obligé de faire certaines déclarations, encore moins si la question ne lui a pas été posée.
La population vit d’espoir et il ne faudrait pas sacrifier cet espoir à l’autel de fausses promesses, surtout qu’après la prière à la Grande Mosquée Fayçal de Conakry, personne ne lui a demandé où il en était avec le problème d’électricité. La promesse est un couteau à double tranchant : elle est salutaire quand elle est tenue, tout comme elle peut avoir un effet boomerang si elle n’est pas respectée. Le drame serait que les populations ne croient plus en leur Premier ministre, qui deviendrait alors un fusible éjectable à souhait, à remplacer par une personnalité beaucoup plus crédible.
Le président Mamadi Doumbouya se méfie des promesses grandiloquentes et n’avait pas manqué de faire la remarque à l’ancien Premier ministre Bernard Goumou à plusieurs reprises en conseils des ministres. On sait où il est désormais, les chantiers de l’intérieur du pays chaque week-end et les 7 milliards de dollars de Dubai étant passés par là !
Le Premier ministre Bah Oury devrait donc à l’avenir se taire et laisser parler les faits, au risque d’être taxé de populiste. Déjà, certaines déclarations restent en mémoire, comme celles concernant les 30% de féminité dans le gouvernement et l’érection des Champs-Élysées sur l’axe Bambéto-Cosa. Pour le dernier cas, on se demande comment un Premier ministre d’une transition compte poser les bases de l’érection d’un chantier aussi vaste et coûteux que celui des Champs-Élysées, à moins qu’il ne s’agisse pas des mêmes Champs-Élysées !
Laissez les faits être éloquents, Monsieur le Premier ministre ! Ou bien les promesses de l’homme politique que vous êtes n’engagent que ceux qui y croient ?