L’aurore et le crépuscule : contraste sous les tropiques (Par Nabbie Ibrahim Baby Soumah)

Le contraste est défini comme la variation de l’ombre et de la lumière dans une image.
L’aurore et le crépuscule en sont des éléments illustratifs, des caractéristiques que l’on trouve dans les cas respectifs du Sénégal et de la Guinée.
On constate objectivement que l’aurore, l’éclaircie s’annoncent au Sénégal, d’une part, mais que le crépuscule, la pénombre, le clair-obscur, l’ambiguïté perdurent en Guinée, d’autre part.
LE MODÈLE SÉNÉGALAIS
Le Sénégal est une terre d’accueil, d’excellence et de paix. Le Sénégal est mon pays d’adoption et de cœur. Il m’a façonné, m’a personnalisé intrinsèquement et je lui en serai toujours reconnaissant.
D’autre part, il est un modèle, une singularité démocratique qui a élu, hier le 31 juillet, ses futurs députés dans la sérénité, sans dénombrer un mort.
Ce pays est une référence de paix, de cohésion sociale, un îlot de tranquillité dans un océan en fusion, dans une sous-région, un environnement en ébullition avec la violence politique, des coups d’Etat récurrents.
L’INTROUVABLE DÉMOCRATIE EN GUINEE
La démocratie est devenue comme une « ARLÉSIENNE » en Guinée.
Je vais me référer à la définition de l’écrivain français ALPHONSE DAUDET (1840-1897) : « Une jeune arlésienne ne se présenta jamais le jour de son mariage. Son mari l’attendit tellement longtemps qu’on s’en inspira pour désigner une personne que l’on espère mais que l’on ne voit pas. »
Pour rappel, la Guinée est mon pays d’origine et de cœur que j’ai été contraint de quitter à l’âge de trois ans avec mes parents.
Depuis mon enfance, je l’imaginais dans mes pensées et rêvait de le découvrir.
Après maintes réflexions, je décidai de faire de la terre de mes ancêtres mon terminus après mon accomplissement personnel et professionnel en France.
Mais le réveil fut brutal et mon rêve s’est mué, transformé en cauchemar sous bien d’aspects.
Après 64 ans d’indépendance, les mauvaises habitudes sont, hélas, tenaces en Guinée : la corruption, la violence politique, l’absence de dialogue sincère, les coups d’état, l’ethnocentrisme en sont les tares congénitales.
Ceci est bel et bien un triste constat, une analyse factuelle, des faits avérés. Hélas !
LE DIALOGUE est une vertu cardinale que doivent s’approprier tous les protagonistes. Car le manque de dialogue entraîne inéluctablement des frustrations qui causent, engendrent des violences, des blessés et des morts évitables et inutiles. Que l’on vient de décompter malheureusement ces derniers jours à Conakry, suite à la manifestation initiée par le Front national pour la défense de la constitution (FNDC).
« Le sang des héros est le combustible de l’histoire, le prix de la liberté » prophétisait le soviétique Vladimir Ilitch LÉNINE.
Faudrait-il que le sang continue à couler inutilement dans ma patrie pour que l’éclaircie et la démocratie y deviennent enfin une réalité vivante ?
Vivement les lueurs de l’aurore et la fin du crépuscule sur la Guinée.
NABBIE IBRAHIM BABY SOUMAH
JURISTE GUINÉEN