L’avenir de l’UFDG : entre divisions internes et défis existentiels [Saliou Diallo]
Fondée en 1998 après les crises au sein de l’UFD en 1995, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) s’est progressivement affirmée comme un symbole de l’espoir pour la démocratie en Guinée. Sous la direction du président Cellou Dalein Diallo depuis 2007, le parti s’est imposé comme l’une des principales forces politiques en Guinée et dans la sous région. Cependant, l’UFDG traverse aujourd’hui une phase critique, marquée par des divisions internes et une pression croissante de la part du CNRD, menaçant sa stabilité et même sa survie.
Dans ce contexte difficile, le président de l’UfdG doit faire un choix stratégique : ouvrir grandement le parti aux anciens membres, y compris ceux qui s’en étaient éloignés, et entreprendre un rajeunissement de ses instances. Bien que complexe, cette démarche est indispensable pour préserver les acquis de l’UFDG et répondre aux attentes d’une jeunesse guinéenne avide de renouveau politique. En faisant preuve de pragmatisme, le président Cellou Dalein pourrait ainsi renforcer l’héritage de l’UFDG, positionnant le parti comme une alternative crédible pour l’avenir démocratique de la Guinée.
Pour affirmer son engagement envers les principes démocratiques, l’UFDG doit saisir cette crise comme une opportunité de prouver sa capacité d’évolution, d’adaptation, de transparence et de rajeunissement. Dans une Afrique de l’Ouest où les appels au renouvellement générationnel sont de plus en plus pressants, l’UFDG ne peut ignorer cet enjeu. Sa survie dépend de sa capacité à rester unie, à s’adapter aux changements et à demeurer fidèle à sa vision démocratique pour une Guinée unie et prospère.
Tenir un congrès dans le contexte actuel représente un risque majeur pour l’UFDG, ceux qui encouragent cette démarche sous la pression de la junte risquent de plonger le parti dans une crise dont les conséquences pourraient être fatales.
La priorité pour l’UFDG doit être la réconciliation de tous ses courants fondateurs, condition indispensable pour déjouer les manœuvres cynique de Mamady Doumbouya, qui visent à affaiblir le parti depuis l’avènement du CNRD au pouvoir.
En reportant l’organisation de son congrès, l’UFDG pourrait renforcer son unité face aux attaques répétées et brutales de la junte, qui considère le parti comme l’unique force capable de contrecarrer ses ambitions de perpétuer un régime autoritaire pire que celui de Sékou Touré. Cette hostilité se traduit par une surveillance accrue et une volonté affichée de dissoudre le parti.
Pour contrer cette menace, le président Cellou Dalein Diallo doit opter pour une ouverture, en tendant la main aux anciens membres du parti, depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Un tel geste de rassemblement doit être un préalable essentiel pour envisager à terme un congrès inclusif dans un climat interne apaisé, garantissant ainsi la solidité de l’UFDG face aux tentatives de division orchestrées par le CNRD.
Pour atteindre cet objectif, le président de l’UFdG pourrait s’inspirer de l’esprit de rassemblement du doyen feu Ba Mamadou, qui, malgré ses divergences profondes avec le régime du feu général Lansana Conté, avait su l’accueillir au sein du parti, favorisant ainsi un esprit de dépassement, de pardon et de vision stratégique. Ce geste avait permis à l’UFDG de se renforcer face aux défis de l’époque, et aujourd’hui, cet esprit de sacrifice et d’unité est plus que jamais nécessaire pour préserver l’intégrité du parti.
Il serait politiquement naïf et sociologiquement réducteur de penser que le problème actuel réside uniquement dans la personne de Cellou Dalein Diallo, souvent présenté par le système comme la « source du mal » de la Guinée. La capacité de Cellou Dalein à hisser l’UFDG au rang de principal parti politique guinéen mobilisant bien au-delà des frontières guinéennes, comme en témoigne la mobilisation récente à New York, fait de lui une cible privilégiée du système en place. Peu importe celle ou celui d’entre nous qui aurait une telle popularité, il serait impitoyablement combattue avec la même vigueur par ce système qui perdure depuis l’indépendance.
Pour l’UFDG, l’heure doit donc être à la cohésion et à la résilience. En surmontant les divisions internes et en adoptant une stratégie de rassemblement inclusif, le parti pourrait non seulement déjouer les pièges de la junte, mais aussi consolider son statut de l’unique vérifiable alternative démocratique en Guinée.
Saliou DIALLO
Membre du Bureau Exécutif De l’UFDG