Le gouvernement du CNRD fait bien de se fâcher contre l’OMVS et déclarer Koukoutamba « utilité publique »
Le 26 février 2019, à l’hôtel Kaloum de Conakry, sous la haute présidence de l’ex président Alpha Condé, le patron de l’OMVS, Hamed Diane Séméga, et Ding Zhenguo, PDG de l’entreprise chinois Sinohydro ont procédé à la signature du contrat commercial pour la réalisation du projet d’aménagement du barrage hydroélectrique de Koukoutamba en Guinée.
En ce temps, les travaux devaient durer 4 ans et coûter un investissement de 812 millions de dollars. Entre-temps, il y a l’épidémie de Covid-19 et, le 5 septembre 2021, le renversement du régime du président guinéen et la prise du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya. Depuis, la Guinée est frappée par une importante crise sociopolitique et ses dirigeants ne semblent pas être pressés à rendre le pouvoir, malgré le fait qu’ils aient proposé à la communauté internationale un chronogramme de 24 mois pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons du CNRD auraient pu réaliser ce pari de rendre le pouvoir aux civils, comme l’avaient fait les tombeurs du général Moussa Traoré au Mali, en mars 1991. Ils auraient surtout épargné à la Guinée des sanctions inutiles du seul fait qu’ils donnent des signes d’un pouvoir qui cherche à durer le plus longtemps possible au pouvoir et d’écarter de la scène politique des leaders comme Cellou Dalein Diallo, que le colonel Doumbouya n’a toujours pas voulu rencontrer et auprès duquel il n’a pas non plus voulu dépêcher un émissaire, comme il l’a fait pour Sidya Touré, président de l’UFR.
Doit-on croire que si l’ex président Alpha Condé n’avait pas été renversé le 05 septembre 2021 la construction du Barrage de Koukoutamba aurait déjà commencé ? Si oui, pourquoi les autorités de l’OMVS, qui ont signé le contrat de réalisation du projet avec l’entreprise chinoise, n’ont pas maintenu le cap ? En quoi la seule prise du pouvoir par l’armée devrait-elle constituer un motif pour freiner le projet ?
Le choix des autorités de la transition de faire du complexe de Koukoutamba une priorité publique guinéenne est à saluer. On sait que si les barrages de Kaléta et Souapiti (des projets indispensables pour l’OMVG et dans une moindre mesure l’OMVS) ont été réalisés par Alpha Condé, c’est qu’il en a fait des priorités. Que le CNRD et son gouvernement décident de faire de même pour le barrage Koukoutamba est à saluer. Reste à savoir si le partenaire chinois va montrer le même intérêt.
La rédaction