Le président Mamadi Doumbouya face à l’histoire

L’organisation d’élections transparentes et inclusives en Guinée revêt une importance capitale pour l’avenir politique du pays. Le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a pris le pouvoir le 5 septembre 2021 en promettant de rétablir l’ordre constitutionnel et de ne pas se présenter aux élections prévues pour tourner la page du coup d’Etat.
Pourtant, des signes récents indiquent une volonté de prolonger la transition, suscitant des inquiétudes quant à une possible confiscation du pouvoir.
Parallèlement, l’opposition guinéenne, notamment le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, exprime des préoccupations concernant la prolongation de la transition militaire. Et pour cause ?
En juin 2024, Diallo a accusé le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) de vouloir s’éterniser au pouvoir en violation de ses engagements pris avec la CEDEAO et la communauté internationale.
Il a également évoqué la possibilité de mettre en place une transition civile si les élections ne sont pas organisées avant le 31 décembre 2024.
Depuis, rien.
Nous sommes en 2025. L’inclusion de figures politiques majeures, telles que Cellou Dalein Diallo, dans le processus électoral est essentielle pour assurer la crédibilité et l’acceptation des résultats par l’ensemble de la population. La preuve par cent est que le président de l’UFDG et Vice-président de l’Internationale Libérale est perçu comme le « champion des urnes ». De 2010 à 2021, il a démontré sa capacité à mobiliser au-delà des clivages ethniques, malgré les falsifications des résultats des urnes par les régimes précédents et les tentatives de marginalisation qui le visent depuis l’intrusion des militaires dans la gestion du pays.
Sa participation active aux futures élections pourrait favoriser la réconciliation nationale et renforcer la confiance des citoyens dans le processus démocratique.

Sous le régime Mamadi Doumbouya, la transformation des forces armées et de sécurité en institutions véritablement républicaines est également cruciale. Historiquement, ces forces ont été perçues comme des instruments au service du pouvoir en place, souvent impliquées dans des violations des droits humains.
Des réformes profondes sont nécessaires pour garantir leur neutralité et leur professionnalisme, assurant ainsi la sécurité de tous les citoyens sans distinction.
Quant à l’administration publique guinéenne, longtemps caractérisée par une domination de l’ethnie du président en exercice, limitant ainsi son efficacité et son impartialité, les observateurs sont unanimes à penser qu’il est impératif de promouvoir une administration véritablement républicaine, reflétant la diversité du pays et servant l’intérêt général.
Cela nécessite des réformes structurelles visant à dépolitiser la fonction publique et à instaurer des critères de mérite et de compétence.
Pour le président Doumbouya, organiser des élections libres, transparentes et inclusives, tout en s’engageant à ne pas se présenter, renforcerait sa légitimité et son image tant au niveau national qu’international. Une telle démarche démontrerait un engagement sincère envers la démocratie et pourrait ouvrir la voie à une transition pacifique du pouvoir.
En respectant ses engagements initiaux de ne pas faire partie de l’après-transition, le président Mamadi Doumbouya pourrait envisager un retour ultérieur à la vie politique avec une crédibilité renforcée, voire une élection légitime basée sur le soutien populaire.
En revanche, toute tentative de prolongation indue de la transition ou d’exclusion de certains acteurs politiques clés pourrait être perçue comme une confiscation du pouvoir, exacerbant les tensions et compromettant la stabilité du pays.
Il est donc dans l’intérêt de la Guinée que le processus électoral soit mené de manière inclusive et transparente, garantissant ainsi une transition démocratique réussie et durable.
Ceci expliquant cela, le président Mamadi Doumbouya a une opportunité historique de marquer positivement l’histoire de la Guinée en honorant ses engagements et en facilitant une transition démocratique exemplaire.
L’inclusion de leaders comme Cellou Dalein Diallo, la réforme des forces de sécurité et de l’administration publique sont des étapes essentielles vers une Guinée unie, démocratique et prospère. Qui dit mieux ?
Par Laye TRAORÉ et Mamadou Alpha BAH
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