Le Sénégal en plein décompte des voix de la présidentielle
Le Sénégal compte les voix de la présidentielle à l’issue du premier tour d’une élection qui tranchera entre la continuité et un changement peut-être radical après trois années d’agitation et de crise politique.
Les résultats publiés bureau par bureau dans les médias et sur les réseaux sociaux donnent l’avantage au candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye devant celui du pouvoir, Amadou Ba, très loin devant les 15 autres concurrents vers 21H00 (locales et GMT), trois heures après la fin du vote.
Des centaines de sympathisants de M. Faye chantaient et dansaient au son du tam-tam au siège de sa campagne à Dakar. Des cortèges de jeunes à moto parcouraient klaxon hurlant les rues de la capitale en scandant « au Palais » présidentiel. L’atmosphère était plus sombre du côté des quelques dizaines de sympathisants de M. Ba au quartier général de celui-ci.
Les radios et les télévisions lisent les résultats complets de chacun des 16.000 bureaux de vote du pays et de l’étranger sans les agglomérer. Des résultats officiels ne devraient pas être connus avant le courant de la semaine.
Une victoire de M. Faye, 43 ans, « candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche », et proche de l’opposant Ousmane Sonko, pourrait annoncer une véritable remise en cause systémique. M. Ba, 62 ans, prolongerait, lui, l’action du sortant Macky Sall, dont il était le Premier ministre il y a encore quelques semaines et qui l’a désigné pour lui succéder.
Tous deux se sont déclarés « confiants » en une victoire dès le premier tour, en allant voter, M. Faye avec ses deux épouses à Ndiaganiao (ouest), M. Ba avec sa femme à Dakar.
Il faut la majorité absolue des suffrages exprimés pour l’emporter au premier tour. Aucune date n’a été fixée pour un second tour.
Les électeurs ont fait la queue par dizaines ou par centaines pendant la journée devant différents bureaux, sans qu’aucune appréciation exacte de la participation (qui était de 66% en 2019) ne soit fournie. Aucun incident notable n’a été rapporté et plusieurs électeurs ont exprimé leur satisfaction de voter, après les troubles provoqués par le report de l’élection.
« On y est finalement arrivé. Alhamdoulila (Dieu soit loué). Ces derniers temps n’ont pas été faciles pour le Sénégal », s’est félicitée Mita Diop. « Mais tout ça est derrière nous », s’est réjouie cette commerçante de 51 ans, devant un bureau de vote à Dakar.
Quelque 7,3 millions d’électeurs étaient appelés à choisir entre 17 concurrents, dont une femme.
Le scrutin est suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l’Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour.
Quelque 7,3 millions d’électeurs étaient appelés à choisir entre 17 concurrents, dont une femme.
Les Sénégalais devaient initialement voter le 25 février – les urnes et les bulletins de dimanche arboraient d’ailleurs toujours cette date.
Le report du vote a déclenché des violences qui ont fait quatre morts. Plusieurs semaines de confusion ont mis à l’épreuve la pratique démocratique du Sénégal, jusqu’à ce que soit arrêtée la date du 24 mars. La campagne a été réduite à deux semaines, tombant en plein mois de jeûne musulman.
Malgré ces atermoiements, les observateurs de l’UE ont constaté que les opérations s’étaient déroulées « dans le calme, dans l’efficacité et (de manière) très ordonnée », a dit la cheffe de la mission, Malin Björk.
C’est la première fois qu’un président sortant ne se présente pas à sa réélection.
« Nouvelles bases »
Amadou Ba se présente en héritier de l’action du président Sall et en rempart contre les « aventuriers » et les « amateurs ». « Nous allons consolider, nous allons approfondir, nous allons accélérer, nous allons améliorer et nous irons plus vite », a-t-il dit en votant avec sa femme à Dakar.