Contre La sansure

« Les messages des chefs religieux deviennent inaudibles lorsque ces derniers se contentent d’appeler les citoyens au respect des gouvernants… »

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Le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu de la RDC est un homme de Dieu qui ne s’occupe pas seulement de religion. Il se fait aussi le porte-parole de ses millions de compatriotes dont il défend la cause face aux différents pouvoirs. Plus généralement, il défend les droits de l’homme et la démocratie dans un pays qui connaît des crises multiformes.

Cardinal Fridolin Ambongo Besungu

C’est une sorte de Robert Sarah des années 90 en Guinée.

L’engagement du prélat congolais prouve qu’il est bien possible d’être et de rester un chef religieux tout en prenant position sur les questions majeures concernant la vie de la Nation.

Pendant la crise politique dont le Sénégal vient si heureusement de se dépêtrer à travers la très brillante élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, des chefs religieux sénégalais se sont faits entendre pour marquer leur désaccord face à ce qui était perçu à juste raison comme des manœuvres du Président Macky Sall tendant à contourner la limitation de la durée du mandat présidentiel. À rappeler que c’était à la fois des leaders religieux chrétiens et musulmans.

Il y a quelques jours la Conférence des Évêques catholiques du Togo publiait un communiqué dans lequel elle demandait au Président Faure Gnassingbé de surseoir à la promulgation de la nouvelle constitution adoptée par les députés et d’engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales. C’est peut-être l’une des raisons qui justifient le renvoi du texte en seconde lecture.

On ne peut qu’être admiratif face à ce genre d’initiatives. Dans nos pays où l’État de droit et la démocratie balbutient encore, quand le pouvoir finit de bâillonner toutes les voix discordantes, il n’y a plus que les chefs religieux et traditionnels qui peuvent et doivent prendre le relais non pas pour mener une lutte dont le but serait la conquête et l’exercice du pouvoir politique – ce qui n’est de leur ressort- mais la dénonciation des dérives des gouvernants. Un combat pour plus d’égalité et de justice sociale.

Une démocratie à « l’africaine », si tant est qu’elle existe vraiment, signifierait peut-être que les chefs religieux et traditionnels doivent avoir le courage de se prononcer lorsque le pays traverse une crise et surtout qu’ils prônent la paix et la quiétude, sans oublier de rappeler aux gouvernants que tout cela a pour socle la justice. Les messages des « légitimités traditionnelles », des chefs religieux deviennent inaudibles lorsque ces derniers se contentent d’appeler les citoyens au respect des gouvernants sans faire allusion aux devoirs de ces derniers vis-à-vis des gouvernés.

Me Mohamed TRAORÉ

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