Contre La sansure

Les témoins de l’histoire : Doumbouya et le Coup d’Etat du 5 septembre, mon regret !

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C’est au petit matin du dimanche 5 septembre 2021, que mon téléphone crépita alors que je me perdais dans un sommeil profond. Au bout du fil, une de mes sources sûres. Il m’interrogea si j’avais des informations sur ce qui se passait à Kaloum. Ma réponse fut NON. En retour, il me communiqua quelques éléments d’informations.

De fil en aiguilles, j’ai glané des informations çà et là jusqu’à la confirmation de la nouvelle faisant état d’une tentative de coup d’Etat en cours contre le Président Alpha Condé, par celui qu’il considérait comme son fils adoptif, en l’occurrence le Colonel Mamadi Doumbouya, à l’époque Commandant du groupement des forces spéciales, une unité d’élite de l’armée créée dans le seul but de lutter contre les menaces terroristes.

A mon tour, j’ai réveillé des collègues de leur sommeil du week-end par des coups de téléphone pour leur mettre la puce à l’oreille.

A l’époque, dans le désespoir face à ce qu’on qualifiait de précarité et de dictature, nous avons été motivés d’une part, à aller vivre les événements de cette journée en tant que professionnels de l’information au service de la population, et d’autre part, dans l’extase pour vivre les événements de cette journée qui semblait sonner la fin du désespoir de notre peuple et le début d’une nouvelle ère d’espoir pour le bien-être des populations.

C’est pour ainsi dire que nous avons aussi été à la mort, sans arme ni protection, mais seulement avec nos caméras et micros. Pour la cause de la République, je ne regrette pas d’avoir fait ce travail de journaliste que beaucoup d’autres n’ont pas osé ce jour. Mais pour les conséquences fâcheuses de ce coup d’Etat que nous vivons actuellement dans le pays, moi et presque l’ensemble des Guinéens, regrettons d’avoir applaudi, d’avoir cru par naïveté en cette action qui se révèle comme la plus désastreuse de notre histoire.

Malheureusement, je veux dire très malheureusement, l’esprit pour lequel les Guinéens dans leur majorité avaient adhéré au Coup d’Etat de cette journée exaltante du 5 septembre 2021, n’était qu’un paravent derrière lequel se cachaient des actions et intentions de haute trahison de la République. Le seul but était de se faire de la place au soleil dans la kleptocratie au service de l’impérialisme Français, qui semble désormais se réjouir de nos malheurs par la complicité de sa représentation diplomatique, et réduire le peuple à sa plus petite expression dans la misère et dans la servitude sans loi ni foi, sans règle ni droit, sans raison ni espoir.

Chaque jour qui passe, l’espoir de vie des Guinéens s’amoindrit. Nos rêves sont devenus des cauchemars et nos célébrations festives ne sont plus que des moments de lamentations à gorges déployées. La souffrance se vit partout dans le pays et la soif de liberté et de démocratie s’exprime à voix basse par peur d’être coffré dans les geôles des nouveaux maîtres.

Pendant ce temps, ils continuent de juguler les institutions de la République, désorganiser notre administration, pressurer le peuple, dilapider nos ressources dans une course sans morale ni retenue à l’enrichissement illicite.

Pourtant, au lendemain de ces événements malheureux du 5 septembre 2021, nous avons assisté à des procès populistes injurieux à l’encontre de l’équipe dirigeante illégalement destituée et rendue responsable de toutes les insuffisances de développement de la nation.

Nombre d’entre eux croupissent illégalement depuis bientôt 2 ans dans les prisons du pays par la force de la justice des vainqueurs en l’absence du droit. Mes pensées vont à l’ancien Premier ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, l’ancien président de l’Assemblée nationale Amadou Damaro Camara et tous les autres. Leur malheur, c’est d’avoir servi la Guinée leur patrie, surtout aux côtés d’Alpha Condé puisque, jusqu’à date, aucun fait avéré de détournement n’a été établi à leur encontre. Alors que des détournements à ciel ouvert sont en train d’être menés par les nouveaux maîtres sous le regard indifférent de la justice ourdie de Charles qui n’opère que dans la revancharde.

Au regard de la situation catastrophique dans laquelle notre pays est plongé sous cette transition oligarque caractérisée par la médiocrité, l’incompétence, le clientélisme, l’injustice, la répression, l’oppression, les violations et restrictions, le copinage, la corruption et l’arrogance, la population Guinéenne dans son ensemble, éprouvent un profond regret et s’interrogent sur les véritables raisons du coup d’Etat du 5 septembre 2021.

Visiblement, chaque Guinéen est en train de vivre son 5 septembre. Dommage!

A chacun de méditer…

Mamoudou Babila KEITA,                                                                            Journaliste

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