« L’idée d’un glissement est inacceptable à plus forte raison l’hypothèse d’un glissement… »
Invité de l’émission ‘Mirador’ de FIM FM, ce lundi 9 octobre, 2023, le président du MoDel, Aliou Bah a dit « Pour être honnête, je suis inquiet pour mon pays, parce que, malgré tous les conseils, tous les signaux d’avertissements, je crois que cette transition est allée dans le sens de ce qu’on n’a pas souhaité. On a même l’impression que ce n’est plus une transition qui est en cours, mais plutôt, l’exercice d’un mandat, mais de façon subtile« .
Selon lui, « on est sorti carrément du vocabulaire de la transition, parce que certains croient que c’est un détail pour qu’on leur garde, pour ne pas appeler Colonel Mamadi Doumbouya, président de la République. Parce que c’est un humain, il ne faudrait pas donner l’opportunité aux gens d’être autosuffisants, de réveiller l’orgueil en l’humain, en lui faisant croire qu’il est ce qu’il ne l’est pas. Il est le chef d’une junte militaire, président d’une transition à la limite, il doit l’entendre tous les matins. Ce n’est pas l’histoire de l’aimer ou pas, ce n’est pas une histoire d’être d’accord ou de pas être d’accord avec lui. Il ne peut pas avoir la prétention d’être ce qu’il n’est pas« .
Poursuivant, Aliou Bah a estimé que « Le jour où il (Colonel Doumbouya, ndlr) veut devenir président de la République, il va se présenter à des élections en tant que civil dans l’avenir, si c’est ce qu’il souhaite. S’il est élu par les guinéens, de façon respectueuse, les institutions font l’investir. Mais, en entendant, toute démagogie allant dans le sens de lui faire porter une casquette dont il n’a pas le mérite, ça serait prétentieux et manqué de respect au peuple de Guinée (…) En janvier 2025 la junte quitte le pouvoir, le pouvoir sera dans les mains d’un président civil, élu. Nous sommes à un an de cela. Qu’est-ce qui a été fait concrètement par rapport au processus électoral. Et il y a des délais qui sont incompressibles qu’on ne peut pas rattraper. Et l’idée d’un glissement est inacceptable à plus forte raison l’hypothèse d’un glissement… »
De l’avis d’un analyste politique, « comme tout le monde convient que Doumbouya veut être candidat, malgré ses engagements, il ne faudrait pas le lui refuser. Mais il faut que les conditions de cette candidature soient claires : changement de tout le système qu’il a mis en place, c’est-à-dire le gouvernement, les gouverneurs de régions, les préfets, les délégations spéciales et chefs de quartiers et de districts. Les remplacer par des patriotes de la société civile diplômés en administration, magistrature, sciences politiques, sociologie, économistes. Tous les militaires, gendarmes, policiers qui ont servi la transition du CNRD devraient quitter leurs corps et travailler pour Doumbouya et le CNRD qui deviendra un parti politique, dans lequel seront aussi les membres du CNT qui le veulent« .
Pour cet analyste, « si le CNRD n’organise pas des élections comme prévu dans l’accord que son gouvernement a signé avec la Cedeao, plutôt que d’accepter un glissement, il faudrait mettre en place un gouvernement de missions pour réécrire la constitution de mai 2010 et les lois organiques et, parallèlement, à la mise à jour du fichier électoral ; puis organiser le referendum qui sera suivi des élections générales, au plus tard en octobre 2025. Il faudrait que ce gouvernement de missions, avec le concours de la Communauté internationale, mette en place une nouvelle CRIEF par laquelle devront passer tous les candidats aux élections, y compris Colonel Doumbouya, Dansa Kourouma, Cellou Dalein Diallo, Lansana Kouyaté, Ousmane Kaba, etc... Par la même voie, aider à mettre en place une commission électorale nationale et ses démembrements au niveau régional, communal, districts et quartiers, dont les membres seront tous issus des rangs de la société civile (avocats, juristes, sociologue, journalistes...).