« L’occident est moins porté aujourd’hui vers la promotion et la défense des libertés… »
Dans l’interview qu’il a accordée hier à France24, Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG et de l’ANAD (alliance politique dont l’UFDG est le fer de lance), a déploré l’attitude des puissances démocratiques en Afrique et plus particulièrement en Guinée.
Il fait remarquer :« On note que l’occident est moins porté aujourd’hui vers la promotion et la défense des libertés que les guerres d’influence et les intérêts économiques nationaux. Pendant longtemps un coup d’Etat était condamné, la coopération économique était réduite à son minimum lorsque qu’elle n’était pas suspendue jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous pensons que même les violations flagrantes des droits de l’homme, on a eu une cinquantaine de jeunes qui ont été abattus à bout portant dans les rues alors que ceux-ci manifestaient, pour certains contre le délestage électrique, d’autres pour exiger le respect des dispositions de la Charte. »
Poursuivant, Cellou Dalein Diallo déplore: « On n’a pas senti de condamnation, d’exigence de justice auxquelles on était habitué il y a quelques années. Donc, on considère que l’occident ménage la junte pour des raisons qu’on n’arrive pas à expliquer. L’occident condamne moins les mauvaises pratiques. On ne sent pas un attachement comme ce fut par le passé, au respect de certaines valeurs qui lui ont été très chères. Aujourd’hui la presse est complètement muselée, on a assisté il y a une semaine au retrait des agréments des principales radios et télévisions du pays par la junte sous prétexte qu’il y a un risque de sécurité nationale, on avait assisté à la coupure d’internet, au retrait de ses radios, des bouquets de diffusion, de force, sous prétexte que l’intégrité du territoire était menacée. »
Il estime que ces mesures du CNRD et de son gouvernement ont un objectif : « faire taire les voix dissonantes qui étaient très critiques pour la gouvernance de la junte et qui dénonçait la corruption et l’enrichissement effréné des dirigeants du pays. La Guinée n’est pas loin d’une dictature, la liberté de presse est malmenée. La corruption est une réalité que tout le monde vit. Les libertés fondamentales ne sont plus respectées… »
Pour un observateur de la scène politique guinéenne, « tout ce que Dalein a dit est vrai. C’est une analyse valable quelques mois après la signature des accords portants sur le chronogramme de 24 mois. Mais aujourd’hui, avec moins de 7 mois pour le terme de ce chronogramme, je m’attendais à ce qu’il (Cellou Dalein Diallo, ndlr) nous dise que lui et le bloc qui s’oppose au glissement annoncé par Bah Oury le nouveau PM vont faire. Il est meilleur de proposer une constitution, la mise en place d’institutions pour gérer le glissement pratiquement inévitable. Si Doumbouya veut être candidat, qu’il quitte la présidence et qu’aucun membre du CNRD ne retourne dans l’armée, qu’ils aient leur parti politique. Bref, proposer des choses qui pourraient être soutenues par le Cedeao et les pays occidentaux... »