Constituée le 22 avril dernier, lors d’une réunion qui s’est tenue au siège de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’Union sacrée, un ensemble de formations politiques et d’organisations de la société civile, parmi lesquelles des partis qui ont pris part au dialogue dit inclusif de fin novembre au 20 décembre 2022, est-elle déjà en hibernation, malgré la déclaration sans équivoque de la direction du RPG a-e-c indiquant qu’il fait partie du groupe fondé pour le retour à l’ordre constitutionnel ?
Il est vrai que les heures qui ont suivi sa constitution des formations politiques de l’ANAD, alliance constituée autour de l’UFDG, ont marqué leur opposition ; il est aussi vrai qu’à l’UFR qui, avec le RG a-e-c et l’UFDG sont du nombre des rares partis à exister réellement sur le paysage politique guinéen, l’idéal de l’Union sacrée est partagée, mais la forme de sa constitution questionne et, au PDG-RDA elle a même entraîné une crise profonde entre démocrates et pro-CNRD… Ce qui est cependant certain, c’est que les rivaux UFDG et RPG a-e-c constituent une force dominante avec laquelle il faut composer.
C’est probablement ce constat que le président du CNT, Dr. Dansa Kourouma en se demandant « à quoi sert honnêtement d’organiser des élections où les mêmes sont les gagnants ? » et en soulignant que lesdites élections « à des couts très élevés et dont les lendemains sont soldés par la dictature et le népotisme ou qui s’achèvent par des coups d’Etat cycliques. » Est-ce dire que le CNRD du Général Mamadi Doumbouya, au lendemain d’élections démocratiques, inclusives serait aux aguets pour renverser le pouvoir issu des urnes ? Les forces armées et paramilitaires guinéennes n’ont-elles pas celles qui ont davantage géré le pays, en assumant l’exercice du pouvoir d’avril 1984 à décembre 2010 ? N’ont-elles pas été le seul soutien des régimes civils (Sékou Touré d’octobre 1958 – avril 1984) et (Alpha Condé décembre 2010 – septembre 2021, dont elles ont favorisé le choix au terme d’élections remportées par Cellou Dalein Diallo en juin 2010 et octobre 2020) ?
Ne pas faire comme les forces vives
De l’avis d’un analyste, « pour faire mieux que les forces vives actuelles, l’Union sacrée doit avoir une meilleure stratégie, qui consistera à interpeller le CNRD et son chef, général Mamadi Doumbouya ; le G5-Guinée dont la Cedeao est membre, surtout la France et les Etats-Unis. Aux uns et aux autres leur dire que le mandat des autorités actuelles CNRD, CNT et leur gouvernement s’achèvera le 31 décembre 2024, donc dans quelques mois. Et leur faire constater que ces autorités n’ont démontré aucune volonté de réaliser leurs engagements contenus dans l’accord Cedeao-Guinée d’octobre 2022. Et elles ont plutôt mis l’accent sur une chasse aux sorcières… la répression, tout ce qu’il y avait de mauvais sus Alpha Condé. »
Pour cet analyste, « l’Union sacrée doit écrire au chef du CNRD et de l’État, avec copie au G5-Guinée pour lui rappeler que la légalité de son pouvoir va expirer le 31 décembre prochain, en insistant sur le fait qu’il a déjà perdu sa légitimité populaire vu les résultats de sa gestion économique (corruption, détournements) la crise politique (tueries) et sociale, notamment le refus de régulariser les enseignants contractuels, préférant recruter de nouveaux soldats et policiers gendarmes. Et aux membres du G5, ainsi qu’à la Russie, la Turquie et la Chine de favoriser le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er janvier 2025, comme l’ont souvent souligné les américains. C’est mieux que dire nous allons manifester. Le monde a d’autres préoccupations en ce moment avec les guerres en Ukraine, au Moyen-Orient… les tensions en Asie impliquant la Chine, le Soudan, la RDC… »
Poursuivant. l’analyste suggère que « l’Union sacrée, en écrivant au général Doumbouya, lui soumette une nouvelle constitution, celle de 2010 améliorée, dont certains des rédacteurs étaient Dr. Dansa Kourouma, Mohamed Ali Thiam, président du comité de rédaction de la constitution promise… Elle doit également faires propositions de sortie de crise comme la mise en place, faute d’élections, d’un gouvernement d’union nationale dont la mission sera d’organiser deux élections. La première pour désigner les conseillers communaux, de districts et de régions au plus tard en avril et l’autre, la présidentielle et les législatives, au plus tard en juin 2025. Le CNT et la HAC devraient être supprimés, mais offrir à leurs membres le droit de se faire élire. Mettre en place consensuellement et à parts égales (Union sacrée d’une part et CNRD et ses alliés de l’autre) un organe de gestion des élections… présidé par une personnalité guinéenne reconnue pour son combat pour la démocratie, la justice, ses compétences intellectuelles… »
L’Union sacrée ne doit pas être une affaire de quelques formations politiques seulement, mais pour son succès, elle ne doit pas non plus chercher à fédérer toute la classe politique et les organisations de la société civile.