Contre La sansure

« M. Kouyaté a tort de croire que le MATD du CNRD sera en mesure d’organiser des élections crédibles et transparentes. »

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Le président du PEDN, Lansana Kouyaté, contrairement aux formations politiques membres des forces vives guinéennes, ne voit pas de problèmes à l’organisation des élections par le MATD (Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation). C’était hier, à l’occasion de l’assemblée générale de son parti.  

Après avoir informé que « l’idée originelle de la CENI, c’est venu du Bénin à ce que je sache... » il a rappelé : « au cours de leur conférence nationale, ils ont dit pour éviter ceci ou cela, on doit mettre en place un CENA (Comité Électoral National Autonome), j’étais là-bas à ce moment-là au nom d’un organisme. Ils ont tiré les leçons, mais là-bas, il y avait vraiment des gens qui étaient très outillés pour ça. En Guinée, on a suivi comme beaucoup de pays africains, sauf le Sénégal. Le Sénégal a créé une commission nationale autonome sans créer une CENI, mais on a laissé le ministère de l’Administration du territoire gérer les élections (…). »

Poursuivant, cet allié du RPG lors de l’élection présidentielle de 2010, devant marquer le retour à l’ordre constitutionnel, soutient que dans « 90% des pays démocratiques du monde n’ont pas de CENI ou de CENA, le ministère de l’Administration du territoire est tenu de le faire. Qu’est-ce qu’on a constaté ici ? La première CENI a failli, la deuxième et la troisième ont failli. Chaque fois qu’on a créé des CENI, les partis ont envoyé leurs représentants là-bas, ces représentants ont basculé de l’autre côté. Il n’y a pas cette décence, très facilement, on lâche le parti et on va là-bas (côté gouvernement, ndlr), c’est ça la réalité. Si nous voulons faire marcher les choses en fonction de la réalité, on doit accepter que le ministère de l’Administration du territoire le fasse sous le contrôle d’un organe qui est déjà prévu, d’ailleurs créé par les partis politiques.»

Pour un observateur, « Lansana Kouyaté dit les raisons pour lesquelles les CENI n’ont pas marché correctement en Guinée. Quand il dit et je le cite : ‘Il n’y a pas cette décence, très facilement, on lâche le parti et on va là-bas‘, c’est qu’il devrait reconnaître que la quasi totalité des personnes désignées par l’opposition a basculé dans le camp présidentiel. Lui même sait comment des hautes personnalités de son parti l’ont laissé tombé pour aller dans la galaxie Alpha Condé. C’est particulièrement le cas de Dr. Djalikatou Diallo. S’il n’y avait pas de représentant du MATD et si les postes de commissaires appartenaient aux partis, ces CENI auraient étaient plus indépendantes. Par ailleurs, il faudrait nommer un magistrat désigné par la corporation comme Président de la CENI, qui aura comme vice-présidents deux avocats proposés par leur ordre. Ces trois personnalités devraient être acceptées par la classe politique. »  

Et un commentateur d’estimer : « M. Kouyaté, cet ancien premier ministre, est indiscutablement le plus  légitime que le pays ait eu de Lansana Béavogui, sous Sékou Touré, à aujourd’hui avec Bernard Goumou, du Colonel Doumbouya, parce que nommé suite à un choix des forces vives nationales, a tort de croire que le MATD du CNRD sera en mesure d’organiser des élections crédibles et transparentes. Sous Alpha Condé, Mme Djenab Touré, était la patronne du département Fichier électoral de la défunte CENI. On sait comment elle contribué à organiser la triche du RPG AEC. Elle a été nommée le 24 juin 2022 Directrice nationale des affaires politiques et administration électorale au MATD (…)c’est certain que le CNRD cherche à faire élire son candidat comme président de la république. Et Lansana Kouyaté, croient certains, est un des favoris du CNRD. Et cela ne va pas marcher. Cette fois-ci, la communauté internationale veille mieux qu’en 2010. »

À l’UFR de l’ex premier ministre Sidya Touré, Tidjane Conté est claire : « l’organisation des élections est une affaire des partis politiques et ça doit être confiée par un organisme indépendant, comme le veulent les textes. Un groupe de personnes ne peut pas venir mettre ces textes dans la poubelle au profit de ce qui leur semble bon. Nous avons fait une année de transition mais jamais une action sur le terrain qui prouve que nous partons vers un retour à l’ordre constitutionnel. Qu’ils comprennent qu’aucun partenaire sérieux ne peut collaborer avec un gouvernement de transition surtout quand les dérives sont palpables. Et ils doivent comprendre qu’on ne peut pas développer le pays avec des millions, mais avec des milliards. Donc qu’ils arrêtent de se vanter à cause de 100 millions obtenus avec l’Arabie Saoudite.»

Dr. Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG, à l’assemblée du parti, a renouvelé l’appel qu’il a lancé en « direction des partis politiques, de la société civile, pour qu’on se retrouve et faire un mémorandum adressé au Colonel Doumbouya, pour parler de la transition. Ce qui avait été arrêté, c’est pour 24 mois. Aujourd’hui, il reste à peu près 12 ou 13 mois. Où en sommes-nous ? Nous n’avons pas de visibilité. Mais, ce qui nous uni est plus fort que ce qui nous divise. J’ai été très heureux. Je voudrais remercier le Premier ministre Lansana Kouyaté, qui a accepté la main tendue ; remercier aussi le président Bah Oury de l’UDRG, qui a accepté à son arrivée, qu’il allait essayer de nous rencontrer. L’objet de la rencontre, c’est pour voir quels sont les points de divergences ? Que doit-on faire ? Parce que quand la transition dure, ce n’est pas au détriment de l’UFDG, ni du PEDN, c’est au détriment de l’ensemble de la classe politique. Nous avons intérêt à nous retrouver.»

Cette rencontre aura-t-elle lieu ? Certains analystes ne le croient pas. Pour l’un d’entre eux, « s’il faut souhaiter la tenue de cette rencontre, il faudrait également se demander si les Kouyaté et autres Dr. Ibrahima Sory du BOC ne font pas un chantage à l’endroit du CNRD, car ils disent vouloir cheminer avec les forces vives tout en ne souhaitant pas couper les ponts avec le CNRD, c’est qu’ils ne sont pas prêts réellement à œuvrer pour la Guinée, les guinéennes et guinéens. »

Khady THIAM                                                                                                 collaboration Brehim Ould MAHMOUD

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