Contre La sansure

M. Le PM Goumou, vous n’êtes plus un gouvernement de transition, mais plutôt de réalisations ?

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Dans un article du correspondant régional d’africaguinee à N’Zérékoré (1), vous auriez dit : « La semaine dernière à Kankan quand j’ai regretté le bradage de la compagnie air Guinée, j’ai reçu pas mal de piques d’abeilles dans la presse. Pourtant, je n’ai évoqué que des faits que nous savons tous. Les faits sont têtus ». Guinafnews.org est un des sites qui ont abordé ce sujet de reconstruction des aérogares, mais ne trouve pas l’opération nécessaire face à d’autres besoins dans les secteurs de l’Éducation et de la Santé qui sont plus urgents.

En date du 20 septembre 2022, un (2) mois jour pour jour après votre nomination au poste de Premier ministre du gouvernement de transition, que vous estimez être un gouvernement de réalisations, l’Agence guinéenne de presse (AGP), rapportant les propos de M. Ibrahima Sory Fofana, professeur de Géographie, qui échangeait avec ses collègues, a écrit : « Quand nous regardons l’état de notre école, on ne peut pas vous rassurer qu’on va commencer les cours dans une bonne condition. Cela fait au moins quatre (4) ans que nous sommes dans cette difficulté. Même le ministre Guillaume Hawing, a vu l’état de l’école« .

Image du Collège Dr. Lansana Beavogui dans la commune de Matoto, à Conakry, publiée par l’AGP.

Est-il plus urgent de reconstruire des aérogares qui ne seront pas desservies alors que de jeunes enfants et adolescents n’ont pas de salles de classes ? Est-il plus urgent de reconstruire des aérogares alors que de nombreuses localités manquent de centres de santé ? Ne vaudrait-t-il pas mieux concentrer les actions de votre gouvernement autour du chronogramme de 24 mois, que vous avez signé avec la Cedeao, et qui pourrait favoriser le financement de nombreux projets socioéconomiques ?

La charrue devant les boeufs

Si nous avons jugé utile de publier l’article précédent celui-ci (le Sénégal lance son programme de réhabilitation des aéroports) c’est pour essayer de vous faire comprendre que vous avez mis la charrue devant les boeufs. Au Sénégal, c’est un gouvernement élu qui, après trois années d’exercice, a élaboré un plan structurant de reconstruction de ses aéroports. Plus encore, le pays avait déjà une compagnie aérienne. Votre projet de reconstruction des aérogares est-il structurant ? N’aurait-il pas été mieux de voir à la réalisation du chronogramme de 24 mois, plutôt qu’à chercher à réaliser des projets qu’un gouvernement élu serait en meilleure position de bâtir ?

Le premier régime, nombre d’analystes qui observent la scène sociopolitique guinéenne conviennent, n’a pas su poser les jalons d’un développement. Certes que les Français sont partis avec tout ce qu’ils pouvaient emporter. Mais les Américains, les Allemands et d’autres puissances occidentales n’ont pas quitté avec eux, et apportaient à la Guinée leurs concours. Russes et Chinois sont venus donner quelles expériences ? Les différentes usines qu’ils ont implantées étaient-elles réellement rentables ? Pourquoi ont-elles cessé de fonctionner avant même la chute du régime dictatorial le 3 avril 1984 ? Pourquoi la Guinée, sous Sékou Touré, au lendemain de la visite à Conakry, en décembre 1978, du président français Valéry Giscard d’Estaing, avait choisi le parapluie français ?

Air Guinée n’était pas viable

Contrairement à ses voisins, la Guinée était un pays fermé. Quand le PM Goumou affirme que « ce n’est pas Dieu qui a tué Air Guinée. Il y a bien des responsabilités humaines », ne devrait-il pas commencer par chercher à savoir si la compagnie était rentable ? Si c’était le cas, pourquoi le FMI a-t-elle exigé sa liquidation, qui a entraîné le bradage des deux (2) Boeings le 707 et le 727 ? Si Air Guinée était rentable, sans doute que le FMI n’aurait pas exigé sa liquidation, avant même que Cellou Dalein Diallo, alors fonctionnaire à la Banque centrale, ne soit Ministre des Transports, tutelle d’Air Guinée.

Colonel Mamadi Doumbouya, ses camarades du CNRD et leur gouvernement que vous dirigez, ont tout à gagner en favorisant une transition démocratique qui, pour l’être devrait être inclusive, pacifique. Aussi, ils auront tout à perdre en ne respectant pas le chronogramme de la transition de 24 mois, car le pays qui est déjà en crise n’aura pas eu les moyens pour redémarrer le pays cela avait été le cas à la fin du régime dictatorial de Sékou Touré en avril 1984. Lorsque les forces spéciales ont renversé le régime d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021, elles auraient pu faire comme l’ex président malien, le Général Amadou Toumany Touré (ATT). Organiser des élections inclusives, libres et pacifiques…

Ibrahima Sory BALDÉ

(1) https://www.africaguinee.com/dr-goumou-persiste-les-faits-sont-tetus-ce-nest-pas-dieu-qui-a-tue-air-guinee/

(2) https://agpguinee.com/matoto-education-le-college-dr-lansana-beavogui-en-etat-de-ruine/

(3) https://afrique.latribune.fr/economie/strategies/2018-12-25/projets-structurants-le-senegal-lance-son-programme-de-rehabilitation-des-aeroports-802166.html

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