Contre La sansure

Mali : des partis et regroupements politiques réclament l’abandon du projet de la nouvelle constitution et l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif de mission

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L’organisation d’un dialogue républicain de haut niveau avec la classe politique et la société civile et l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif, ce sont l’une des propositions faites par le cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel. C’était au cours d’une conférence de presse tenue, le samedi 26 novembre, à Bamako sous l’égide de son président, Dr Modibo Soumaré.

Maliweb.net- « Sortir rapidement le Mali de la crise ». C’est la volonté affichée par le cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, qui regroupe des dizaines de partis et de mouvements politiques. Cette sortie de crise nécessite un changement de cap et de paradigme. Ce qui n’est possible qu’à travers une vision politique clairement assumée et des actions concrètes.

Pour ce faire, le cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel propose l’organisation d’un dialogue républicain de haut niveau avec la classe politique et les autres forces de la société en vue d’une vraie décrispation et d’une vraie réconciliation entre les maliens. « Ce qui permettra de dégager un large consensus autour de la gestion et la conduite de la transition », a expliqué son porte-parole, Amadou Koïta, qui a lu la déclaration.

Le Cadre dans la même veine demande le respect du délai imparti à la transition et l’abandon du projet de nouvelle constitution, l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif de mission. Le regroupement de partis et mouvements politiques demande aussi l’établissement d’une carte électorale sur la base des données sécuritaires, l’audit du fichier électoral, la distinction entre la gestion de la situation sécuritaire du pays qui est permanente et celle de la sécurisation des élections qui est temporelle et qui nécessite une stratégie spécifique.

La nomination d’un autre Premier ministre

Enfin, le Cadre demande la cessation des arrestations extrajudiciaires, des intimidations et des menaces des personnalités politiques et de retour de celles qui ont été contraintes à l’exil, le retour du Mali dans le concert des nations, le respect strict de l’indépendance de la justice et des droits et libertés, la nomination d’un Premier ministre non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays, et ce conformément à la Charte de la Transition et la diminution du train de vie de l’Etat ainsi que des salaires et traitements de l’ensemble des Autorités.

Cette dernière demande n’est pas un fait nouveau. Puisque le Cadre a depuis le mois de juillet réclamé la démission du Premier Dr Choguel K Maïga. « Notre regroupement tient à sa position », a clamé le Dr Modibo Soumaré, président du Cadre, qui s’est beaucoup réjouit du rétablissement du chef du gouvernement.

Cette conférence presse se tient à un moment où les maliens de tout bord commencent à critiquer la gestion de la transition. A noter que les représentants des partis politiques et regroupements politiques comme Espérance Jiguiya Kura, Ensemble pour le Mali, Action Républicaine pour le Progrès (ARP), ASMA, ICAP et bien d’autres ont signé la déclaration.

Abdrahamane SISSOKO/Maliweb.net

In. https://www.maliweb.net/politique/mali-des-partis-et-regroupements-politiques-reclament-labandon-du-projet-de-nouvelle-constitution-et-lorganisation-des-elections-presidentielles-et-legislatives-sous-la-responsabil-3000656.html

 

Déclaration des partis politiques maliens

Conscientes de la gravité de la situation, les forces politiques et sociales du pays ont choisi d’accompagner cette Transition dont elles ont par ailleurs souhaité la réussite mais dans le dialogue et l’inclusion.

Elles regrettent cependant que la conduite des autorités issues du deuxième Coup d’Etat perpétré le 24 mai 2021 a aggravé la situation avec des allures dramatiques pour les populations de plus en plus confrontées à de nombreuses et sérieuses difficultés économiques, sociales et sécuritaires.

C’est dans ce contexte peu reluisant, alors que le pays croulait sous des sanctions économiques et financières provoquées par son entêtement, que le Gouvernement a publié et fait valider un nouveau chronogramme selon lequel la Transition s’achèvera en mars 2024.

Il n’est pas de besoin de s’appesantir sur l’état des lieux qui s’empire de jour en jour, tant la dégradation touche tous les domaines.

Sur le plan sécuritaire :

L’insécurité, tel un cancer, se répand au quotidien et a gagné Bamako et Kati, siège du plus grand camp militaire, pour atteindre finalement tout le territoire national aujourd’hui.
L’impasse est totale, avec des attaques récurrentes, des militaires et des civils tués à longueur de journée, des dizaines d’otages civils et militaires dont les familles ne reçoivent aucune nouvelle.
A cela se greffe l’absence de l’administration sur une grande partie du territoire. Cette situation traduit l’échec et l’incapacité manifeste des Autorités à endiguer l’insécurité.

Sur le plan social :

Le climat social se dégrade de plus en plus et est marqué par des grèves répétitives dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des magistrats, et du commerce etc…..

Le secteur de la santé se caractérise par des difficultés d’accès aux soins par une large majorité de nos concitoyens et les Centres de santé sont soit fermés soit inaccessibles dans certaines zones du pays.

L’on peut sans risque de se tromper dire que le forum social tant attendu a accouché d’une souris quant à son lendemain des préavis des grèves ont été déposés sur la table du Gouvernement.
Que de ressources englouties pour de résultats illusoires.

Sur le plan économique et financier :

La situation économique est délétère et devient de plus en plus dramatique et intenable pour nos concitoyens.
Ainsi, les maliens, en raison du renchérissement incontrôlé des prix, éprouvent d’énormes difficultés à accéder aux denrées alimentaires de première nécessité.
Même la production agricole a été impactée négativement, faute d’engrais qui, même disponibles ont été inaccecibles à cause de leur de leur cherté pour les paysans qui sombrent de plus en plus dans la paupérisation.
Les récoltes sont brulées dans certaines zones de production (Niono, Bandiagara, Bankass…).

S’agissant des finances, la situation devient de plus en plus intenable comme l’a traduit le budget corrigé dans lequel les recettes ont été drastiquement revues à la baisse.

La dette publique qui augmente.

Il ne se comprend pas ni se justifie que dans cette situation très délicate et très critique que les budgets de certaines institutions aient connu une hausse exponentielle.
Dans ce cadre, comment ne pas évoquer le cas de la Présidence de la Transition dans la loi de finance rectificative de 2022 avec une augmentation de 5 milliards sur le budget initial.

Sur le plan politique et institutionnel ;

Le consensus est aujourd’hui la chose la moins partagée à un moment où les maliens ont besoin de plus d’unité et de cohésion.
Le chronogramme électoral publié ainsi que les réformes politiques et institutionnelles ne font pas l’unanimité, car non soutenus par une démarche inclusive et participative.
Aussi, il y a un certain conflit entre la volonté des autorités de la Transition de changer la Constitution et celle de respecter les chronogrammes électoraux proposés aux maliens et à la Communauté Internationale. En effet, la nouvelle Constitution dont l’avant-projet divise déjà les maliens provoquera une modification de certaines dispositions de la Loi électorale. Ce qui nécessitera éventuellement un réaménagement des chronogrammes, avec pour conséquence une autre prolongation de la transition.
En outre, les bases juridiques de l’élaboration d’une nouvelle Constitution en lieu et place de celle de 1992 que le Président de la Transition a juré de respecter et à laquelle est adossée la Charte de la transition, seule source de légitimité du pouvoir actuel ne sont pas remplies.

Sur le plan de la Gouvernance et des libertés :

La lutte contre la corruption et l’impunité semble s’être arrêtée. En effet, chaque jour qui passe, il est fait cas de nouveaux dossiers sans qu’une enquête ne soit ouverte. Comme par exemple les dossiers de l’attribution des logements sociaux, de l’attribution des marchés des engrais, de l’attribution des marchés de construction des Commissariats et de l’Académie de police, des recrutements dans l’enseignement supérieur, à la Police, à la CANAM …
Le népotisme a toujours cours comme en témoignent les nominations ainsi que les protestations et les contestations auxquelles il a été donné d’assister à la suite des recrutements ci-dessus évoqués.

Les libertés démocratiques chèrement acquises sont bafouées à travers des arrestations arbitraires et extrajudiciaires de personnalités politiques et administratives, des intimidations, des violations graves de la Loi. Même la presse n’est pas épargnée comme en témoigne la fermeture injustifiée de Joliba TV News pour de fallacieux motifs.

Sur le plan diplomatique :

Le Mali, pays enclavé, n’a jamais vécu un tel isolement sur la scène internationale.
Le désengagement de certains partenaires techniques et financiers et la suspension de leurs appuis ont eu de graves conséquences sur l’économie de notre pays, et ce dernier n’entretient outre plus de bonnes relations avec la plupart de ses voisins.
Par ailleurs, la diplomatie actuelle, menée dans un populisme d’un autre temps ouvre à chaque occasion de nouveaux fronts de crises comme en témoignent l’affaire des soldats ivoiriens, le discours du Premier ministre par Intérim devant l’Assemblée générale des Nations Unies.
Enfin, plusieurs de nos partenaires ont annoncé leur retrait de la MINUSMA, et d’autres s’apprêtent à leur emboiter le pas.
Face à ce sombre tableau qui, à l’évidence, ne réjouit et ne satisfait aucun malien, notre pays a plus que jamais besoin de plus d’unité, de cohésion, d’inclusivité, de concertation, de dialogue, de rassemblement et de consensus.
Aussi, les partis et regroupements politiques membres du cadre pour le retour à l’ordre constitutionnel, soucieux du devenir de la Nation malienne ;
soucieux de la sauvegarde de la stabilité du pays, gage d’un retour rapide à une vie constitutionnelle et d’une normalisation de nos relations avec la communauté internationale ;
conscients de leur rôle et de leur responsabilité dans la défense des acquis de la démocratie ;
mesurant le degré de détérioration de la situation sécuritaire et des menaces qui pèsent sur l’unité et la souveraineté du pays ;
considérant la dégradation du climat social et ses conséquences socio-économiques ;
considérant l’isolement diplomatique dans lequel se plonge de plus en plus le pays ;
réaffirmant leur engagement pour le retour à l’ordre constitutionnel ;
Après avoir félicité vivement le Peuple malien pour sa résilience, apporté leur soutien aux forces armées et de sécurité et aux syndicats et affirmé leur solidarité avec les employés des Organisations Non Gouvernementales (ONG) destinés au chômage à la suite de la décision du Gouvernement et avec les populations bénéficiaires des interventions de ces dernières ;

PROPOSENT :
Un dialogue républicain de haut niveau avec la classe politique ainsi que les autres forces de la société en vue d’une vraie décrispation et d’une vraie réconciliation entre les maliens. Ce qui permettra de dégager un large consensus autour de la gestion et la conduite de la transition.

DEMANDENT :
Le respect du délai imparti à la transition ;
L’abandon du projet de nouvelle constitution, l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif de mission ;
L’établissement d’une carte électorale sur la base des données sécuritaires ;
L’audit du fichier électoral ;
La distinction entre la gestion de la situation sécuritaire du pays qui est permanente et celle de la sécurisation des élections qui est temporelle et qui nécessite une stratégie spécifique ;
La cessation des arrestations extrajudiciaires, des intimidations et des menaces des personnalités politiques et de retour de celles qui ont été contraintes à l’exil ;
Le retour du Mali dans le concert des nations ;
le respect strict de l’indépendance de la justice et des droits et libertés ;
L’application concertée entre les parties de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali ;
La nomination d’un Premier ministre non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays, et ce conformément à la Charte de la Transition;
La diminution du train de vie de l’Etat ainsi que des salaires et traitements de l’ensemble des Autorités ;
L’audit de tous les marchés passés ;
L’ouverture d’enquêtes dans les dossiers de l’attribution des logements sociaux, de l’attribution des marchés des engrais, de l’attribution des marchés de construction des Commissariats et de l’Académie de police, des recrutements dans l’enseignements supérieurs, à la Police, à la CANAM …

INVITENT
les différents acteurs sociopolitiques à la formulation de propositions de sortie de crise,
les autorités de la transition à s’inscrire dans le respect des engagements pris vis-à-vis du Peuple malien et de la communauté internationale, à maintenir l’esprit de dialogue entre l’ensemble des filles et fils du Mali et à privilégier les actions prioritaires exprimées dans le chronogramme électoral.

EN APPELLENT A L’ENSEMBLE DES FORCES POLITIQUES ET SOCIALES.

Enfin, les partis et regroupements politiques membres du cadre, tout en réaffirmant avec force leur attachement à la Constitution de 1992, affirment leur ouverture au dialogue et à la concertation sur toutes les questions dont la résolution est susceptible d’éviter le chaos à notre chère patrie, mais préviennent qu’ils n’accepteront aucun agissement visant à semer le trouble dans le dessein de déstabiliser le Mali au profit d’intérêts particuliers inavoués.

Bamako le 26 Novembre 2022

ONT SIGNÉ :
Les Présidents des Partis et Regroupements Politiques : EPM, Espérance Nouvelle-Jigiya Kura, ARP, NVPM, ASMA-CFP, ICAP, ADRP, CNDR, CVCRT.

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