Manifestations de rue : pourquoi un changement de stratégie s’impose aux forces vives…
Face au CNRD qui se montre prêt à tout pour dérouler son programme de refondation dont elle ne cesse de vanter les mérites, un changement de stratégie s’impose aux opposants à la conduite de la transition. Mais ce changement, n’est pas que stratégique il faut le souligner, il est aussi et surtout mental.
Comme l’a dit Albert Einstein: “c’est impossible de faire la même chose et attendre à des résultats différents”. Cette citation doit inspirer tous ceux qui luttent pour des valeurs démocratiques à l’image de ceux qui ne partagent pas la façon dont le pays est géré actuellement.
Ironie de l’histoire, comme en 2009, les acteurs sociopolitiques du pays ont, il y a quelques semaines, décidé de faire bloc face à la junte au pouvoir en Guinée.
Entre gestion unilatérale de la transition, le manque de dialogue et les nombreux cas de violation des droits de l’homme qui se traduisent par les poursuites judiciaires sans respect des procédures et la détention prolongée sans procès des leaders d’opinions, et les tueries sur l’Axe, les dirigeants des forces vives de Guinée ne comptent pas se laisser marcher dessus.
Pour exprimer leur désapprobation face à cette réalité, ces acteurs font recours à la rue.
Comme si nous sommes encore en 2012-2013 ou en 2019-2020, le pays est en proie à des manifestations violentes avec à la clé des morts et des blessés.
Colonel Mamadi Doumbouya, lui seul, a déjà sur son dos plus de 20 Guinéens tués entre 2021 et 2023 tous dans la Commune de Ratoma bastion de la contestation politique depuis plus de 10 ans.
Pourquoi c’est seulement sur l’Axe que des morts assimilés parfois à des “assassinats ciblés” sont enregistrés ?
Pourquoi c’est cette zone qui continue d’être victime de tous les régimes ?
Comment mettre fin à la stigmatisation des citoyens de Ratoma ?
Pour apporter des réponses à ces questions, certains observateurs appellent les organisateurs des manifestations à observer une trêve.
” Les forces vives doivent changer leur stratégie. C’est seulement à Ratoma, ici, que les gens sortent et à chaque manifestation on enregistre des cas de morts”, regrette une mère de famille qui a reçu une bombe lacrymogène, le 18 mai, dernier à son domicile.
A cela s’ajoute la satisfaction des deux préalables sur sept posés par les acteurs des forces vives avant le début de toute négociation.
“Si à la veille de la manifestation, la justice a levé le contrôle judiciaire contre certains acteurs politiques et avant ça, les Foniké Mengué ont été libérés c’est que les Forces vives doivent quitter la rue pour rejoindre la table de dialogue”, estime un citoyen.
Pourtant le constat révèle qu’il y a un aspect dont on ne parle pas assez, c’est le fait que certains endroits non concernés par les manifestations sont touchés par la répression.
Si même lorsque les manifestations se déroulent sur l’autoroute, il y a des répercussions sur l’axe, vaut mieux d’autoriser et encadrer ces manifestations que de s’inscrire dans un rapport de force qui ne profite ni aux dirigeants encore moins aux opposants.
Lorsque l’armée se mêle dans le maintien de l’ordre comme c’est le cas actuellement, cela renvoie une mauvaise image du pays à l’international. Et c’est la transition qui prend un coup à moins qu’on soit dans une transition qui a « coupé le cordon ombilical » avec la communauté internationale.
Face aux militaires, les gens ne vont plus sortir et le pays va fonctionner au rythme d’une journée ville morte imposée par la réquisition de l’armée. Comme pour dire qu’au lieu d’appeler les citoyens à affronter les bérets rouges dans les rues de la capitale, il faut plutôt les inviter à rester à la maison.
Quand l’économie s’arrête même pour 30 minutes, l’État perd en image, en argent et perd sa crédibilité vis-à-vis des investisseurs étrangers. Et cela est mauvais pour une transition qui a promis de ne pas répéter les erreurs du passé.
Organiser des journées villes mortes hebdomadaires est un moyen de pression efficace, et ça préserve les âmes.
In. https://www.guinee360.com/25/05/2023/manifestations-de-rue-pourquoi-un-changement-de-strategie-simpose-aux-forces-vives/