Mohamed Cissé : ‘’le 05 septembre n’avait pas sa raison d’être, ce sont des rebelles qui ont pris des armes pour s’attaquer à une République’’
À quelques mois de la fin de la transition, selon l’accord établi entre le CNRD et la CEDEAO, des inquiétudes grandissent au sein de la société civile et du milieu politique. Malgré les engagements pris, il est visible qu’aucune initiative concrète en vue d’un éventuel retour à l’ordre constitutionnel n’est perceptible sur le terrain. Cette observation émane de divers acteurs socio-politiques du pays.
Mohamed Cissé, président du Parti de la nouvelle Guinée remet en question la sincérité des autorités militaires dans la mise en œuvre de leurs promesses et souligne que le discours du 05 septembre a créé une fausse impression, selon laquelle, la justice était aux ordres de l’exécutif.
‘’Le discours du 05 septembre nous a fait croire que la justice est aux ordres de l’exécutif, ça été l’un des motifs même du coup d’État. Sauf qu’au temps d’Alpha Condé, la justice n’était pas téléguidée comme elle l’est aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai le regret de dire que le 05 septembre n’avait pas sa raison d’être. Le colonel Mamadi Doumbouya nous a dit qu’il n’y aurait plus de morts pour quelque raison que ce soit, sauf qu’en deux ans, on peut compter le nombre de morts causés par le CNRD. Et au temps d’Alpha Condé, je pense qu’il y a eu des cas de morts pour des raisons politiques, mais le cortège présidentiel n’a jamais fait de victimes. Aujourd’hui, le cortège présidentiel du CNRD compte combien de morts ?’’, s’interroge-t-il.
Par ailleurs, Mohamed Cissé n’a pas manqué de s’exprimer sur le musellement des leaders politiques et de la presse. ‘’Quand vous prenez les politiques dans un pays, ils ont aussi leur responsabilité. La responsabilité d’un politique, c’est de surveiller l’action gouvernementale d’un pays et d’apporter des critiques. Aujourd’hui, quand un politique porte un regard critique sur l’action gouvernementale, il est persécuté. Aujourd’hui, nous avons des politiques qui sont trainés devant la justice, d’autres qui sont en dehors du pays et ne peuvent même pas rentrer. Alpha Condé n’a quand même pas poussé un leader politique vers l’exil, même les journalistes ne sont pas épargnés par le CNRD’’, a-t-il déclaré chez nos confrères de Djoma médias.
En ce qui concerne le recrutement à la fonction publique, Mohamed Cissé estime que la situation exceptionnelle depuis 05 septembre 2021, a dissuadé les vrais investisseurs en raison de l’indépendance compromise de la justice.
‘’Je pense que dans tous les pays qui se respectent au monde, l’État n’emploie pas. L’État est un employeur de grande masse en réalité. L’État a besoin de mettre des conditions en place pour que les sociétés s’installent, ce sont ces sociétés-là qui peuvent recruter de façon massive. Mais depuis le 05 septembre 2021, nous sommes dans une situation exceptionnelle, les vrais investisseurs ne peuvent pas venir. Ils viennent, mais ils ne peuvent pas s’installer, parce que la justice est malmenée partout. Ils ne peuvent pas, parce que la justice est aux ordres de l’exécutif, et quand c’est comme ça, les investisseurs ne sont pas sûrs de conserver et de garantir leurs biens. Donc, ils ne peuvent pas s’aventurer à investir. Aujourd’hui, nous avons besoin de retourner à l’ordre constitutionnel’’, a-t-il martelé.
Enfin, pour clore son intervention, il rappelle avoir condamné le coup d’État dès le début, qualifiant les auteurs de rebelles. ‘’Quand le CNRD était en place, j’étais l’un des rares leaders politiques à condamner le coup d’État. J’ai eu une conversation avec l’un des grands leaders de la place ce jour-là. J’avais dit qu’aujourd’hui nous avons en face de nous des rebelles, car ce sont des gens qui ont pris des armes pour s’attaquer à la République. Il fallait nous imposer, mais je n’ai pas été compris, et voilà aujourd’hui les conséquences’’, a-t-il conclu.
Gnama KABA
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