Ce matin, vous étiez au lancement des travaux du symposium sur le constitutionnalisme. Une affaire qui aurait pu être organisée dès après la mise en place du CNT, qui vient de fêter son premier anniversaire. Le problème du pays mon colonel, ce n’est pas tant le contenu de la Constitution et des lois organiques… c’est plutôt le manque de culture républicaine des magistrats, des forces de défense et de sécurité.
Ne perdons pas de temps à l’écriture d’une nouvelle constitution, surtout que Dr. Dansa Kourouma, le président du CNT, était un des principaux acteurs lors de la rédaction de cette celle de 2010, que des magistrats ont permit à l’ex président Alpha Condé de violer, avec le concours des forces militaires et paramilitaires. La Guinée ne serait pas dans cette crise si ces magistrats avaient fait comprendre au président l’impossibilité de changer la constitution ; elle n’aurait pas été dans cette crise si plutôt que d’appuyer un dictateur, dans ses manœuvres pour violer la constitution, les forces militaires et paramilitaires s’étaient rangées du côté du peuple majoritairement mobilisé derrière le FNDC pour empêcher le coup d’État constitutionnel du 22 mars 2020.
Vous avez déclaré ce matin que : « Vous savez très bien qu’une Constitution mal ficelée, nous amène à reprendre et nous ne voulons plus reprendre la transition parce que nous savons très bien que nos pays ont besoin de la quiétude, pas que de la période transitoire en permanence. Je voudrais qu’on puisse réfléchir à mettre en place, une Constitution forte, adaptée à nos besoins. Comme nous l’avons dit le 5 septembre, il est important que les Guinéens puissent récrire leur constitution, qu’elle ne soit pas écrite par une personne faite sur mesure et surtout qu’elle ne soit pas faite sur mesure pour un parti politique ou une personne politique« .
La constitution de 2010 était bonne mon Colonel. Ce qu’il nous nous faut, c’est de la renforcer pour qu’elle devienne inviolable. Qu’elle favorise la décentralisation effective des pouvoirs et centres de décisions. Qu’elle prévoit des mécanismes qui permettront à chacune des régions d’être présentes au niveau du pouvoir central. Qu’il y ait un vice-président de la République qui soit originaire d’une région autre que celle du président de la République et de son ethnie. Que le président de l’Assemblée nationale et le premier ministre soient originaires d’autres régions et appartiennent à d’autres ethnies. Qu’il ne soit plus possible que les originaires d’une région et d’une ethnie soient majoritaires dans les centres de décision du pays.
Vous avez indiqué que : « le CNT et tous ceux qui sont présents pour cela, travailleront dans le sérieux parce que nous n’allons pas écrire une Constitution pour 110 ans. Nous allons faire une Constitution qui résistera au temps et pourra être utile à nos enfants. Ça ne sera pas une Constitution qui sera faite sur mesure parce que nous-mêmes ne ferons pas partie (…) nous avons dit dès le début que nous allons organiser bien sûr la transition, mais qu’on ne fera pas partie de l’après transition. Pour nous, ça c’est clair et ça doit l’être. C’est pourquoi à l’occasion de ce symposium, nous demandons que le mot ou les questions Constitution puissent être mises à plat, réfléchies. Le CNT récrira bien sûr la Constitution mais c’est le peuple de Guinée dans son entièreté qui l’adoptera. Cela est clair pour nous et depuis le début, nous sommes là-dessus« .
Rectifier la trajectoire de la transition
Aujourd’hui, ce qu’il faut pour remettre le pays sur la bonne voie, c’est que vous apportiez des correctifs dans la gestion qui permettront de rectifier la trajectoire de la transition. La Cedeao a constaté que l’accord signé le 21 octobre entre elle et votre gouvernement n’est correctement suivi. Elle a invité votre gouvernement à apporter des changements. N’écoutez pas vos proches et autres dirigeants de partis politiques marginaux, comme vous le savez très bien, qui ont participé au cadre de dialogue tenu du 24 novembre au 20 décembre 2022, pour affronter la Cedeao et le reste de la communauté internationale, sans laquelle aucun pays ne peut se développer.
En moins deux mois, il est possible de toiletter la constitution de 2010, écrite avec le concours de la communauté internationale par des guinéens au nombre desquels il y avait des spécialistes constitutionnels. Et comme nous l’avons souvent écrit à guinafnews.org, favorisez la mise en place des conseils communaux, régionaux et de quartiers comprenant des représentants des deux principaux groupes qui animent actuellement la vie sociopolitique du pays.
Ces conseils devraient être composés à parts égales entre ces deux groupes. D’une part celui du CNRD et des partis politiques et forces sociales qui ont prit part au Cadre du dialogue et d’autre part celui des forces politiques et sociales qui exigent une rectification, en rappelant que c’est elles qui ont demandé ce dialogue.