Contre La sansure

Mon Colonel, soyez simplement pro-guinéen

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A la tribune des Nations-Unies, dans le cadre de la 78 ème session de l’Assemblée générale de l’organisation, vous avez souligné : « Nous ne sommes ni pro ni antis américains, ni pro ni anti français, ni pro ni russe, ni pro ni anti chinois…nous sommes pro africain. C’est tout. Nous mettre sous la coupe de telle ou telle puissance est une insulte, du mépris, du racisme…vis-à-vis de l’Afrique« .

L’Afrique, comme vous le savez, est plurielle, vaste et très diverse culturellement. C’est vrai que géographiquement, elle est un ensemble que la quasi totalité de ses dirigeants politiques des premières années de l’indépendance, comme le ghanéen Kwamé Nkrumah, 1er président du pays, ont voulu transformer en état uni. Ce projet est toujours en cours, depuis le 25 mai 1963, lorsque ces dirigeants, dont le guinéen Sékou Touré, idole de votre équipe, ont convenu de créer l’organisation de l’Union africaine.

Mais ce Sékou Touré a-t-il contribué à ce projet d’unification de l’Afrique ? On peut en douter, car il n’a entretenu des relations normales avec ses voisins, notamment la Côte d’Ivoire et le Sénégal, qu’en 1977, après avoir fait massacrer l’essentiel des cadres civils et militaires et promu des militants de son Parti-Etat, le PDG. Les problèmes de la Guinée ont commencé avec le pouvoir de Sékou Touré. Et pour les résoudre, Colonel Mamadi Doumbouya, vous devez être simplement pro-guinéen, tout en n’oubliant pas que notre pays appartient à un ensemble géopolitique qui s’appelle CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Ce sont nos voisins où vivent des millions qui contribuent beaucoup à l’équilibre socio-économique du pays aux commandes duquel vous êtes installé depuis le 05 septembre 2021.

Pour être pro-guinéen, vous devez, comme vous l’avez promis le jour de votre prise du pouvoir, aimer la Guinée, respecter les doits des Guinéens, à commencer par ceux du président Alpha Condé que vous avez destitué le 05 septembre 2021, en passant par ceux de ses collaborateurs qui croupissent en prison, ceux des leaders exilés comme Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré. Vous devez également lever les interdictions de manifester pour que cessent les tueries sur l’Axe Hamdallaye-Kagbélin. Vous devez faire un audit de la gestion de votre équipe, car les informations sur les différents scandales, causés par les contrats miniers et les marché gré-à-gré sont préoccupantes.

Autant la quasi totalité des guinéens, de toutes les ethnies, avaient opté pour l’indépendance du pays le 28 septembre 1958, autant aujourd’hui encore leurs enfants et petits-enfants souhaitent avoir l’occasion de se choisir librement leurs dirigeants. La démocratie dans les pays francophones d’Afrique, contrairement à ce que vous croyez ou ce que l’on voudrait vous faire croire, n’a pas commencé au lendemain du Sommet France Afrique, le 20 juin 1990, qui s’est déroulé dans la commune française de La Baule-Escoublac. Avant l’indépendance, les africains votaient et les résultats étaient respectés.

À La Baule-Escoublac, la France n’étant plus en mesure de faire face aux demandes des potentats africains (37 pays étaient au rendez-vous), a préféré faire la perestroïka « la reconstruction », nom donné aux réformes économiques et sociales menées par le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev en Union soviétique d’ avril 1985 à décembre 1991. Le président François Mitterrand avait simplement, mais adroitement, demandé à ses homologues africains de mieux gérer leurs pays, accepter d’autres voix, d’autres idées, d’autres choix, d’être à l’écoute de leurs populations.

Si l’Armée guinéenne était républicaine…

En Guinée, nous ne cesserons de dire que si les forces militaires et paramilitaires étaient républicaines, plutôt qu’une milice au service du pouvoir, Sékou Touré n’auraient pas fait du pays un goulag où le pouvoir a tué des intellectuels civils et militaires, des gens d’affaires. Si cette armée n’avait pas, en collaboration avec des cadres véreux, Lansana Conté aurait perdu l’élection présidentielle de décembre 1993 (Alpha Condé aurait été probablement élu) et n’aurait pas commis son coup d’État constitutionnel de 2002.

Si cette même armée était républicaine, Moussa Dadis Camara n’aurait pas fait son coup d’État en décembre 2008 et son successeur, Sékouba Konaté aurait remis le pouvoir à Cellou Dalein Diallo. Si l’Armée guinéenne était républicaine, Alpha Condé n’aurait pas fait son coup d’État constitutionnel de mars 2020. Et quelques mois plus tard, le 18 octobre, il n’aurait pas commis un hold-up à l’élection présidentielle, avec l’appui des forces spéciales du Colonel Mamady Doumbouya.

La rédaction

 

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